jeudi 11 mars 2010
The bullfighter and the lady.
C'est grâce à un film sur la tauromachie, que le réalisateur Budd Boetticher se voit aborder un autre monde cinématographique que celui des réalisations de séries B. En réalisant « The bullfighter and the lady », il entre dans le monde des Cinéastes. Devenu un réalisateur de renom, l'histoire retiendra aussi de lui des westerns célèbres comme « Sept hommes à abattre ».
Budd Boetticher fût aussi un grand passionné du Mexique et de tauromachie, et ce sont ces deux sujets dont il s'inspira pour film taurin, qui en 1952 recevra l'Oscar de la meilleur histoire originale. Une histoire dans laquelle Robert Stack interprète le rôle de Chuck Regan, un jeune américain qui se fascine pour la corrida de toros lors d'un voyage au Mexique, et qui sympathise avec une figura taurina interprétée par Gilbert Roland, qui est dit-on, lui-même fils de torero. C'est alors que le jeune homme est initié aux mystères taurins, tombe amoureux d'une belle jeune femme, Anita de la Vega, et parvient à cheminer vers la recherche de soi en allant à la rencontre de l'autre. Apprentissage, recherche de soi, recherche de l'autre aussi ou encore recherche de la figure paternelle et de l'ami, tout un cheminement que ne renierait pas des rituels de sociétés philosophiques.
Ayant une part autobiographique, ce film dans lequel il nous livre ses impressions mexicano-taurines, est pour les cinéphiles une renaissance pour le réalisateur. Il change de statut, mais aussi de nom, ce ne sera plus des films signés Oscar Boetticher Jr., mais Budd Boetticher.
Ce statut le verra cotoyer les plus grands, dont un monstre du cinéma acceptera de produire quelques unes de ses réalisations.
Parmi les acteurs fétiches de Budd Boetticher, l'on trouve Randolph Scott, avec lequel il collabora pas moins de sept fois. Homme profondément religieux, Randolph Scott était franc-maçon, membre d'une loge américaine affiilée au Rite d'York. Même si Randolph Scott n'était pas à l'affiche de ce film taurin, c'est un autre franc-maçon qui produisit « The bullfighter and the lady ». Le directeur de la société de production américaine Batjac, qui se nommait Marion Robert Morisson, plus connût sous l'apodo de John Wayne.
Pour que John Wayne devienne le producteur de ce film, et plus tard de « Sept homme à abattre », Budd Boetticher dut accepter un compromis assez contrariant. Il est dit que Wayne aima beaucoup le film, mais il décida de couper les séquences les plus documentaires, comme celle où Robert Stack se fait piétiner par le taureau ayant lui-même refusé d'être doublé. C'est à John Ford que fût confié le montage final. Boetticher admis très difficilement cette situation, car pour ce dernier, le film adoptait une forme plus conventionnelle. Chose qu'il ne démentira pas, puisque c'est la version augmentée de plusieurs minutes et qui sortira bien des années plus tard, qui aura la bénédiction du réalisateur.
Nous savons peu de choses sur le parcours maçonnique de John Wayne, il fût tout dabord actif dans l'association « Ordre de Molay », présentée comme une organisation de jeunesse liée à la franc-maçonnerie américaine. Initié en franc-maçonnerie, il fût membre de la loge « Marion Mc Daniel Lodge » à Tucson. Ensuite, il est dit qu'il rejoint lui aussi le Rite d'York, après avoir été membre de l'organisation Al Malaikah Shrine Temple, à Anaheim (Los Angeles). Un parcours collant parfaitement à une certaine mouvance de la franc-maçonnerie américaine, qui permit à cet anti-communiste militant et homme de convictions religieuses, d'être reçu au 32è degré du rite écossais.
En véritable passionné de tauromachie, Budd Boetticher réalisa un second film sur le sujet, « The Magnificient matador », en 1955 avec Anthony Quinn. Une quête pour l'art de Cuchares qu'il poursuivit à l'écran en 1968, il débutera le tournage d'un documentaire qui se voulait être au départ une fiction sur Manolo Aruzza. Un projet qui durera plusieurs années, et qui d'après les spécialistes, mettra un terme à la carrière de cinéaste de Budd Boetticher.
lundi 1 mars 2010
Luis Fernandez, un humaniste et le Minotaure.
Autant le préciser immédiatement afin de ne pas décevoir le lecteur assidu ou bien occasionnel de ces colonnes et intéressé par la peinture, il ne sera pas ici effectué une profonde analyse des oeuvres de Luis Fernandez (Oviedo 1900 – Paris 1973). Nous laisserons cela aux spécialistes des arts picturaux.
Mais si nous avons désiré aborder ce peintre et sculpteur en ce modeste blog, c'est pour deux raisons. Tout d'abord, parce que Luis Fernandez participa activement à une oeuvre signée de Pablo Picasso, dont les aficiondaos a los toros connaissent l'attrait pour la tauromachie. Les spécialistes des arts picturaux, voient dans les oeuvres de Luis Fernandez, une évidente inspiration de son ami Picasso. Les relations entre les deux hommes étaient bien réelles, comme le souligne l'épouse de l'artiste asturien, dans une lettre datant de 1995 à propos de leur collaboration. Collaboration qui dura une dizaine d'année, pendant laquelle notamment, Picasso sollicita en 1936 l'aide de son ami pour la réalisation du rideau de scène du Théâtre du Peuple, commandé par Jean Zay, franc-maçon alors ministre de l'éducation qui sera emprisonné et exécuté par la milice. Difficilement réalisable en un temps assez court, Picasso demanda à son ami Luis Fernandez de réaliser une esquisse de sa « Minotauromachie », série aussi intitulée « Pillage du Minotaure en costume d'Arlequin ». L'ensemble de cette commande est connu sous le titre « Le rideau de scène pour le quatorze juillet ».Une participation du peintre et sculpteur natif d'Oviedo, pour laquelle il fût obligé de dessiner et peindre à même le sol étant donné la taille de la toile. Une oeuvre que Picasso s'est contenté de souligner en noir les contours et de signer, tout en faisant remarquer dès que l'occasion lui en était donné, que c'était son ami Luis Fernandez qui en était l'auteur.
Etant donné l'implication de Luis Fernandez dans le projet, sa sincère amitié avec Pablo Picasso, nous pouvons penser que le peintre asturien participa grandement à l'influence du résultat final. Les spécialistes sont d'accord pour accorder une réelle influence de Don Pablo dans les oeuvres de son ami Don Luis, et rien n'interdit de penser que la réciprocité pourrait aussi être effective.
Et c'est ici que l'aficionado a los toros qui n'est pas insensible aux choses symboliques, est interpellé dans ce rideau de scène. En effet l'on s'aperçoit que la tête du Minotaure se situe au mitan de l'oeuvre, le plaçant ainsi le sujet au centre du monde. Ce Minotaure représenté tel un pantin désarticulé, n'est pas sans faire songer à la scène de la dramaturgie hiramique évoquée en franc-maçonnerie, ou la chair quitte les os, ou tout se désunis. Au delà du caractère morbide de la scène, les analystes de Pablo Picasso voient dans le personnage à la tête de faucon portant le Minotaure, des disproportions symétriques qu'ils qualifient de voulues par l'artiste. Les formes de gauche offrant, pour ses critiques, une vision de dynamisme, de légèreté, d'élévation, tandis que celles de droite renvoyant à la notion de pesanteur, de massivité, de raideur. Dans ce rideau de scène, encore des spécialistes perçoivent des allusions mythologiques, tauromachiques et personnelles de l'artiste. Nous remarquerons toutefois la triangulation formée par les trois têtes des personnages, mais aussi l'homme barbu brandissant une pierre. Serait-ce l'allégorie de la pierre brute, celle que l'être humain doit polir pour parfaire sa vie avant la mort ainsi représentée et que l'on trouve notamment dans tout le cheminement maçonnique ?
Le lecteur ou la lectrice qui s'arrête sur ces colonnes, doit légitimement s'interroger de cette perception du rideau de scène, et d'en ramener des éléments à une vision maçonnique. Si nous nous permettons cette approche, c'est que comme il a été écrit précédemment, Luis Frenandez participa activement à l'élaboration de l'oeuvre, et le peintre asturien était franc-maçon.
Il fût initié au Grand-Orient de France, le 24 janvier 1927 dans la loge parisienne « Fraternité ». Un engagement qu'il poursuivit jusqu'à ses derniers jours, et qui le vit en 1970 être nommé membre honoraire de son obédience. Ayant renoncé à tout engagement politique, l'artiste vivait son cheminement en franc-maçonnerie comme une simple satisfaction personnelle. Une individuation que les exégètes picturaux retrouvent dans sa peinture, mais aussi dans la fuite de toute reconnaissance publique, comme dans ses relations amicales. L'idéalisme ésotérique recherché dans sa peinture, Luis Fernandez le mentionne dès 1934, en affirmant qu'une forme géométrique ou bien un objet peuvent être exprimé par inadvertance, et fait référence à la pensée analogique comme magique. Il est aujourd'hui reconnu que son initiation en franc-maçonnerie a fortement influencé son oeuvre picturale, et lui-même reconnaissait son désir de l'apprentissage et du perfectionnement de son métier à l'image du travail en loge des francs-maçons. Mais une autre sensibilité maçonnique se fait ressentir, il s'agit du monde symbolique. Cette vision allégorique trouvera son point culminant à partir de 1953, avec la peinture d'une série de crânes ou de roses, symboles de renaissance mystique. Cette renaissance que l'on trouve dans la représentation du Minotaure en habit d'arlequin signé par Pablo Picasso.
Nous sommes conscient que évoquer une telle influence de la part de Luis Fernandez dans l'oeuvre de Picasso, peut sembler incongru, d'autant plus émanant d'un aficionado a los toros lambda, simplement curieux et attiré de façon basique vers certaines idées de mouvements philosophiques. Toutefois, ceci n'est pas plus déplacé que l'idée de penseurs des arts picturaux mentionnant que le peintre malageño n'avait aucunement conscience des parallélismes représentés dans le rideau, les classant même « d'étonnantes coïncidences ». Des coïncidences qui le sont peut être pas tant que cela, et qui pourraient provenir d'une vision différente, à savoir que pour cette oeuvre, Luis Fernandez apporta peut être à son ami signataire du rideau de scène bien plus que l'on ne croit.
dimanche 21 février 2010
Peinture, dessin, humanisme et corrida de toros.
Alors que les troupes chiliennes occupaient Lima lors de la « Guerre du Pacifique », en cette année 1881, le 23 juillet exactement, à Babahoyo en Ecuador, Teobaldo Constante Garcia voyait le jour.
Fils de militaire, il fait ses études chez les pères jésuites, à San Vicente del Guavas. C'est alors qu'il découvre ses prédispositions pour la peinture et le dessin, un talent qui l'accompagnera toute sa vie. D'humeur assez bohème, notre peintre équatorien vit de ses dessins. Cette légèreté qui lui est prêtée, ne l'empêche aucunement Teobaldo Constante Garcia de garder les pieds sur terre, et de le voir s'intéresser à la politique. Chose qu'il démontrera à partir de 1910 dans le journal « El Guante », qui soutiendra la candidature à la présidence nationale de Emilio Estrada. Un titre parmi tant d'autres à Guayaquil, qui était alors depuis les années 1880, l'un des berceaux de la presse satirique mais aussi anti-cléricale, et qui possédait l'un des journaux les plus consulté dans le genre. Une presse dans laquelle notre homme se senti assez à son aise, tout du moins semble-t-il, car ayant une prédilection davantage pour le dessin que pour la peinture, il participa à quelques caricatures. Ces dernières permettant avec leurs codes littéraires et graphiques, un accès immédiat à l'information pour les citoyens qui non seulement ne savent ni lire ni écrire, mais aussi à ceux qui savent épeler ou bien vont plus loin en maîtrisant la lecture.
En 1915, c'est la revue « Patria » qui lui ouvre ses colonnes, pour y présenter notamment la aussi des caricatures. Deux ans plus tard, la revue l'envoie à New-York en qualité de délégué au congrès des journalistes latino-américains. C'est alors que notre peintre décide de rester une année de plus dans la ville américaine, logeant à l'hôtel et vivant de ses dessins pour le compte de quelques quotidiens.
De retour dans son pays natal, Teobaldo Constante Garcia, sera invité à s'exprimer pour la revue « Momo », dont les dessins se vendront très bien, et il se lancera en 1922 dans la création de la première revue en couleur publiée à Guayaquil sous le nom de « Siluetas ».
En 1926, la révolucion Juliana met fin à l'aventurer du quotidien « El Guante », qui continuait à être sa principale source de revenus. Son ami José Vicente Trujillo, l'invite alors à donner des cours de dessins techniques et artistiques, avant de lui offrir la chaire d'éthique au cours de sa carrière dans l'enseignement qui dura quarante ans.
Toutefois, en 1918, une série d'aquarelles, « El Guayaquil del siglo XIX », sera particulièrement appréciée du public. Cette même année, poussé par un réel intérêt pour les choses de la cité, comme il le démontra lors de sa participation au journal « El Guante », à moins que ce ne soit des rencontres qu'il fît ici ou la, nul ne peut le dire, nous retrouvons notre peintre-dessinateur initié en franc-maçonnerie dans son pays, au sein de la loge « Cinco de junio n°2 », et dans laquelle il chemina jusqu'au degré de la maîtrise. En 1928, son nom figure en qualité de collaborateur du quotidien maçonnique « El Boletin Masonico ».Son initiation dans le mouvement philosophique ne fût donc pas qu'une brève période ou bien une réalisation tardive dans sa vie, comme l'on en rencontre parfois.
Ce qui nous incita à nous pencher, même succinctement, sur Teobaldo Constante Garcia, est que ce peintre fût non seulement franc-maçon mais aussi un aficionado a los toros.
Comme dans bon nombre de localités taurines présentes sur les différents continents, lors des premières prestations taurines les rues étaient fermées, et à mesure se sont construites des plazas de toros si l'intérêt pour le combat se faisait ressentir. La ville de Guayaquil n'échappe pas à la règle, puisque le combat avec le toro est sa première distraction. Une ville taurine dans laquelle notre peintre, dessinateur, franc-maçon et aficionado, est mentionné en qualité de rejoneadores sur la place de la Concorde. A cette époque, les arènes de formes carrées se situes à cet endroit. Une plaza de toros construite semble-t-il par Rodolfo Baquerizo Moreno, qui fût aussi initiateur des terrains de football de la ville ainsi que de la patinoire et autres salles de boxes.
Une aficion a los toros de Teobaldo Constante Garcia, présentée dans les quelques lignes que nous avons trouvé à ce sujet, comme étant très marquée. Il partagea des prestations avec des toreros espagnols, se forgeant une réputation de vaillance devant les toros. Cette « carrière » dans les ruedos ne fût que passionnelle, les arts plastiques étant davantage sa raison de vivre comme le démontre son activité artistique qu'il n'interrompit jamais. Mais cela ne l'empêcha nullement de se lier d'une sincère amitié avec des gens du mundillo. Se réunissant en tertulias avec ses amis, notamment à l'auberge « Madrid » de Guayaquil, et allant jusqu'à ouvrir une souscription en faveur d'une revue taurine locale.
A ce jour nous en connaissons davantage sur l'activité artistique de Teobaldo Constante Garcia, que sur son parcours en franc-maçonnerie ainsi que ses prestations tauromachiques. Mais réunissant deux des critères qui nous intéressent particulièrement sur ces colonnes, il nous paraissait important dans faire une présentation, ceci en attendant d'en découvrir plus sur ce peintre humaniste et pratiquant la corrida de rejon.
mercredi 10 février 2010
Politique et tauromachie, donc forcément Luis Mazzantini.
Il y a dix-sept ans, « l'Union des Bibliophiles Taurins de France » publiait un ouvrage écrit par Jean-François Batté et intitulé « politique et tauromachie, de Charles Quint à Juan Carlos »*.
Dans ce livre, l'auteur soulève les liaisons intimes, et parfois dangereuses, que connurent la politique et la tauromachie au regard de l'histoire de l'Espagne. Tout au long des plus de cent-vingt pages, il est démontré avec une grande minutie que la corrida de toros n'est ni faciste, ni conservatrice ou libérale, qu'elle est tout simplement Une. Tellement Une, qu'elle est mêlée, avec tout ce qu'elle représente socialement, aux intrigues et convoitises des différents régimes politiques. Subissant du coup, les influences plus ou moins néfastes des uns et des autres. L'anti-flamenquisme associé aux guerres qui se déroulèrent au même moment, le pouvoir de Primo de Rivera, la République suivie de la dictature de 1936, et maintenant les enjeux des alliances abolitionnistes politicos-écologistes, en sont des aspects très révélateurs.
Au titre de ce billet, le visiteur assidu de ces colonnes l'aura compris, Luis Mazzantini est abordé dans l'ouvrage en question. Ce qui semble toutefois évident, étant donné les implications du torero dans la cité.
L'on pourra toutefois regretter qu'il n'en soit pas écrit de réels détails sur les supposées influences de la franc-maçonnerie envers les prestations tauromachiques de Don Luis, puisque ceci est avancé dans l'ouvrage. La carrière taurine que nous connaissons du maestro, serait une nouvelle fois le résultat d'une influence de ses frères francs-maçons envers le monde taurin afin de lui obtenir des contrats. Sachant que aussi bien chez les taurinos que chez les contempteurs de l'art de Cuchares, les francs-maçons y furent présents, l'on éprouve quelques difficultés aujourd'hui à penser à une influence quelconque de la franc-maçonnerie espagnole sur la carrière tauromachique de Luis Mazzantini. Cela aurait fait grand bruit, mais aussi cela serait définitivement connu à ce jour. Hors, l'on ne peut que constater qu'il ne s'agit que de suppositions reprises depuis les années 1880, soit cent trente ans environ, et jamais véritablement prouvées. L'on peut même s'interroger sur l'origine de ces accusations, car Luis Mazzantini brisait l'image socialement admise des toreros, de plus il n'était pas espagnol pure souche, il fallait donc bien donner des explications sur la carrière taurine réussie d'un homme que rien ne semblait réellement destiner aux ruedos. Quoi de plus facile et pratique, que de songer à une influence maçonnique, un complot, afin d'imposer l'un des leurs, puisque Don Luis était lui-même franc-maçon ?
Bien entendu, cette supposée influence ne s'arrêtait pas aux frontières ibériques, la présence aux cartels parisien du diestro, ainsi qu'à l'inauguration de la plaza de toros de Oran, pour ne mentionner que ces deux exemples, a soulevé le même fantasme de la part de certaines personne de ce côté des Pyrénées. Que dire aussi des propos identiques suite à ses diverses rencontres lors de ses voyages outre Atlantique, comme nous l'avons déjà relevé sur ces colonnes.
Les fantasmes qui entourent encore la carrière tauromachique de Luis Mazzantini, n'empêchent en aucun cas de le considérer, comme le fait Jean-François Batté dans son ouvrage, comme étant l'ultime torero politique.
A l'instar d'autres acteurs des ruedos avant lui, comme Antonio Ruiz « El Somberero » et Manuel Lucas Blanco qui affichèrent leurs idées, au point de sacrifier leurs carrières taurines, Luis Mazzantini s'était lui aussi engagé. Il est connu qu'il se présenta et reçu les suffrages nécessaires à son élection à Madrid en 1906, décision que rapporte dès le 21 octobre 1904 le quotidien « The New-York Times » par une interview qu'accorda Don Luis à l'un des journalistes. Il est certain que ces proximités avec le pouvoir politique tout au long de son parcours dans les arènes, mais aussi ses rencontres avec des personnalités du même milieu sous d'autres latitudes toujours sous le même laps de temps, auraient pu avoir des conséquences néfastes pour notre torero. Force est de constater que hormis des accusations d'implication de la franc-maçonnerie dans sa carrière, ou bien celles de la grande proximité du maestro avec l'élite politique mais aussi des arts, rien ne vint grandement entacher la carrière taurine de Don Luis. Contrairement à d'autres de ses confrères taurins, il arriva à mener la carrière que l'on sait, tout en affichant ses idéaux sociétaux. Ceci étant, n'ayons pas peur des mots, probablement le fruit d'une certaine intelligence d'esprit, qui lui permis de tout concilier sans toucher aux diverses susceptibilités des diverses personnalités qu'il rencontra.
Torero politique, Luis Mazzantini était donc le dernier dans sa mouvance, car ceux qui après lui étaient de grande notoriété et se sont affichés auprès des différents régimes, l'ont fait plus par soucis de confort quotidien que par une réelle fibre militante au point de tout sacrifier pour leur cause idéologique.
Outre la politique politicienne, Luis Mazzantini est tout de même l'auteur avec Antonio Reverte, d'un acte politique tauromachique fort, qui est encore présent de nos jours. Afin d'aller contre « Guerrita », figura du moment que d'aucuns accusaient de se garder les meilleurs toros lors des corridas, les deux maestros imposèrent le sorteo. Par soucis de probité, Don Luis mena le combat contre les gens influant du mundillo de l'époque, pour faire imposer le principe d'équité avec l'attribution par tirage au sort des toros combattus. Par ce geste, il permit la fin d'un pouvoir sur la tauromachie. Ce fût une façon de donner plus de droits politiques aux toreros dans l'exercice de leurs fonctions. Ils ne furent plus relégués en troisième zone, et purent à partir de l'application du sorteo, posséder le pouvoir de participer à l'action du partage équitable des lots des toros.
Luis Mazzantini était bien un torero politique, au sens noble du terme. Un matador dont la carrière ne fût pas plus influencée par quelques actions de l'ombre, que celles rencontrées dans les tractations des contrats des toreros « modernes ». Mais il est vrai que lorsque le parcours d'une personne n'entre pas dans la normalité sociétale, que la réussite n'est pas communément comprise, il faut bien lui trouver des explications admissibles par tous.
« Politique et tauromachie, de Charles Quint à Juan Carlos », de Jean-François Batté, éditions UBTF (1993). ISBN: 2-909521-03-6
mercredi 3 février 2010
Des combats de taureaux sans matador.
Au mois d'avril 2009, un journal gratuit, reprenait dans ses pages un article sur les combats de taureaux sans matador , organisés en Corée du Sud.
Le texte en question, reprenant celui publié dans « Courrier International » et provenant cette fois de l'un de ces journaux gratuits faisant le trie à notre place des nouvelles essentielles de l'actualité, n'est pas issu des outils dans lesquels l'information est ici principalement puisée. Mais ayant été procuré par une anti-taurine, militante écologiste encartée, possédant de grandes qualités humaines hormis lorsqu'il s'agit de vanter son idéal sociétal qui en la circonstance frise le dogme (comme très souvent dans l'engagement politique et en particulier dans cette mouvance), le texte a attiré l'attention. D'autant plus qu'il n'y avait aucun prosélytisme anti-tauromachique dans la démarche de cette militante verte, mais plutôt, voyant le titre de l'article en question, une pensée envers un collègue de travail qu'elle sait être aficionado a los toros.
En haut de page du texte, le gouvernement veut légaliser les paris sur les combats de taureaux. Contrairement à la tauromachie, ce spectacle n'implique pas la mort de l'animal vénéré à la campagne. Si l'on osait, l'on pourrait écrire, la messe est dite... car cette seule phrase en dit long. Elle en dit long sur la méconnaissance et le cliché que portent sur nous non seulement nos contempteurs, mais aussi la globalité des esprits mêmes les plus attentionnés. Tout d'abord, cela laisse supposer qu'il n'existe qu'une seule sorte de tauromachie, celle dite espagnole, avec la mort du taureau. Mais aussi, cela sous entend que le taureau dans ce genre de combat est vénéré, et non pas dans la corrida de toros qui nous intéresse. Nous tournons une nouvelle fois autour du problème de la perception de la mort de l'animal, et à travers cette dernière, la notre. Sujet parfaitement occulté dans notre société contemporaine, depuis l'avènement de la mort cachée, principe développé par Philippe Ariès.
La poursuite de la lecture du texte en question interpelle aussi l'aficionado a los toros, même si le combat des taureaux de Corée du Sud diffère avec celui que livre le toro bravo dans l'arène, il n'en demeure pas moins que l'on trouve des points communs entre ces deux pratiques du combat de bovidés.
L'un des éleveurs nous dit qu'il va parcourir son pays afin de dénicher le veau qui deviendra un combattant, une sélection basée sur de seuls critères physiques. Ensuite il explique sa façon de nourrir ses protégés à base d'un régime bien spécifique, surtout végétarien mais complété par du poisson et autres poulpes (ceci interpellant tout de même sur le fait que des ruminants ingurgites autre chose que de l'herbe). L'éleveur donne quelques exemples de la préparation physique des bovidés pour le combat, l'entraînement qu'il leur fait subir. La sélection n'a rien à voir avec notre tauromachie, par contre, la recherche à la préparation alimentaire et physique, est commune à quelques ganaderos de toros bravos. Et l'on peut s'interroger sur la nécessité d'une préparation alimentaire et physique, dans le cadre du taureau sud coréen ou bien dans celui du toro bravo, car rechercher de telles fins, occulte les propensions naturelles de l'animal pour le combat. En voulant le préparer comme n'importe quel être humain sportif, il est appliqué un anti-spécisme que ne renieraient pas les plus ardents défenseurs de cette vison sociétale.
Devant la baisse d'intérêt des coréens du sud pour le combat des taureaux qui a pourtant été très apprécié dans les campagnes, afin de concurrencer la passion des citoyens pour le football, le baseball, l'internet, les autorités ont décidé d'autoriser les paris sur ce genre de combats entre bovidés. L'élevage du taureau coréen, comme celui de n'importe quel toro de lidia, est très couteux. Le propriétaire d'un taureau vainqueur d'un tournoi national, reçoit en moyenne 5750 euros de prime, pendant que les autres finalistes perçoivent de 155 à 270 euros. L'ouverture des paris sur les combats, ose laisser imaginer une manne financière non dénuée d'intérêt pour l'ensemble des éleveurs. L'on peut aisément imaginer après la tentative des corridas sin sangre dernièrement aux Etats-Unis, des organisateurs non scrupuleux que l'idée des paris vienne titiller. 50 contre 1 que tel torero gracie son « adversaire » cette après-midi, ou bien 10 contre 1 qu'il coupe deux oreilles...
Pendant que les hommes lancent les paris, les taureaux attendent autour de l'arène, et les pom-pom girls amusent le public. L'histoire ne dit pas si elles s'affublent d'un foulard autour du cou...
Après ce très rapide aperçu de cet article sur le combat de taureaux en Corée du Sud, l'on constate que là-bas aussi la chose taurine évolue, comme la tauromachie que nous connaissons dans les pays pratiquants l'art de Cuchares. Une évolution pour ces pays, remontant à plusieurs décennies, en ce qui concerne le toro bravo. Le triste constat, est que dans les deux cas, l'essence même du combat est gommée, afin que l'animal ne soit qu'un faire valoir ou seul l'homme doit briller. L'éleveur en Corée, le ganadero et le torero chez nous.
mardi 26 janvier 2010
Luis Mazzantini et W.J. Bryan
Toujours en quête de découvertes concernant le torero Luis Mazzantini, il y a deux ans maintenant, lors des premières recherches le concernant, nous avons eu connaissance d'une rencontre entre le diestro et un célèbre homme politique américain.
Ce qui attira particulièrement notre attention est que, comme le savent les lecteurs assidus de ces colonnes, Luis Mazzantini était non seulement un matador de toros important de son époque, mais aussi franc-maçon, et que le politicien américain en question, William Jennings Bryan, était lui aussi franc-maçon. Le site internet politicalgraveyard.com mentionne ce candidat malheureux à la présidence des Etats-Unis pour le compte du Parti Démocrate en 1896, 1900 et 1908, comme member: Freemason, Sigma Pi, Knights of Pythias. Nous laisserons le soin au lecteur de se documenter, si il le désire, concernant les mouvements Sigma Pi et Knights of Pythias. Nous préciserons tout de même, qu'il s'agit de deux mouvements aux idéaux de fraternité, de conceptions un peu plus secrète pour le second.
Concernant l'engagement maçonnique de notre homme politique américain, les avancées depuis les premières recherches, nous ont appris que W.J. Bryan fût membre de la Lincoln Lodge n°19 dans le Nebraska, ce qui le fît être répertorié comme franc-maçon nebraskans au même titre que William Bill Cody allias Buffalo Bill qui était lui-même franc-maçon. Plus tard, W.J. Bryan fût affilié à la loge Temple Lodge n°247 à Miami en Floride. La Floride, région dans laquelle il se mit au service de plusieurs organisations chrétiennes fondamentalistes, après avoir démissionné en 1915 du poste de secrétaire d'Etat du président Woodrow Wilson.
Anti-impérialiste, pacifiste, partisan de la prohibition, W.J. Bryan fût aussi un adversaire de la théorie de l'évolution. Au point qu'il offrit son soutien à l'acceptation d'un amendement constitutionnel, se voulant interdire l'enseignement de l'évolution dans les écoles. Il mena une ardente campagne en ce sens, permettant ainsi à plusieurs Etats d'être favorables à ces restrictions intellectuelles.
Les engagements de W.J. Bryan contre la théorie de l'évolution, mais aussi sa proximité avec une église fondamentaliste, peuvent surprendre le lecteur pour qui la connaissance, même minime de la franc-maçonnerie, ne s'arrête pas aux articles simplistes d'une presse racoleuse. La franc-maçonnerie adogmatique telle qu'elle se présente en France mais aussi dans quelques autres pays européens, est différente de celle dite anglo-saxonne et bien implantée notamment outre Atlantique. Cette franc-maçonnerie présente de nos jours, est le fruit d'un longue lignée, dont l'exemple proposé dans ce billet, démontre bien que les francs-maçons sont multiples et divers de par leurs horizons et idéaux sociétaux, et qu'une vision d'une franc-maçonnerie foncièrement et seulement athée, est tout à fait simpliste et totalement réductrice.
Mais revenons sur la rencontre entre le matador de toros Luis Mazzantini et l'homme politique Willian Jennings Bryan. Cette dernière est principalement reprise par Maria del Carmen Vazquez*, mentionnant une caricature diffusée dans le journal El Hijo del Ahuizote. D'autres recoupement, datent cette parution de 1904. Même si de nos jours, une caricature n'est qu'un dessin humoristique il faut garder présent à l'esprit le contexte de l'époque, et savoir que la caricature était un moyen de communication et de passage des informations, au regard du peuple sujet à l'illettrisme. Dans ce cas, elle peut être prise en considération au même titre qu'un article écrit.
Il est dit que les traits de crayons représentent Luis Mazzantini aux côtés de William Jennings Bryan, qui lui est qualifié de bimetalista. La légende échangeant quelques mots, Don Luis demandant « como esta usted, qué hace? », et W.J. Bryan de répondre « yo estudiar la cuestion de la plata y oste ? ». Luis Mazzantini de rétorquer « vengo a llevarmelas mientras usted la estudia ».
N'en sachant pas plus à ce jour sur les motifs à l'origine de cette rencontre entre les deux hommes, toutes les hypothèses sont permises. Aussi, nous interdirons nous d'en émettre une, et de rester interrogateur sur ce point. Pourquoi une telle rencontre de la part de Don Luis, un an avant la retraite des ruedos ?
Les réponses peuvent varier, du simple plaisir de rencontrer un franc-maçon américain afin de cheminer sur l'idéal fraternel, au désir d'établir des relations auprès des personnalités de pouvoir autres qu'ibériques ou d'Amérique Latine. Ou alors, le désir d'établir des ponts dans ses relations politiques internationales. Une attitude peut être calculée, car nous savons que l'engagement en politique de Luis Mazzantini était prévu bien avant son retrait des arènes, comme le confirme une interview qu'il accorda au quotidien « The New-York Times » en 1903.
Quoi qu'il en soit, Luis Mazzantini laisse bien des interrogations. Une chose est certaine, matador de toros atypique, précurseur dans ses relations avec une élite intellectuelle que d'autres toreros poursuivrons après lui, Don Luis est de ses personnages multiples comme peu l'ont été dans le mundillo. C'est en ceci que essayer de le suivre et de le comprendre est tout à fait intéressant, car ses itinéraires de franc-maçon, d'homme amoureux des Arts mais impliqué dans la cité, et de torero important de son époque, font de lui un être tout à fait singulier.
*« Charros contra gentlemen, un episodio de identidad en la historia de la tauromaquia mexicana moderna (1886-1905) ».
mardi 19 janvier 2010
Une brève rencontre, le torero Luis Mazzantini et la soprano Félia Litvinne.
Afin de continuer à suivre les traces du torero Luis Mazzantini, arrêtons nous un instant sur l’une de ses multiples rencontres. Nous connaissons l’intérêt du diestro pour l’opéra, dont il tenta d’embrasser la carrière. Ceci au moment ou il se mit en tête que sa vie d’alors ne lui réservait pas l’avenir auquel il aspirait. D’après Jacques Durand*, le maestro ne voyait comme unique possibilité de se sortir de son sort professionnel, que par une carrière de ténor ou bien de matador de toros.
N’ayant pas eu le succès attendu sur les planches, Luis Mazzantini eut alors l’activité que nous lui connaissons dans les ruedos. Une carrière de torero que, Jacques Durand toujours, rapporte comme une réponse à une fuite d’un avenir qu’il voyait se profiler comme routinier, modeste et vulgaire. Sur ce dernier aspect, connaissant l’attirance de Don Luis pour les arts libéraux, il faut voir dans ce refus d’une condition vulgaire, un désir de distanciation vis-à-vis de ce qui ne sollicite pas l’éveil de l’esprit.Garder l’esprit éveillé, fuir le vulgaire intellectuel, était pour Don Luis la recherche d’une fréquentation assidue de la société bourgeoise. Etre aux côtés des élites intellectuelles de son époque, qu’elles soient politiques ou bien artistiques, être soi-même une référence dans son domaine d’activité, tel semble avoir été le crédo de Luis Mazzantini. Ce désir d’élévation sociale, qu’il serait fort mal de venu de railler de nos jours à la vue des nombreux candidats à toutes formes mêmes éphémères de reconnaissances, Don Luis l’entretenait. Nous le connaissons fréquenter Sarah Bernhard, le poète cubain Julian del Casal (1863-1893) lors de ses séjours à La Havana, et nous découvrons aussi qu’il rencontra Félia Litvinne (1860-1936) lors d’un séjour madrilène de cette dernière.
Félia Litvinne, de père russe et de mère canadienne, naturalisée française en 1893 de par son mariage, possédait aussi du sang écossais et français par son grand-père et sa grand-mère du côté maternel. Issue d’une famille qui marqua de son empreinte le sol canadien au XVIIIè siècle, ainsi que la lignée paternelle marqua la ville de Saint Pétersbourg en qualité d’ébénistes ayant entre autre restaurés divers palais, Félia découvre l’art lyrique à l’âge de 5 ans. De son véritable nom Françoise Jeanne Schütz, cette soprano qui chanta l’opéra surtout wagnérien, rapporte sa rencontre avec le diestro dans son récit « Ma vie et mon art »**. Une brève relation amicale, dans le cadre d’une prestation de la chanteuse au Théâtre Royal de Madrid. Un engagement qu’elle avait accepté avec grande joie, pensant qu’elle rencontrerait un certain succès auprès du public madrilène. Comme la chanteuse le précise elle-même, comparés aux publics de représentations antérieures sur diverses scènes européennes, les spectateurs ibériques lui parurent froids. Ce qui agaça son jeune orgueil.
Son partenaire d’alors rencontra lui aussi l’affront du public, elle décida donc d’arrêter ses représentations en ces lieus. Ceci malgré la presse admirable, et malgré l’insistance de l’héroïque toréador, Don Luis Mazzantini. Don Luis, est présenté comme un personnage ayant autorité et recevant une admiration sans borne des madrilènes. Celle qui avait rêvé de devenir la cantatrice préférée des espagnols, attristée par l’attitude du public, ne voulait plus sortir, même pour aller visiter les musées.
Voulez-vous venir avec moi à la ganaderia, je dois y choisir des toros pour la course, cet ainsi que Félia Litvinne se remémore l’instant ou Luis Mazzantini leur proposa à elle et sa sœur d’aller faire un tour au campo. Malgré son amour des animaux, les cornes des bovidés provoquent l’effroi chez la soprano. Mais par bravade, elle accepta l’invitation. Parties dans un landau traîné par quatre chevaux, Félia Litvinne était habillée d’une robe rouge. Le fantasme de la couleur rouge excitant la nervosité des toros bravos étant déjà établit dans les esprits profanes à l’art tauromachique, la chanteuse marchait fièrement mais bien en arrière du maestro. Dans ce récit, la soprano rapporte que Don Luis lui fît remarqué la couleur de sa robe, et qu’il ne pourrait la sauver que difficilement si un bicho chargeait, car il n’avait pas sa cape avec lui. L’aficionado a los toros peut être surpris à la lecture de cette affirmation, aussi convient-il de prendre cette dernière avec un peu de recul. L’on peut mettre ceci sur le compte de la tentative de séduction de la part du torero, voulant pointer le danger de la situation et son courage à affronter des toros, car nous savons bien qu’il n’en est rien à propos de la couleur rouge et de l’agacement des toros. Ou bien nous pouvons mettre ceci sur le compte du souvenir lointain, car ce séjour madrilène était avant le mariage de Félia, ce qui remonte à avant 1893. Le récit étant publié en 1933, donc écrit aux portes des années 30, soit quelques quarante ans plus tard.
Très apeurée mais crânant tout de même, un gaucho vint chercher les toros quelque peu énervés par la présence humaine. Ce qui autorisa à ces dames et au torero, d’aller se restaurer dans une auberge contigüe à la ganaderia. La fin de cette journée au campo, fût marquée par ses mots de Don Luis envers la chanteuse, tout de même mes amies, vous êtes chic !… Il y a peu de dames espagnoles qui auraient accepté cette équipée.
Félia Litvinne ne dit rien de plus à propos de ce moment passé aux côtés de Luis Mazzantini, mais par ces quelques lignes, ces quelques mots qui nous sont rapportés de lui, nous retrouvons bien le torero que nous connaissons.
*« Tauromachie, propagation de la rage », de Jacques Durand, Claude Bleton, Christian Milovanoff, Actes Sud, La pensée de midi 2001/1, numéro 4, pages 172 à 175.
**« Ma vie et mon art », de Félia Litvinne (1860-1936) édité par la librairie Plon à Paris en 1933.
N’ayant pas eu le succès attendu sur les planches, Luis Mazzantini eut alors l’activité que nous lui connaissons dans les ruedos. Une carrière de torero que, Jacques Durand toujours, rapporte comme une réponse à une fuite d’un avenir qu’il voyait se profiler comme routinier, modeste et vulgaire. Sur ce dernier aspect, connaissant l’attirance de Don Luis pour les arts libéraux, il faut voir dans ce refus d’une condition vulgaire, un désir de distanciation vis-à-vis de ce qui ne sollicite pas l’éveil de l’esprit.Garder l’esprit éveillé, fuir le vulgaire intellectuel, était pour Don Luis la recherche d’une fréquentation assidue de la société bourgeoise. Etre aux côtés des élites intellectuelles de son époque, qu’elles soient politiques ou bien artistiques, être soi-même une référence dans son domaine d’activité, tel semble avoir été le crédo de Luis Mazzantini. Ce désir d’élévation sociale, qu’il serait fort mal de venu de railler de nos jours à la vue des nombreux candidats à toutes formes mêmes éphémères de reconnaissances, Don Luis l’entretenait. Nous le connaissons fréquenter Sarah Bernhard, le poète cubain Julian del Casal (1863-1893) lors de ses séjours à La Havana, et nous découvrons aussi qu’il rencontra Félia Litvinne (1860-1936) lors d’un séjour madrilène de cette dernière.
Félia Litvinne, de père russe et de mère canadienne, naturalisée française en 1893 de par son mariage, possédait aussi du sang écossais et français par son grand-père et sa grand-mère du côté maternel. Issue d’une famille qui marqua de son empreinte le sol canadien au XVIIIè siècle, ainsi que la lignée paternelle marqua la ville de Saint Pétersbourg en qualité d’ébénistes ayant entre autre restaurés divers palais, Félia découvre l’art lyrique à l’âge de 5 ans. De son véritable nom Françoise Jeanne Schütz, cette soprano qui chanta l’opéra surtout wagnérien, rapporte sa rencontre avec le diestro dans son récit « Ma vie et mon art »**. Une brève relation amicale, dans le cadre d’une prestation de la chanteuse au Théâtre Royal de Madrid. Un engagement qu’elle avait accepté avec grande joie, pensant qu’elle rencontrerait un certain succès auprès du public madrilène. Comme la chanteuse le précise elle-même, comparés aux publics de représentations antérieures sur diverses scènes européennes, les spectateurs ibériques lui parurent froids. Ce qui agaça son jeune orgueil.
Son partenaire d’alors rencontra lui aussi l’affront du public, elle décida donc d’arrêter ses représentations en ces lieus. Ceci malgré la presse admirable, et malgré l’insistance de l’héroïque toréador, Don Luis Mazzantini. Don Luis, est présenté comme un personnage ayant autorité et recevant une admiration sans borne des madrilènes. Celle qui avait rêvé de devenir la cantatrice préférée des espagnols, attristée par l’attitude du public, ne voulait plus sortir, même pour aller visiter les musées.
Voulez-vous venir avec moi à la ganaderia, je dois y choisir des toros pour la course, cet ainsi que Félia Litvinne se remémore l’instant ou Luis Mazzantini leur proposa à elle et sa sœur d’aller faire un tour au campo. Malgré son amour des animaux, les cornes des bovidés provoquent l’effroi chez la soprano. Mais par bravade, elle accepta l’invitation. Parties dans un landau traîné par quatre chevaux, Félia Litvinne était habillée d’une robe rouge. Le fantasme de la couleur rouge excitant la nervosité des toros bravos étant déjà établit dans les esprits profanes à l’art tauromachique, la chanteuse marchait fièrement mais bien en arrière du maestro. Dans ce récit, la soprano rapporte que Don Luis lui fît remarqué la couleur de sa robe, et qu’il ne pourrait la sauver que difficilement si un bicho chargeait, car il n’avait pas sa cape avec lui. L’aficionado a los toros peut être surpris à la lecture de cette affirmation, aussi convient-il de prendre cette dernière avec un peu de recul. L’on peut mettre ceci sur le compte de la tentative de séduction de la part du torero, voulant pointer le danger de la situation et son courage à affronter des toros, car nous savons bien qu’il n’en est rien à propos de la couleur rouge et de l’agacement des toros. Ou bien nous pouvons mettre ceci sur le compte du souvenir lointain, car ce séjour madrilène était avant le mariage de Félia, ce qui remonte à avant 1893. Le récit étant publié en 1933, donc écrit aux portes des années 30, soit quelques quarante ans plus tard.
Très apeurée mais crânant tout de même, un gaucho vint chercher les toros quelque peu énervés par la présence humaine. Ce qui autorisa à ces dames et au torero, d’aller se restaurer dans une auberge contigüe à la ganaderia. La fin de cette journée au campo, fût marquée par ses mots de Don Luis envers la chanteuse, tout de même mes amies, vous êtes chic !… Il y a peu de dames espagnoles qui auraient accepté cette équipée.
Félia Litvinne ne dit rien de plus à propos de ce moment passé aux côtés de Luis Mazzantini, mais par ces quelques lignes, ces quelques mots qui nous sont rapportés de lui, nous retrouvons bien le torero que nous connaissons.
*« Tauromachie, propagation de la rage », de Jacques Durand, Claude Bleton, Christian Milovanoff, Actes Sud, La pensée de midi 2001/1, numéro 4, pages 172 à 175.
**« Ma vie et mon art », de Félia Litvinne (1860-1936) édité par la librairie Plon à Paris en 1933.
samedi 9 janvier 2010
Ercilio Nuñez "Vidriales", peintre, novillero et humaniste.
L’an passé, nous avons eu connaissance d’une conférence donnée en Espagne et intitulée « Tauromachie, franc-maçonnerie et christianisme ». Le lecteur assidu de ces colonnes, aura deviné l’intérêt immédiat que nous a procuré cette annonce, et que, nous avons fait notre possible pour que depuis la France, nous puissions entrer en contact avec l’un des conférenciers. Depuis un an maintenant, une correspondance régulière et une réelle amitié s’est établie avec l’un d’entre eux, à savoir Ercilio Nuñez « Vidriales ».
Pour quelques aficionados a los toros des plus érudits venant régulièrement visiter ces colonnes, et nous savons qu’il y en a, ce nom ne leur sera probablement pas inconnu.
Ercilio Nuñez « Vidriales », ou « El Vidriales » suivant les sources, est né le 25 avril 1949 en Bercianos de Vidriales (Zamora). C’est en 1966, après avoir été bachelier, qu’il entre à l’école taurine de Zamora pour quelques mois. Il vît ensuite comme maletilla, et s’essaye pendant deux ans dans les capeas en vieille Castille, Valladolid, Palencia, Salamanca, Soria, Guadalajara, et bien d’autres. En 1969, notre torero porte pour la première fois le traje de luce, le 15 juin, comme sobresaliente dans la plaza de toros de Palencia. Dans ce même ruedo, le 29 juillet suivant, il débute aux côtés de Antonio « El Madriles », en estoquant un novillo de « Espinar » auquel il coupe un appendice. En 1971, Ercilio Nuñez est apodéré par Manulo Quintanilla, qui s’occupa en même de temps de José Ortega Cano avec lequel notre torero alterna. Une carrière taurine, qui fût malheureusement fractionnée par des arrêts de plusieurs années, occasionnés par des problèmes de santés. Malgré l’interruption d’un élan prometteur, tenant compte des novilladas sans et avec picadors, « El Vidriales » toréa plus de 200 fois. En 1984, il reçoit le trophée de la meilleure faena de la temporada en Figueras. Mais c’est en 1986, que Ercilio revêt pour la dernière fois l’habit de lumière, après une novillada à Cabanillas del Campo (Guadalajara). Définitivement éloigné des ruedos en traje de luce, Ercilio Nuñez n’en sera pas moins à la tête de l’organisation de quelques festejos taurinos entre 2001 et 2005, et actuellement il s’occupe de la peña « El Herren » de Huerta de Rey (Zamora), commune dans laquelle il occupe aussi des responsabilités politiques.
Ercilio Nuñez possède une autre corde à son arc, et lorsqu’il laissa les trastos taurinos, ce fût pour saisir ceux des arts picturaux. Car d’aussi loin qu’il s’en souvienne, c’est depuis l’âge de huit ans que Ercilio éprouve une forte attirance pour le dessin et la peinture, trouvant ses sources parmi les impressionnistes. Totalement autodidacte, apprenant pendant sa jeunesse en lisant des livres consacrés à de grands peintres et en analysant de ses yeux les tableaux qui le séduisent, Ercilio Nuñez trouve son inspiration au plus profond de son vécu. Comme sa tauromachie qui puisa sa force pendant ses années de maletilla, les œuvres de Ercilio sont issues d’une impulsion retenue, émotive et forte, le faisant passer de la souffrance intérieure avant de sortir jusqu’à l’extase, comme il le décrit lui-même, au moment où sa main guide le pinceau.
Réalisant plusieurs expositions, dont une en France à Dol de Bretagne, primé pour ses œuvres, une partie des toiles de Ercilio Nuñez « Vidriales » sont visibles sur son site internet (www.erciliovidriales.es/). Le lecteur de ces colonnes qui ne connaîtrait pas encore les réalisations de l’artiste, peut ainsi découvrir ses sentiments philosophiques, métaphysiques et mystérieux. Et à regarder ses toiles, l’on comprend pourquoi il fût conférencier sur un sujet tel que la tauromachie, le religieux et la franc-maçonnerie.
Pour quelques aficionados a los toros des plus érudits venant régulièrement visiter ces colonnes, et nous savons qu’il y en a, ce nom ne leur sera probablement pas inconnu.
Ercilio Nuñez « Vidriales », ou « El Vidriales » suivant les sources, est né le 25 avril 1949 en Bercianos de Vidriales (Zamora). C’est en 1966, après avoir été bachelier, qu’il entre à l’école taurine de Zamora pour quelques mois. Il vît ensuite comme maletilla, et s’essaye pendant deux ans dans les capeas en vieille Castille, Valladolid, Palencia, Salamanca, Soria, Guadalajara, et bien d’autres. En 1969, notre torero porte pour la première fois le traje de luce, le 15 juin, comme sobresaliente dans la plaza de toros de Palencia. Dans ce même ruedo, le 29 juillet suivant, il débute aux côtés de Antonio « El Madriles », en estoquant un novillo de « Espinar » auquel il coupe un appendice. En 1971, Ercilio Nuñez est apodéré par Manulo Quintanilla, qui s’occupa en même de temps de José Ortega Cano avec lequel notre torero alterna. Une carrière taurine, qui fût malheureusement fractionnée par des arrêts de plusieurs années, occasionnés par des problèmes de santés. Malgré l’interruption d’un élan prometteur, tenant compte des novilladas sans et avec picadors, « El Vidriales » toréa plus de 200 fois. En 1984, il reçoit le trophée de la meilleure faena de la temporada en Figueras. Mais c’est en 1986, que Ercilio revêt pour la dernière fois l’habit de lumière, après une novillada à Cabanillas del Campo (Guadalajara). Définitivement éloigné des ruedos en traje de luce, Ercilio Nuñez n’en sera pas moins à la tête de l’organisation de quelques festejos taurinos entre 2001 et 2005, et actuellement il s’occupe de la peña « El Herren » de Huerta de Rey (Zamora), commune dans laquelle il occupe aussi des responsabilités politiques.
Ercilio Nuñez possède une autre corde à son arc, et lorsqu’il laissa les trastos taurinos, ce fût pour saisir ceux des arts picturaux. Car d’aussi loin qu’il s’en souvienne, c’est depuis l’âge de huit ans que Ercilio éprouve une forte attirance pour le dessin et la peinture, trouvant ses sources parmi les impressionnistes. Totalement autodidacte, apprenant pendant sa jeunesse en lisant des livres consacrés à de grands peintres et en analysant de ses yeux les tableaux qui le séduisent, Ercilio Nuñez trouve son inspiration au plus profond de son vécu. Comme sa tauromachie qui puisa sa force pendant ses années de maletilla, les œuvres de Ercilio sont issues d’une impulsion retenue, émotive et forte, le faisant passer de la souffrance intérieure avant de sortir jusqu’à l’extase, comme il le décrit lui-même, au moment où sa main guide le pinceau.
Réalisant plusieurs expositions, dont une en France à Dol de Bretagne, primé pour ses œuvres, une partie des toiles de Ercilio Nuñez « Vidriales » sont visibles sur son site internet (www.erciliovidriales.es/). Le lecteur de ces colonnes qui ne connaîtrait pas encore les réalisations de l’artiste, peut ainsi découvrir ses sentiments philosophiques, métaphysiques et mystérieux. Et à regarder ses toiles, l’on comprend pourquoi il fût conférencier sur un sujet tel que la tauromachie, le religieux et la franc-maçonnerie.
Si à notre humble avis, il doit y en avoir une parmi toutes celles qu’a réalisé l’artiste, résumant à merveille l’ensemble de la symbolique commune entre la tauromachie et la franc-maçonnerie, il s’agit du tableau illustrant cet article. Une œuvre reproduite ici avec l’autorisation de l’artiste, tout comme il nous autorisa à aborder son intérêt pour la franc-maçonnerie. L’on y voit un torero effectuant le paseo, remontant vers la Lumière en logeant un pavé mosaïque dans le sens dextrogyre. Cette Lumière symbolisée par le soleil ainsi que par l’œil du démiurge, du Grand Architecte de L’Univers. Mais d’autres représentations symbolique sont présentes dans cet œuvre, tout comme dans bon nombre d’autres que nous propose Ercilio Nuñez « Vidriales », peintre, novillero et humaniste.
samedi 2 janvier 2010
"Arènes sanglantes", suite...
Il y a quelques mois sur ces colonnes, nous avons publié deux articles concernant le roman de Vicente Blasco Ibañez « Arènes sanglantes » (Sangre y arena). Cette œuvre, se déroulant dans le monde de la corrida de toros, fût abordée sous un aspect assez particulier, puisque il a été souhaité de déceler dans ses lignes, des éventuelles relations symboliques avec la franc-maçonnerie. Ceci non pas afin de vouloir enrichir à tout prix ces colonnes d’une nouvelle perception entre cette association philosophique et la tauromachie, mais tout simplement parce que Vicente Blasco Ibañez était lui-même franc-maçon, comme nous l’avons déjà mentionné lors d’articles précédents, et comme la biographie de cet auteur le démontre.
L’idée d’essayer de percevoir dans ce roman quelques allusions aux mystères de la franc-maçonnerie, s’est faite jour lors du travail sur le manuscrit de « L’équerre, le compas, les toros », suite à des lectures qui laissaient apparaître que des réalisateurs, auteurs, compositeurs ou bien encore musiciens qui furent ou sont francs-maçons, ont laissé poindre dans leurs réalisations des liens allégoriques avec leur cheminement maçonnique. Comme la franc-maçonnerie n’est pas si distante que cela avec l’art de Cuchares, au grand damne des anti-taurins véhiculant l’idée infondée et fallacieuse que la corrida de toros est seule en accointance avec l’idéologie franquiste*, alors que ces mêmes contempteurs taurins s’en prennent à notre droit et liberté propre d’aimer la tauromachie, nous avons débuté la lecture certes atypique mais combien surprenante de « Arènes sanglantes ».
En ce début de temporada, et avant de retourner sur les tendidos dans quelques semaines, nous poursuivons donc la démarche par ce nouvel article, qui en appellera d’autres, en nous arrêtant cette fois au début du troisième chapitre du roman « Arènes sanglantes ». A ce moment de la lecture, il est en effet intéressant de constater que le héros, Juan Gallardo, matador de toros, maestro comme l’on appelle aussi les matadors d’alternatives, se trouve être orphelin de père. Sa mère, la señora Angustias, était l’épouse d’un savetier sevillan. Contrairement à un comte mathématique et philosophique contemporain**, le savetier de « Arènes sanglantes » est présenté comme étant plus enclin a aller boire un verre de vin et a aller aux arènes, que de s’interroger sur la suite de Fibonacci, mais aussi que d’assister son épouse pour élever leurs enfants. Les anti-flamenquistes ont pu trouver dans cette présentation du père du torero, de quoi insulter la corrida qui amènerait à devenir alcoolique et à délaisser épouse et enfants.
Cette mère portant seule le poids de la charge familiale, avait mis au monde la fratrie de la famille Gallardo, composée de Juan et de sa sœur Encarnación. Il n’aura pas échappé ici au lecteur et la lectrice avisé de ces colonnes, intéressé par quelques histoires symboliques et philosophiques, que Juan Gallardo, maître-torero, est le fils d’une veuve, tout comme maître Hiram, personnage central de la dramaturgie maçonnique au troisième degré.
Afin d’être quelque peu précis, il est à noter que deux personnages légendaires ont porté le nom de Hiram. Le premier, roi de Tyr, est connu pour ses relations avec le roi Salomon et la reine de Saba, et se trouve d’après des spécialistes, mentionné dans quelques textes d’occultismes d’influence rosicrucienne. Mais ce roi Hiram est très peu rencontré dans la tradition maçonnique. Toutefois des textes rapportent que Hiram Abi (ou Hiram Abiff) de son patronyme de naissance, était le fils du roi de Tyr, et que ce dernier décédé, c’est son fils qui s’attela à la tâche de la construction du temple de Salomon. Mais si il doit y avoir juxtaposition entre le héros du roman de Blasco Ibañez et le maître Hiram de la franc-maçonnerie, c’est du côté d’une autre vision de l’architecte du temple de Salomon qu’il faut regarder.
Dans la dramaturgie maçonnique, qui fait apparaître Hiram dès les rituels du XVIIIè siècle et qui fût même évoqué en 1717 dans les Constitutions fondatrices de la franc-maçonnerie et rédigée par le pasteur Anderson, l’architecte du temple du roi Salomon, a bien perdu son père, mais ce dernier était un artisan du bronze. Ici aussi, le lecteur et la lectrice intéressés par quelques histoires symboliques et philosophiques, aura remarqué que le père de Hiram, tout comme celui de Juan Gallardo, travaillait de ses mains, tout deux étaient artisans. Coïncidence, ou ressemblance volontaire voulue par Vicente Blasco Ibañez ? Etant donné l’initiation en franc-maçonnerie de l’auteur, et de son attachement pour cet idéal, nous pencherons pour la seconde version. Car de plus, même pour souligner une condition familiale de pauvreté, rien n’obligeait l’auteur de « Arènes sanglantes » à donner une pratique professionnelle artisanale au père du torero, une activité de paysan aurait tout aussi bien été signifiante d’une condition très modeste.
Afin de couper court à une éventuelle dérision que pourraient être tentés d’apporter quelques personnes envers ce qui vient d’être écrit, le lecteur doit savoir que nous sommes tout à fait conscients que l’on peut faire dire tout et n’importe quoi lors de l’interprétation d’une lecture, et d’autant plus lorsque l’auteur est passé à l’orient éternel. Mais nous ne pouvons pas occulter cette similitude entre le torero, personnage central de l’œuvre du romancier ibérique, et maître Hiram. Et cela ne s’arrête pas la en ce début de troisième chapitre du roman, car comme évoqué plus haut, Juan Gallardo se trouve donc être le fils d’une veuve, tout comme maître Hiram architecte du temple du roi Salomon. Coïncidence ici aussi , ou volonté de l’auteur ?
Maître Hiram était architecte qui excellait dans divers corps de métiers, que ce soit le dessin, la fonderie, les tissus, la métallurgie. Il était maître dans l’art de construire, connaissant les différents métiers nécessaires à l’édification du temple. Comme Juan Gallardo et maître Hiram étant orphelins de pères, et donc chacun fils d’une veuve qui à la charge de leur éducation, l’on ne peut s’empêcher de réaliser une nouvelle comparaison entre ces deux personnages, l’un légendaire et l’autre héros d’un roman. Une comparaison qui est de voir dans l’accès au firmament de la profession du torero, la nécessaire maîtrise des arts qui compose l’art de Cuchares. Le métier de tisserand connu de l’architecte se retrouve dans les goûts vestimentaires du matador, le dessin dans la réalisation des passes de cape et autres muletazos. La métallurgie, métier combien complexe dans la composition des alliages et des résistances des métaux, se retrouve dans la juste connaissance de la lidia, qui se doit d’être adaptée à chaque toro affronté, car ce dernier étant Un et unique.
Même si les ressemblances entre Hiram et le personnage de Juan Gallardo inventé par Vicente Blasco Ibañez sont bien perceptibles, et nous invitent à croire que l’auteur a souhaité laissé poindre des liens entre son roman qui se déroule dans le monde des toros et sa connaissance de la franc-maçonnerie, nous n’oserons pas affirmer que l’auteur alla jusqu’à glisser dans son œuvre des détails allégoriques plus ou moins occultes. Mais maître Hiram connut une mort tragique, par sa rencontre avec trois mauvais compagnons, avides d’accéder aux connaissances des maîtres. Juan Gallardo rencontra-t-il aussi des mauvais compagnons ?
(A suivre…)
*L’engagement de gens du mundillo taurino, et notamment la « Brigade des toreros », démontre bien le contraire. Ceci sans oublier que des corridas de toros étaient données dans la Barcelona républicaine. Et que parmi les toreros, comme chez les différents acteurs du monde taurin, il y eut des francs-maçons. Il est à savoir que pour ces derniers, entre 1936 et 1975, pas moins de 16000 espagnols furent exterminés pour des relations avec la franc-maçonnerie. Le général Franco, dont le père et le frère étaient eux-mêmes francs-maçons, eut comme obsession de pourchasser les francs-maçons qu’il accusait de bon nombre de maux. Aujourd’hui, les membres de la franc-maçonnerie ibérique seraient au nombre de 4000, contre 250 000 en France (pour ceux qui adhèreraient aux idées d’une certaine presse voyant une immense influence maçonnique, les francs-maçons français sont moins nombreux que les membres réunis des deux principaux groupes politiques de l’hexagone).
**A ce sujet, lire « La spirale de l’escargot », de Armand Herscovici, paru en France aux éditions Seuil en 2000.
L’idée d’essayer de percevoir dans ce roman quelques allusions aux mystères de la franc-maçonnerie, s’est faite jour lors du travail sur le manuscrit de « L’équerre, le compas, les toros », suite à des lectures qui laissaient apparaître que des réalisateurs, auteurs, compositeurs ou bien encore musiciens qui furent ou sont francs-maçons, ont laissé poindre dans leurs réalisations des liens allégoriques avec leur cheminement maçonnique. Comme la franc-maçonnerie n’est pas si distante que cela avec l’art de Cuchares, au grand damne des anti-taurins véhiculant l’idée infondée et fallacieuse que la corrida de toros est seule en accointance avec l’idéologie franquiste*, alors que ces mêmes contempteurs taurins s’en prennent à notre droit et liberté propre d’aimer la tauromachie, nous avons débuté la lecture certes atypique mais combien surprenante de « Arènes sanglantes ».
En ce début de temporada, et avant de retourner sur les tendidos dans quelques semaines, nous poursuivons donc la démarche par ce nouvel article, qui en appellera d’autres, en nous arrêtant cette fois au début du troisième chapitre du roman « Arènes sanglantes ». A ce moment de la lecture, il est en effet intéressant de constater que le héros, Juan Gallardo, matador de toros, maestro comme l’on appelle aussi les matadors d’alternatives, se trouve être orphelin de père. Sa mère, la señora Angustias, était l’épouse d’un savetier sevillan. Contrairement à un comte mathématique et philosophique contemporain**, le savetier de « Arènes sanglantes » est présenté comme étant plus enclin a aller boire un verre de vin et a aller aux arènes, que de s’interroger sur la suite de Fibonacci, mais aussi que d’assister son épouse pour élever leurs enfants. Les anti-flamenquistes ont pu trouver dans cette présentation du père du torero, de quoi insulter la corrida qui amènerait à devenir alcoolique et à délaisser épouse et enfants.
Cette mère portant seule le poids de la charge familiale, avait mis au monde la fratrie de la famille Gallardo, composée de Juan et de sa sœur Encarnación. Il n’aura pas échappé ici au lecteur et la lectrice avisé de ces colonnes, intéressé par quelques histoires symboliques et philosophiques, que Juan Gallardo, maître-torero, est le fils d’une veuve, tout comme maître Hiram, personnage central de la dramaturgie maçonnique au troisième degré.
Afin d’être quelque peu précis, il est à noter que deux personnages légendaires ont porté le nom de Hiram. Le premier, roi de Tyr, est connu pour ses relations avec le roi Salomon et la reine de Saba, et se trouve d’après des spécialistes, mentionné dans quelques textes d’occultismes d’influence rosicrucienne. Mais ce roi Hiram est très peu rencontré dans la tradition maçonnique. Toutefois des textes rapportent que Hiram Abi (ou Hiram Abiff) de son patronyme de naissance, était le fils du roi de Tyr, et que ce dernier décédé, c’est son fils qui s’attela à la tâche de la construction du temple de Salomon. Mais si il doit y avoir juxtaposition entre le héros du roman de Blasco Ibañez et le maître Hiram de la franc-maçonnerie, c’est du côté d’une autre vision de l’architecte du temple de Salomon qu’il faut regarder.
Dans la dramaturgie maçonnique, qui fait apparaître Hiram dès les rituels du XVIIIè siècle et qui fût même évoqué en 1717 dans les Constitutions fondatrices de la franc-maçonnerie et rédigée par le pasteur Anderson, l’architecte du temple du roi Salomon, a bien perdu son père, mais ce dernier était un artisan du bronze. Ici aussi, le lecteur et la lectrice intéressés par quelques histoires symboliques et philosophiques, aura remarqué que le père de Hiram, tout comme celui de Juan Gallardo, travaillait de ses mains, tout deux étaient artisans. Coïncidence, ou ressemblance volontaire voulue par Vicente Blasco Ibañez ? Etant donné l’initiation en franc-maçonnerie de l’auteur, et de son attachement pour cet idéal, nous pencherons pour la seconde version. Car de plus, même pour souligner une condition familiale de pauvreté, rien n’obligeait l’auteur de « Arènes sanglantes » à donner une pratique professionnelle artisanale au père du torero, une activité de paysan aurait tout aussi bien été signifiante d’une condition très modeste.
Afin de couper court à une éventuelle dérision que pourraient être tentés d’apporter quelques personnes envers ce qui vient d’être écrit, le lecteur doit savoir que nous sommes tout à fait conscients que l’on peut faire dire tout et n’importe quoi lors de l’interprétation d’une lecture, et d’autant plus lorsque l’auteur est passé à l’orient éternel. Mais nous ne pouvons pas occulter cette similitude entre le torero, personnage central de l’œuvre du romancier ibérique, et maître Hiram. Et cela ne s’arrête pas la en ce début de troisième chapitre du roman, car comme évoqué plus haut, Juan Gallardo se trouve donc être le fils d’une veuve, tout comme maître Hiram architecte du temple du roi Salomon. Coïncidence ici aussi , ou volonté de l’auteur ?
Maître Hiram était architecte qui excellait dans divers corps de métiers, que ce soit le dessin, la fonderie, les tissus, la métallurgie. Il était maître dans l’art de construire, connaissant les différents métiers nécessaires à l’édification du temple. Comme Juan Gallardo et maître Hiram étant orphelins de pères, et donc chacun fils d’une veuve qui à la charge de leur éducation, l’on ne peut s’empêcher de réaliser une nouvelle comparaison entre ces deux personnages, l’un légendaire et l’autre héros d’un roman. Une comparaison qui est de voir dans l’accès au firmament de la profession du torero, la nécessaire maîtrise des arts qui compose l’art de Cuchares. Le métier de tisserand connu de l’architecte se retrouve dans les goûts vestimentaires du matador, le dessin dans la réalisation des passes de cape et autres muletazos. La métallurgie, métier combien complexe dans la composition des alliages et des résistances des métaux, se retrouve dans la juste connaissance de la lidia, qui se doit d’être adaptée à chaque toro affronté, car ce dernier étant Un et unique.
Même si les ressemblances entre Hiram et le personnage de Juan Gallardo inventé par Vicente Blasco Ibañez sont bien perceptibles, et nous invitent à croire que l’auteur a souhaité laissé poindre des liens entre son roman qui se déroule dans le monde des toros et sa connaissance de la franc-maçonnerie, nous n’oserons pas affirmer que l’auteur alla jusqu’à glisser dans son œuvre des détails allégoriques plus ou moins occultes. Mais maître Hiram connut une mort tragique, par sa rencontre avec trois mauvais compagnons, avides d’accéder aux connaissances des maîtres. Juan Gallardo rencontra-t-il aussi des mauvais compagnons ?
(A suivre…)
*L’engagement de gens du mundillo taurino, et notamment la « Brigade des toreros », démontre bien le contraire. Ceci sans oublier que des corridas de toros étaient données dans la Barcelona républicaine. Et que parmi les toreros, comme chez les différents acteurs du monde taurin, il y eut des francs-maçons. Il est à savoir que pour ces derniers, entre 1936 et 1975, pas moins de 16000 espagnols furent exterminés pour des relations avec la franc-maçonnerie. Le général Franco, dont le père et le frère étaient eux-mêmes francs-maçons, eut comme obsession de pourchasser les francs-maçons qu’il accusait de bon nombre de maux. Aujourd’hui, les membres de la franc-maçonnerie ibérique seraient au nombre de 4000, contre 250 000 en France (pour ceux qui adhèreraient aux idées d’une certaine presse voyant une immense influence maçonnique, les francs-maçons français sont moins nombreux que les membres réunis des deux principaux groupes politiques de l’hexagone).
**A ce sujet, lire « La spirale de l’escargot », de Armand Herscovici, paru en France aux éditions Seuil en 2000.
jeudi 24 décembre 2009
Fin d'année taurine ... nouvelle année taurine...
L’aficionado a los toros aime, à la fin de l’année, effectuer le bilan de son activité tauromachique. Mais que le lecteur se rassure, l’activité de blog taurin atypique y échappera, il est nullement question dans ce billet, de regarder les premiers mois d’activités sur ces colonnes. Chacun et chacune, lecteur d’un jour, occasionnel ou bien assidu, aura lu les différents articles proposés, et de lui-même, fait sa propre opinion sur l’intérêt des textes proposés. Quant à la fréquentation de ce blog, le compteur parle à lui tout seul. Il est toutefois bon de rappeler ici, que ces colonnes n’ont reçu aucune publicité sur des sites ou blogs dont la fréquentation est extrêmement élevée. Seuls quelques amis animateurs d’autres blogs, ont mis en lien « Les deux arts », ceci de part l’amitié partagée sur les tendidos, ou la curiosité des sujets proposés.
Point de bilan disions-nous. Certes le mois de décembre marque la fin de l’année calendaire, mais pas la fin de toute activité. Même si pour quelques adorateurs des peurs sociétales, il se pourrait que le temps stoppe son œuvre en 2012, ou bien encore un peu plus tard avec les catastrophes que nous prédisent les adeptes de l’écologie politique. Une fin d’année où le vote catalan à propos de la tauromachie dans cette région, ne s’est pas soldé par le raz de marée annoncé par les abolitionnistes, et dont le débat va se poursuivre en montrant sa vraie nature. Une nature qui est tout d’abord un désir de supprimer dans cette région, tout ce qui a un lien avec le pouvoir de Madrid, et de s’en prendre aux libertés de ceux et celles qui ne conçoivent pas la vie comme eux.
Mais, chose curieuse pour nous qui nous intéressons ici-même à la tauromachie ainsi qu'aux sociétés initiatiques, cette atteinte au respect de la différence, s'est faite jour aussi à l’issue d’un vote au sein de la principale obédience maçonnique française, un vote négatif à propos de l’initiation féminine dans la structure. Divers journaux et autres sites internets, rapportent ce fait depuis le mois de septembre 2009, occultant volontairement le fond du sujet. Des quotidiens, hebdomadaires et blogs, ont critiqué la forme de ce refus, alors qu’il y eut un vote démocratique. Oubliant même de préciser que la franc-maçonnerie propose depuis des décennies des obédiences entièrement masculines ou bien exclusivement féminines, mais aussi mixtes. Une demande de mixité sexuelle, qui masque le manque d’une réelle mixité sociale. Ceci amenant même des attaques entre frères sur des forums, qui vont jusqu’à qualifier d’obscurantistes, et prédisant même lors d’échanges le port de la burka pour les femmes des frères considérés comme « non ouverts ». Pourtant, lors de leurs candidatures, ces membres désireux de la mixité sexuelle mais non sociétale, avaient la possibilité d’adhérer à une obédience mixte, et ont même la possibilité de changer d’obédience de nos jours. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait, et le font-ils pas ? Mystère !
Chose amusante, ce sujet fût rapidement donné en exemple il y a peu par un intervenant sur un forum tauromachique. Une reprise sous la forme d’une seule phrase, lors d’une intervention laissant à penser à une misogynie exacerbée, plutôt qu’à une connaissance réelle du sujet.
Ce qui paraît surprenant de la part d’un mouvement philosophique dont les membres sont soient disant respectueux des avis différents, mais dont quelques uns n’hésitent pas à vouloir imposer leur vision, n’est malheureusement pas surprenant de la part des contempteurs taurins. Ces derniers, ayant profités de l’inaction de l’afición pendant bien longtemps, se sont fédérés et structurés au point de répandre à loisir leur morale sociétale, et insultants dans la plus parfaite impunité les aficionados a los toros. Pour contrer cela, une partie des aficionados réagit depuis quelques temps, et le dernier congrès de l’Union des Villes Taurines de France, vient d’officialiser la démarche pour une demande de reconnaissance de la tauromachie auprès de l’UNESCO. Bien entendu, la démarche ne plaît pas à l’ensemble des aficionados français, pour des raisons qui leurs sont propres et toutes respectables. Mais il n’empêche que devant le désaccord, une fois de plus dirions-nous, pour certains aficionados a los toros en cette fin d’année, c’est un sentiment d’afición désabusée qui se fait jour. Quand arriverons-nous à être d'accord au moins sur ce point ?
Point de bilan disions-nous. Certes le mois de décembre marque la fin de l’année calendaire, mais pas la fin de toute activité. Même si pour quelques adorateurs des peurs sociétales, il se pourrait que le temps stoppe son œuvre en 2012, ou bien encore un peu plus tard avec les catastrophes que nous prédisent les adeptes de l’écologie politique. Une fin d’année où le vote catalan à propos de la tauromachie dans cette région, ne s’est pas soldé par le raz de marée annoncé par les abolitionnistes, et dont le débat va se poursuivre en montrant sa vraie nature. Une nature qui est tout d’abord un désir de supprimer dans cette région, tout ce qui a un lien avec le pouvoir de Madrid, et de s’en prendre aux libertés de ceux et celles qui ne conçoivent pas la vie comme eux.
Mais, chose curieuse pour nous qui nous intéressons ici-même à la tauromachie ainsi qu'aux sociétés initiatiques, cette atteinte au respect de la différence, s'est faite jour aussi à l’issue d’un vote au sein de la principale obédience maçonnique française, un vote négatif à propos de l’initiation féminine dans la structure. Divers journaux et autres sites internets, rapportent ce fait depuis le mois de septembre 2009, occultant volontairement le fond du sujet. Des quotidiens, hebdomadaires et blogs, ont critiqué la forme de ce refus, alors qu’il y eut un vote démocratique. Oubliant même de préciser que la franc-maçonnerie propose depuis des décennies des obédiences entièrement masculines ou bien exclusivement féminines, mais aussi mixtes. Une demande de mixité sexuelle, qui masque le manque d’une réelle mixité sociale. Ceci amenant même des attaques entre frères sur des forums, qui vont jusqu’à qualifier d’obscurantistes, et prédisant même lors d’échanges le port de la burka pour les femmes des frères considérés comme « non ouverts ». Pourtant, lors de leurs candidatures, ces membres désireux de la mixité sexuelle mais non sociétale, avaient la possibilité d’adhérer à une obédience mixte, et ont même la possibilité de changer d’obédience de nos jours. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait, et le font-ils pas ? Mystère !
Chose amusante, ce sujet fût rapidement donné en exemple il y a peu par un intervenant sur un forum tauromachique. Une reprise sous la forme d’une seule phrase, lors d’une intervention laissant à penser à une misogynie exacerbée, plutôt qu’à une connaissance réelle du sujet.
Ce qui paraît surprenant de la part d’un mouvement philosophique dont les membres sont soient disant respectueux des avis différents, mais dont quelques uns n’hésitent pas à vouloir imposer leur vision, n’est malheureusement pas surprenant de la part des contempteurs taurins. Ces derniers, ayant profités de l’inaction de l’afición pendant bien longtemps, se sont fédérés et structurés au point de répandre à loisir leur morale sociétale, et insultants dans la plus parfaite impunité les aficionados a los toros. Pour contrer cela, une partie des aficionados réagit depuis quelques temps, et le dernier congrès de l’Union des Villes Taurines de France, vient d’officialiser la démarche pour une demande de reconnaissance de la tauromachie auprès de l’UNESCO. Bien entendu, la démarche ne plaît pas à l’ensemble des aficionados français, pour des raisons qui leurs sont propres et toutes respectables. Mais il n’empêche que devant le désaccord, une fois de plus dirions-nous, pour certains aficionados a los toros en cette fin d’année, c’est un sentiment d’afición désabusée qui se fait jour. Quand arriverons-nous à être d'accord au moins sur ce point ?
Comme le débat sur la mixité sexuelle est récurent depuis des années dans les murs de la principale obédience maçonnique française, nous sommes en droit de craindre que toute initiative pour s’efforcer de rendre pérenne la culture taurine, ne devienne tout aussi redondante. Et l’on en est presque à parier que dans ce domaine aussi, dans un an nous en serrons au même point quant à la fédération de l’afición française pour combattre ceux et celles qui en veulent à notre liberté de vivre comme nous l’entendons, à savoir aimer la tauromachie.
Alors que pendant que des tolérants pourfendent ceux qui ne voient pas leurs vies associatives comme eux, que l’afición hexagonale reste divisée sur des actions ou non actions à mener, des passionnés de tauromachie continuent leur cheminement. Cheminement que nous reprendrons ici-même dès les premiers jours du mois de janvier. En attendant, nous espérons que pour tous ceux et celles, visiteurs assidus de ces colonnes, la prochaine année apportera force et vigueur pour mener à bien leurs souhaits les plus chers.
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