samedi 26 septembre 2009

Hymnes.


Cet été, lors de la visite des novillos aux corales des arènes de Parentis en Born, la veille de la première novillada du cycle, une discussion très intéressante fût engagée avec un ami aficionado de verdad que j’avais grand plaisir à retrouver. Notre échange se fît non seulement sur les bichos présents, mais surtout sur l’aspect philosophique et sociétal de la tauromachie.

Nous étions tout deux d’accord sur le fait qu’étant donné l’évolution du débat sur la corrida, cette dernière ne peut être principalement défendue que sur un plan philosophique, et que même si « la philosophie est une pierre insoluble dans le jardin des cons » comme l’a dit récemment Raphaël Enthoven sur les ondes de France-Culture, c’est sous cet angle la qu’il faut aborder le sujet. De plus, traiter philosophiquement de la corrida, c’est aussi se positionner sur le même terrain que les contempteurs taurins, qui de par leur anthropomorphisme et anti-spécisme revendicatif, veulent interroger la société sur ce plan. Nous sommes donc à armes égales, et ainsi nous ne leur laissons pas le champ libre dans la propagation de leurs inepties à notre encontre.

Mais aborder la tauromachie sous son aspect philosophique, symbolique, rituélique, ne doit pas aussi occulter l’orientation sociétale qu’elle prend depuis quelques années, et ceci renforcé par la crainte plus ou moins forte, de la voir à terme disparaître. Bien entendu, la corrida a toujours évolué avec la société, elle est à son image avec ces différentes composantes que l’on retrouve dans toutes les sphères de notre quotidien. Avec un public se rendant aux arènes sans être particulièrement aficionado a los toros, un public de véritables passionnés, mais aussi des décideurs taurins voulant faire croire que c’est le public qui demande tel type de tauromachie, alors que ce sont eux qui proposent une seule dominante dans les genres de corridas présentées.

Sans vouloir entrer dans un débat politique qui n’aurait pas sa place ici, s’intéresser à la tauromachie et à tout ce qui l’entoure, des arts à l’histoire, ne peut effacer ses propres prédispositions sociétales. Et être intéressé par la corrida de toros ainsi que par des mouvements intellectuels qui partagent certains idéaux tel que la laïcité, ne peut atténuer ses sensibilités en quelques occasions.

Pour un Républicain Laïque, ancien militant de terrain mais toujours viscéralement attaché à ces valeurs, il est parfois inconfortable d’entendre de fortes revendications régionales en étant sur les tendidos. Entendons nous bien, ceux ou celles qui me connaissent et avec qui nous avons eu l’occasion d’échanger sur ce sujet peuvent en témoigner, il n’est pas question de prôner un anti-régionalisme, je suis attaché à la région qui m’a vu naître, et encore plus étant en exil. Mais tout en étant éloigné des terres familiales, l’on rencontre aussi des personnes attachées à leur terre différente de la notre. Et l’on s’aperçoit que si l’on allait vers ce que désirent certains mouvements régionaux, l’on aurait plus qu’à rebrousser chemin, ou bien à gommer sa particularité pour entrer dans le moule régional formaté, à savoir notamment parler la langue ne serait-ce pour pouvoir comprendre un contrat de travail que d’aucuns voudraient bilingues, en attendant qu’il ne soit rédigé la seule langue de la région. Sujet sensible que les langues régionales, mais dont il ne faut pas oublier que ces dernières sont le résultat de l’uniformisation d’une multitude de dialectes locaux, réalisée par des intellectuels régionaux ayant décidés pour les autres. Ce qui a été reproché, et parfois à juste titre, à la République, a été pratiqué par ceux qui la conspuaient.

Entendre des hymnes ou autres chants régionaux sur les tendidos, ne poseraient pas de problèmes pour quelques uns d’entre nous plus nombreux qu’on ne le croit, si toutefois il y avait une égalité parfaite dans leurs applications. Non pas à propos de la querelle annuelle entre le Coupo Santo et le Se Canto, comme cela s’entend à Béziers, mais une égalité comme on la constate lors de rencontres sportives notamment. A savoir que l’hymne des chaque pays est joué, par soucis d’égalité. Si un jour cela ne se faisait pas, l’on frôlerait l’incident diplomatique. Même si la corrida de toros est originaire du pays de Cervantes, nous sommes à ce jour des citoyens de la République française. Aussi pourquoi ne pas jouer La Marseillaise avant ou après, peu importe, l’hymne régional ? Ce qui frôlerait l’incident diplomatique dans n’importe quel contexte, ne choque pas grand monde sur les tendidos.

Il est évident que derrière l’attachement à ces hymnes régionaux, locaux, l’on rencontre de multiples revendications. Allant des revendications fortement régionales, jusqu’au simple fait de vibrer pour la beauté du chant repris en cœurs dans l’enceinte sacrée de notre passion. Mais afin de pouvoir laisser à tout un chacun la libre expression de ses sensibilités à l’écoute d’un hymne régional, il faudrait penser à le positionner sur un plan égalitaire. Ce serait appliquer le principe de Laïcité, garant du vivre ensemble, et qui n’est pas exclusivement à connotations religieuses, comme ce m’éprennent trop souvent ceux et celles qui n’en connaissent pas bien au moins le sens.

Une interrogation se fait tout de même grandissante, à mesure que de tels chants sont repris dans quelques arènes. Quel sens ont-ils au regard, plutôt à l’écoute, de la majorité du public ? Il y a ceux pour qui il s’agit d’un attachement à la région, c’est entendu, respectable et très clairs. Mais il y a aussi, et il est à craindre que ce soit pour une large majorité, une forme d’action contre les attaques des anti-taurins, voulant ainsi marquer une empreinte locale à notre passion. S’associant ainsi à un idéal qu’ils méconnaissent voire ne partagent pas par ailleurs, ils veulent faire front commun, adhérant de la sorte au principe de la démocratie pacifique qui s’instaure de plus en plus chaque jours. Espérons que la démarche est sincère, et que derrière ces chants, au demeurant très beaux, il n’y est pas une orchestration, afin d’orienter une partie majoritaire d’un public, comme le fait de vendre un accoutrement uniforme*, et ainsi de fausser le sujet. Fausser le sujet, en détournant les spectateurs et les aficionados vers un attachement à des traditions régionales, mises en avant comme étant les seules garantes de la pérennité taurine. Alors que l’on sait que la tauromachie perdurera par un seul et unique chemin, celui de perpétuer le toro bravo, mais là, les militants pour l’Intégrité totale et sans concessions de la corrida de toros, se retrouvent bien peu nombreux.

* Voir à ce sujet l’excellent article de Xavier Klein à la page http://bregaorthez.blogspot.com/search/label/UNIFORME

mardi 8 septembre 2009

Lumières (2).


Il y a quelques jours lors d’un précédent texte qui se voulait aborder le sens de la déambulation des acteurs taurins, ceci parallèlement à celui d’acteurs philosophiques comme les francs-maçons, il a été mis en avant que la marche dextrogyre symbolisait un cheminement sur le plan de la lumière. Ceci étant abordé entre la lumière-symbole et la lumière métaphore, frontière assez floue, indécise, sur laquelle ce sujet est souvent évoqué.

La lumière et sa mise en relation avec l’obscurité, représentent les valeurs d’une évolution, et par cela celle de l’homme intéressé par une recherche dans un mouvement philosophique ou bien aficionado, et qui déroule sa propre marche vers le moment ultime. Ce moment redouté par tous, obsédant au point que certains veulent effacer tout ce qui peut nous y faire songer, comme vouloir interdire la tauromachie, ou bien obsédant au point d’y penser, d’y réfléchir sans en éprouver la moindre honte. Mais ce cheminement vers l’ultime est réalisé au rythme d’époques sombres et d’instants plus lumineux, qui se révèlent à mesure des réflexions et des doutes de ceux qui cherchent.

La lumière permettant de faire apparaître les choses en toutes clartés, il n’est donc pas étonnant qu’elle se retrouve symboliquement dans la corrida, et tout d’abord lorsque les acteurs vont la chercher vers la présidence qui dirige, mais surtout qui éclaire la course. Ce terme d’éclairer peut paraître surprenant, notamment employé afin de qualifier la présidence, d’autant plus que la fonction de cette dernière est de plus en plus galvaudé, ayant perdu ses repères initiaux. Une modification du rôle, pas uniquement sur le plan taurin, mais aussi dans notre quotidien, sur le plan politique, associatif. Mais passons outre et n’oublions pas qu’une présidence est la pour diriger une assemblée, ne pas automatiquement délibérer pour elle, mais l’aider dans ses délibérations. C’est ici que nous trouvons le sens de l’éclairage qu’elle doit apporter.

Par cet éclairage, la présidence symbolisant la lumière, apporte sa connaissance. Une connaissance des Constitutions, du règlement, des fondamentaux, garant de leurs applications. Pouvoir prétendre à appliquer la connaissance, signifie non seulement qu’elle connaît elle-même, mais que ceux à qui elle s’adresse, même si ils ne connaissent que succinctement, font l’effort eux aussi d’aller vers cette connaissance, vers la lumière. Et malheureusement, l’on trouve parmi les participants des principaux sujets évoqués sur ces colonnes, des personnes ne cherchant pas réellement à cheminer vers la lumière. Préférant recevoir, voire parfois en critiquant, sans même faire la démarche de recherche personnelle. C’est en ce sens qu’ils ne pratiquent pas symboliquement la marche intérieure dextrogyre, déjà abordée dans le précédent article sur le sujet. Ils vont vers la lumière représentée par cette présidence, pour être éclairés d’elle, mais ne font pas d’efforts supplémentaires, préférant être passifs plutôt qu’acteurs.

Que ce soit les francs-maçons dans leurs rituels, ou bien les toreros, déambuler vers la droite, ne semble pas être innocent, même si l’on s’accorde à y trouver à première vue un sens désiré pour les premiers et une coïncidence pour les seconds. Pourtant, la déambulation des toreros lorsqu’ils effectuent la vuelta dans les arènes, est somme toute symbolique, et à bien y regarder elle passerait pour voulue ici aussi.
Si le torero allait vers la gauche après son combat, il irait vers le sinistre, qui en latin « sinistra » veut dire la main gauche. L’on peut y voir ici un refus de prendre la route vers la pénombre, et ainsi montrer de façon allégorique, que le torero à l’issue de son combat ou il a acquis une certaine connaissance, est en route pour une un autre combat, une autre connaissance de l’art de Cuchares. A contrario, la passe de muleta symbole de pureté qu’est la passe naturelle, est exécutée de la droite vers la gauche. Elle prend sa source du côté lumineux pour terminer vers l’ombre. Si un jour l’on rencontrait un matador à la recherche de la pureté absolue de son toreo, sensible aux fondements taurins au point d’apporter cette connotation allégorique à son expression dans le ruedo plutôt qu’une recherche perpétuelle de postures pour paraître, cette suerte serait réalisée à la fin de la faena. Symbolisant ainsi dans ce travail de la droite vers la gauche, la fin de la vie. L’expression de celui qui a approché sa lumière durant le combat, qui a amené la lidia au plus haut point possible de cette rencontre ponctuelle avec le toro, et qui une fois la connaissance tutoyée, accepte de retourner vers les ténèbres, celles qui nous attendent tous et toutes.

Pour le torero qui n’a pas réussi à trouver les clés lui permettant de passer outre l’énigme que présentait le toro dans son comportement durant le combat, ne pas se voir le droit d’effectuer la vuelta, signifie symboliquement qu’il reste dans l’ombre de son échec. Que seule une lidia victorieuse lui donnera l’autorisation de poursuivre son cheminement vers la lumière. Pour le maestro qui a compris et résolu cette énigme, dont le public a reconnu son travail pour cela, le matador se voit autoriser à poursuivre son chemin vers la lumière de la connaissance, fort de son expérience précédente.
Il est alors toutefois intéressant d’observer que c’est le public qui autorise le cheminement vers cette lumière une fois la lidia terminée, démontrant ainsi que la corrida de toros est aussi d’essence démocratique. Mais le but n’étant pas de faire d’avantage soulever les interrogations ou autres étonnements à lire une approche assez atypique de la tauromachie, nous pourrons revenir plus tard sur ce point.

mercredi 2 septembre 2009

Idées reçues.


Même si il reste encore bon nombre de corridas à venir aussi bien en France qu’en Espagne ou au Portugal, l’on sent arriver la fin de la temporada européenne. Ceci se perçoit notamment dans le nombre de commentaires des blogs, qui reprennent leurs activités de plus belle. Et paramètre important indiquant bien la tendance automnale qui approche, le 21 de ce mois faut-il le remémorer, les anti-taurins se montrent sur les blogs taurins.

Il est intéressant de constater que dès qu’ils trouvent un blog où les commentaires ne sont pas modérés, leurs propos fusent. Sur ces colonnes, afin de seul éviter des redondances inutiles ainsi que la diffusion de propos allant à l’encontre de l’esprit voulu pour le blog, il avait été choisi dès le début de modérer les commentaires. Ce qui ne devait nullement empêcher l’animateur de cet espace taurin atypique, de privilégier la publication des commentaires par soucis d’esprit républicain et démocratique, ou tout doit pouvoir se dire, même les avis contraires.
Mais comme seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, à la lecture des courriels injurieux et anonymes qui commencent à arriver dans la boîte à commentaires depuis quelques jours, démontrant ainsi que lorsque l’on évoque un avis contraire à leurs idées, les contempteurs taurins se donnent le mot pour aller invectiver celui qui ne pense pas comme eux, ces commentaires, qui seront bien entendu archivés, ne seront plus publiés. L’esprit républicain et démocratique, synonyme de liberté d’expression, n’a plus lieu d’être lorsque il s’agit de laisser la parole à des personnes plus soucieuses d’insulte et de haine que de débat constructif. Comme l’affirment certains, « pas de liberté pour les ennemies de la liberté », ici nous appliquons le « pas de liberté de parole pour ceux qui la refuse aux autres ».

Il était étonnant de n’avoir pas eu plus tôt ce genre de propos, c’est à croire que depuis presque 5 mois que ce blog existe et quelques plus de 1800 clics au moment où sont rédigées ces lignes, les non amateurs de tauromachie qui s’arrêtaient sur ces colonnes étaient soucieux du respect de l’autre. Comme ce lecteur assidu, anti-taurin militant, soucieux de respecter les idéaux humanistes qu’il revendique, mais avec qui j’ai pu échanger par courriel tout en ayant des propos corrects et respectueux.

Pour en revenir aux mails reçus des anti-taurins, les deux premiers arrivés sur ce blog sont consultables dans la rubrique « commentaires » de l’article précédent. Il sont donc facilement accessibles, et témoignent, pour ceuxet celles qui en douteraient encore, de la violence injurieuse constamment adressée aux aficionados a los toros. Il est intéressant de constater dans les deux courriels, au delà du caractère injurieux en particulier du second, que persistent des idées reçues à l’encontre de la tauromachie, comme à notre époque persistent les idées reçues envers par exemple les cathares et la franc-maçonnerie. Chose troublante dans ce XXIè siècle, car étant donné les moyens d’accès à la culture, à l’information, l’on trouve encore des idées reçues qui émanent du siècle dernier dans le meilleur des cas.

L’on perçoit aussi, que outre la similitude des propos de l’antimaçonnisme ainsi que de l’anti-taurinisme, comme ce fût développé ici même lors d’articles publiés sur ces colonnes aux mois de mai et de juin, les thèmes se déplacent en fonction des enjeux politiques et sociétaux. Aujourd’hui, quelques médias se sont trouvés leurs « nouveaux juifs » avec la franc-maçonnerie, comme s’en est ému l’éditeur Jean Solis sur son site, en emplissant de façon redondante et régulière tous les ans les pages de leurs « journaux ». L’on voit maintenant de plus en plus de contempteurs taurins qui réagissent lorsque l’on aborde la tendance végétarienne de certains d’entre eux. Ils oublient pourtant l’expérience de Cleve Backster en 1966, mais aussi ils occultent d’autres informations sur les plantes démontrant que les végétaux développent un système nerveux propres à leurs fonctionnements. Mais l’on retrouve aussi les sempiternels refrains de la maltraitance animale qui sont ressassés à loisir, comme l’idéologie du complot judéo-maçonnique ressurgie régulièrement ou bien la théorie du complot concernant les attentats du 11 septembre.

On le sait, rares sont et seront les échanges établis dans un climat de respect et de tolérance, et il est flagrant de constater que l’on trouve bien plus d’anti-taurins à surfer sur les sites et différents blogs qui traitent des toros, pour y répandre leur fiel, que de taurins s’adonnant à la lecture et commentaires sur les sites et blogs anti-corridas. Toutefois, une chose est certaine, à voir la moyenne de plus de 450 visiteurs par mois pour ce très modeste blog, l’explosion des fréquentations ces derniers jours (sûrement causées par le bouche à oreille chez nos amis anonymes), les visiteurs anti ou bien aficionados qui reviennent régulièrement nous lire (comme nous laisse le croire les recoupements grâce au compteur et aux heures ou les messages sont postés, et la subite augmentation des visites notamment de la région niçoise et de la ville de Fourmies), ce blog ne laisse pas indifférent. Et si on ne laisse pas indifférent, c’est que l’on touche juste, sinon pourquoi tant de propos haineux des contempteurs, et pourquoi tant d’intérêt chez les aficionados de toutes tendances ?


La photographie illustrant cet article, a déjà été diffusée sur ces colonnes, mais ces hommes de Dieu, fusil à l'épaule dans des arènes, symbolisent parfaitement l'état d'esprit de l'anti taurinisme actuel.