mardi 8 septembre 2009

Lumières (2).


Il y a quelques jours lors d’un précédent texte qui se voulait aborder le sens de la déambulation des acteurs taurins, ceci parallèlement à celui d’acteurs philosophiques comme les francs-maçons, il a été mis en avant que la marche dextrogyre symbolisait un cheminement sur le plan de la lumière. Ceci étant abordé entre la lumière-symbole et la lumière métaphore, frontière assez floue, indécise, sur laquelle ce sujet est souvent évoqué.

La lumière et sa mise en relation avec l’obscurité, représentent les valeurs d’une évolution, et par cela celle de l’homme intéressé par une recherche dans un mouvement philosophique ou bien aficionado, et qui déroule sa propre marche vers le moment ultime. Ce moment redouté par tous, obsédant au point que certains veulent effacer tout ce qui peut nous y faire songer, comme vouloir interdire la tauromachie, ou bien obsédant au point d’y penser, d’y réfléchir sans en éprouver la moindre honte. Mais ce cheminement vers l’ultime est réalisé au rythme d’époques sombres et d’instants plus lumineux, qui se révèlent à mesure des réflexions et des doutes de ceux qui cherchent.

La lumière permettant de faire apparaître les choses en toutes clartés, il n’est donc pas étonnant qu’elle se retrouve symboliquement dans la corrida, et tout d’abord lorsque les acteurs vont la chercher vers la présidence qui dirige, mais surtout qui éclaire la course. Ce terme d’éclairer peut paraître surprenant, notamment employé afin de qualifier la présidence, d’autant plus que la fonction de cette dernière est de plus en plus galvaudé, ayant perdu ses repères initiaux. Une modification du rôle, pas uniquement sur le plan taurin, mais aussi dans notre quotidien, sur le plan politique, associatif. Mais passons outre et n’oublions pas qu’une présidence est la pour diriger une assemblée, ne pas automatiquement délibérer pour elle, mais l’aider dans ses délibérations. C’est ici que nous trouvons le sens de l’éclairage qu’elle doit apporter.

Par cet éclairage, la présidence symbolisant la lumière, apporte sa connaissance. Une connaissance des Constitutions, du règlement, des fondamentaux, garant de leurs applications. Pouvoir prétendre à appliquer la connaissance, signifie non seulement qu’elle connaît elle-même, mais que ceux à qui elle s’adresse, même si ils ne connaissent que succinctement, font l’effort eux aussi d’aller vers cette connaissance, vers la lumière. Et malheureusement, l’on trouve parmi les participants des principaux sujets évoqués sur ces colonnes, des personnes ne cherchant pas réellement à cheminer vers la lumière. Préférant recevoir, voire parfois en critiquant, sans même faire la démarche de recherche personnelle. C’est en ce sens qu’ils ne pratiquent pas symboliquement la marche intérieure dextrogyre, déjà abordée dans le précédent article sur le sujet. Ils vont vers la lumière représentée par cette présidence, pour être éclairés d’elle, mais ne font pas d’efforts supplémentaires, préférant être passifs plutôt qu’acteurs.

Que ce soit les francs-maçons dans leurs rituels, ou bien les toreros, déambuler vers la droite, ne semble pas être innocent, même si l’on s’accorde à y trouver à première vue un sens désiré pour les premiers et une coïncidence pour les seconds. Pourtant, la déambulation des toreros lorsqu’ils effectuent la vuelta dans les arènes, est somme toute symbolique, et à bien y regarder elle passerait pour voulue ici aussi.
Si le torero allait vers la gauche après son combat, il irait vers le sinistre, qui en latin « sinistra » veut dire la main gauche. L’on peut y voir ici un refus de prendre la route vers la pénombre, et ainsi montrer de façon allégorique, que le torero à l’issue de son combat ou il a acquis une certaine connaissance, est en route pour une un autre combat, une autre connaissance de l’art de Cuchares. A contrario, la passe de muleta symbole de pureté qu’est la passe naturelle, est exécutée de la droite vers la gauche. Elle prend sa source du côté lumineux pour terminer vers l’ombre. Si un jour l’on rencontrait un matador à la recherche de la pureté absolue de son toreo, sensible aux fondements taurins au point d’apporter cette connotation allégorique à son expression dans le ruedo plutôt qu’une recherche perpétuelle de postures pour paraître, cette suerte serait réalisée à la fin de la faena. Symbolisant ainsi dans ce travail de la droite vers la gauche, la fin de la vie. L’expression de celui qui a approché sa lumière durant le combat, qui a amené la lidia au plus haut point possible de cette rencontre ponctuelle avec le toro, et qui une fois la connaissance tutoyée, accepte de retourner vers les ténèbres, celles qui nous attendent tous et toutes.

Pour le torero qui n’a pas réussi à trouver les clés lui permettant de passer outre l’énigme que présentait le toro dans son comportement durant le combat, ne pas se voir le droit d’effectuer la vuelta, signifie symboliquement qu’il reste dans l’ombre de son échec. Que seule une lidia victorieuse lui donnera l’autorisation de poursuivre son cheminement vers la lumière. Pour le maestro qui a compris et résolu cette énigme, dont le public a reconnu son travail pour cela, le matador se voit autoriser à poursuivre son chemin vers la lumière de la connaissance, fort de son expérience précédente.
Il est alors toutefois intéressant d’observer que c’est le public qui autorise le cheminement vers cette lumière une fois la lidia terminée, démontrant ainsi que la corrida de toros est aussi d’essence démocratique. Mais le but n’étant pas de faire d’avantage soulever les interrogations ou autres étonnements à lire une approche assez atypique de la tauromachie, nous pourrons revenir plus tard sur ce point.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais lors de la vuelta, le torero tourne à gauche, pas à droite... ?

isa du moun

Lionel a dit…

Il déambule sur sa propre droite... donc il tourne bien de façon dextrogyre...