Les deux sujets communément traités sur ces colonnes, et qui font l’intérêt, à la vue du nombre régulier de visiteurs, de ce blog atypique qui semble être unique en son genre, appellent à de multiples interrogations. Des interrogations initiées il y a déjà presque une quinzaine d’année, lorsque la curiosité poussa à porter un regard plus soutenu sur le mouvement philosophique qui nous intéresse principalement ici, et nous montra que en quelques domaines, il y a avait des accointances avec la tauromachie. A mesure des recherches et investigations, l’on arrive, même si l’on est qu’un modeste amateur, à dénicher des informations qui enlèvent certains doutes, mais d’autres informations qui aussi rajoutent des interrogations.
Et parmi ces nombreux questionnements, il en est un revenant fréquemment, qui est de savoir qui et combien de personnalités plus ou moins connues du mundillo, auraient pu être, voire ont été, membres de la franc-maçonnerie. Il n’est pas question ici de singer cette « presse » plus adepte du racolage que de la véritable information, et qui nous ressasse à intervalles réguliers les mêmes fantasmes de complots, pouvoirs, et autres ramifications supposées, jusqu’à parfois des liens imaginaires et surtout non vérifiés, avec le Prieuré de Sion voire l’affaire du trésor présumé de Rennes le Château*. Ces choses qui pourraient être risibles, mais qui en fait, attristent à l’idée qu’elles ne font que perdurer des idées reçues, que tout le monde sait n’être que le fruit de mauvaises intentions. Il n’est donc pas question de cela sur ces colonnes, et si l’interrogation sur qui et combien d’acteurs taurins ont été franc-maçons est toutefois bien la, c’est que pour l’aficionado a los toros véritablement passionné, il est des réponses pouvant être ainsi apportées notamment vis à vis de quelques acteurs taurins.
Mais outre les noms de toreros dont l’on sait qu’ils furent franc-maçons, comme Bernardo Casielles Puerta, « Cantinflas », Luis Mazzantini, il serait intéressant de savoir si d’autres acteurs, n’auraient pas eu les deux centres d’intérêts. Les informations étant assez difficiles à acquérir, notamment parce que la dernière dictature espagnole fît disparaître beaucoup de documents, et qu’il fût préférable aux franc-maçons de ne pas se faire connaître, ceci malgré que Franco était lui-même fils et frère de franc-maçon, quelques interrogations ne trouvent donc que des réponses supposées. A regarder l’histoire de la franc-maçonnerie espagnole, l’on constate des patronymes qui existent aussi dans le monde taurin. Comme entre autre Urquijo. Mais n’ayant à ce jour aucune information plus précise, malgré les investigations, qui espérons le, porterons leurs fruits assez rapidement, intéressons nous le temps d’un article à un autre domaine. A savoir la possibilité de franc-maçons impliqués dans la construction des arènes de Las Ventas.
Soyons honnêtes dès maintenant, il n’y a aucune réponse ferme et définitive à ce jour, tout n’est de l’ordre de la supposition. Mais à lire l’étude de Olivia Salmon Monviola intitulée « Une frontière dans la ville : les franc-maçons dans la ville de Madrid (1900-1936)** », l’on peut laisser aller l’imagination.
L’actuelle plaza de toros de Las Ventas à Madrid, située calle Alcalá, fût inaugurée le 21 octobre 1931. Nous sommes donc en pleine période étudiée par Olivia Salmon Monviola. Et à ce moment la, il est intéressant de noter que c’était sur la calle Alcalá qu’était situé le Café de Madrid qui était le point de rencontre des créateurs de la génération de 98 , mais aussi l’un des lieux emblématiques de la sociabilité culturelle madrilène, à savoir le Café del Gato Negro. Dans les cafés justement, se déroulaient les tertulias, tout comme aussi dans les rédactions des journaux. Ces rencontres principalement d’intellectuels, étaient informelles et quotidiennes, composantes d’un ensemble de sociabilité propre à la capitale ibérique. Mais la calle Alcalá, c’était aussi à ce moment là, le cœur du triangle financier de la capitale, des activités économiques mais aussi politiques.
La franc-maçonnerie madrilène était composée de 37 loges, ainsi que de 3 chapitres philosophiques, qui sont des ateliers dits de « hauts grades » ou bien de « perfectionnements ». Ce chiffre de 37 loges, est, comme le précise l’auteure de l’étude, basé sur le nombre de lettres patentes pour chacune des obédiences présentes. Entre 1931 et 1936, c’est la Gran Logia Española qui connaît le plus grand essor dans la capitale, avec pas moins de 15 loges crées. Et c’est au 171 de la calle Alcalá, que s’installèrent les loges maçonniques de cette obédience.
Comme les loges maçonniques, sont le reflet des micros sociétés qui évoluent à l’intérieur de sociétés englobantes plus complexes, la géographie dans laquelle elles se développent, est, pour Olivia Salmon Monviola, une interaction des loges avec l’espace de sociabilité. Il semblerait donc qu’à cette époque, l’implantation des loges maçonniques, influe sur le tissus sociétal du quartier où elles se situent. Ces implantations dans des endroits à fortes concentrations humaines, proches des lieux des fréquentations familières aux madrilènes, facilitaient entre autre la pérennité des loges, par une facilité d’accès à la franc-maçonnerie pour toute une couche sociale.
A regarder avec attention le tableau des différentes catégories socioprofessionnelles qui composaient les loges maçonniques madrilènes de l’époque, l’on constate que outre les employés et fonctionnaires représentant 32% des franc-maçons, les gens du commerce et de l’industrie étaient au nombre de 13%, et les artisans représentaient 10% de la composante des loges. Au fait que l’implantation d’une loge d’alors, n’est pas étrangère à la catégorie socioprofessionnelle qui la compose, comme cela fût constaté à plusieurs reprises, comme des salariés des hôtels Ritz et Palace, dans une loge située à proximité, ou alors des acteurs et artistes membres de la loge « Hispanoaméricana » proche elle des théâtres, l’on est en droit de s’interroger concernant les métiers liés au bâtiment qui ont œuvrés lors de la construction de la plaza de toros. Surtout que la présence de la Gran Logia Española sur la rue Alcalá, et les deux exemples cités précédemment, n’interdisent pas l’idée même que des membres des différents corps de métiers aient été initiés à l’occasion de leurs présences sur le chantier du temple taurin madrilène.
Tout d’abord l’on pourrait regarder du côté des architectes, catégorie professionnelle étant comptée dans les professions qualifiées au nombre de presque 16%. Mais l’on ne sait pas encore si José Espeliú était franc-maçon. Les artisans, les différents corps de métiers du bâtiment, étaient sûrement représentés parmi les 10% d’artisans répertoriés et composants les franc-maçons de la capitale. Travaillant à la construction des arènes calle Alcalá, l’une des principales obédiences maçonniques espagnoles étant présente dans la même rue, la durée totale du chantier a probablement amené les uns à rencontrer les autres. D’autant plus que l’admission de franc-maçons artisans ne semble pas avoir été du simple fait des patrons, mais aussi des acteurs de petits commerces. Et lorsque l’on sait qu’une partie de la franc-maçonnerie ibérique était très tôt favorable au dialogue social, à la mixité sociétale, à l’esprit de laïcité développé par leurs frères hexagonaux, l’on peut se plaire à penser que même des ouvriers ont pu être amené à connaître l’initiation maçonnique. Surtout que cette classe sociale, des ouvriers, était quand même de l’ordre de un peu plus de 6%, ce qui pour un mouvement intellectuel, à connotation, il faut tout de même le reconnaître, élitiste sur le plan intellectuel, n’est pas négligeable.
Comme précisé plus en amont de ce texte, rien ne permet d’affirmer que des franc-maçons furent impliqués dans l’édification de la plaza de toros de Las Ventas, mais la lecture de l’étude de Olivia Salmon Monviola, n’interdit pas cette éventualité. A bien y regarder, elle la renforce même.
*Pour les lecteurs et lectrices intéressés, on ne saurait trop recommander « Rennes le Château, une affaire paradoxale » de Laurent Buchholtzer (Editions de l’œil du Sphinx, 2008). ISBN 2-914405-45-6. Cet ouvrage apporte une autre vision sur la légende du supposé trésor de l’abbé Saunières, mais aussi remet à sa juste place le mythe du Prieuré de Sion.
Et parmi ces nombreux questionnements, il en est un revenant fréquemment, qui est de savoir qui et combien de personnalités plus ou moins connues du mundillo, auraient pu être, voire ont été, membres de la franc-maçonnerie. Il n’est pas question ici de singer cette « presse » plus adepte du racolage que de la véritable information, et qui nous ressasse à intervalles réguliers les mêmes fantasmes de complots, pouvoirs, et autres ramifications supposées, jusqu’à parfois des liens imaginaires et surtout non vérifiés, avec le Prieuré de Sion voire l’affaire du trésor présumé de Rennes le Château*. Ces choses qui pourraient être risibles, mais qui en fait, attristent à l’idée qu’elles ne font que perdurer des idées reçues, que tout le monde sait n’être que le fruit de mauvaises intentions. Il n’est donc pas question de cela sur ces colonnes, et si l’interrogation sur qui et combien d’acteurs taurins ont été franc-maçons est toutefois bien la, c’est que pour l’aficionado a los toros véritablement passionné, il est des réponses pouvant être ainsi apportées notamment vis à vis de quelques acteurs taurins.
Mais outre les noms de toreros dont l’on sait qu’ils furent franc-maçons, comme Bernardo Casielles Puerta, « Cantinflas », Luis Mazzantini, il serait intéressant de savoir si d’autres acteurs, n’auraient pas eu les deux centres d’intérêts. Les informations étant assez difficiles à acquérir, notamment parce que la dernière dictature espagnole fît disparaître beaucoup de documents, et qu’il fût préférable aux franc-maçons de ne pas se faire connaître, ceci malgré que Franco était lui-même fils et frère de franc-maçon, quelques interrogations ne trouvent donc que des réponses supposées. A regarder l’histoire de la franc-maçonnerie espagnole, l’on constate des patronymes qui existent aussi dans le monde taurin. Comme entre autre Urquijo. Mais n’ayant à ce jour aucune information plus précise, malgré les investigations, qui espérons le, porterons leurs fruits assez rapidement, intéressons nous le temps d’un article à un autre domaine. A savoir la possibilité de franc-maçons impliqués dans la construction des arènes de Las Ventas.
Soyons honnêtes dès maintenant, il n’y a aucune réponse ferme et définitive à ce jour, tout n’est de l’ordre de la supposition. Mais à lire l’étude de Olivia Salmon Monviola intitulée « Une frontière dans la ville : les franc-maçons dans la ville de Madrid (1900-1936)** », l’on peut laisser aller l’imagination.
L’actuelle plaza de toros de Las Ventas à Madrid, située calle Alcalá, fût inaugurée le 21 octobre 1931. Nous sommes donc en pleine période étudiée par Olivia Salmon Monviola. Et à ce moment la, il est intéressant de noter que c’était sur la calle Alcalá qu’était situé le Café de Madrid qui était le point de rencontre des créateurs de la génération de 98 , mais aussi l’un des lieux emblématiques de la sociabilité culturelle madrilène, à savoir le Café del Gato Negro. Dans les cafés justement, se déroulaient les tertulias, tout comme aussi dans les rédactions des journaux. Ces rencontres principalement d’intellectuels, étaient informelles et quotidiennes, composantes d’un ensemble de sociabilité propre à la capitale ibérique. Mais la calle Alcalá, c’était aussi à ce moment là, le cœur du triangle financier de la capitale, des activités économiques mais aussi politiques.
La franc-maçonnerie madrilène était composée de 37 loges, ainsi que de 3 chapitres philosophiques, qui sont des ateliers dits de « hauts grades » ou bien de « perfectionnements ». Ce chiffre de 37 loges, est, comme le précise l’auteure de l’étude, basé sur le nombre de lettres patentes pour chacune des obédiences présentes. Entre 1931 et 1936, c’est la Gran Logia Española qui connaît le plus grand essor dans la capitale, avec pas moins de 15 loges crées. Et c’est au 171 de la calle Alcalá, que s’installèrent les loges maçonniques de cette obédience.
Comme les loges maçonniques, sont le reflet des micros sociétés qui évoluent à l’intérieur de sociétés englobantes plus complexes, la géographie dans laquelle elles se développent, est, pour Olivia Salmon Monviola, une interaction des loges avec l’espace de sociabilité. Il semblerait donc qu’à cette époque, l’implantation des loges maçonniques, influe sur le tissus sociétal du quartier où elles se situent. Ces implantations dans des endroits à fortes concentrations humaines, proches des lieux des fréquentations familières aux madrilènes, facilitaient entre autre la pérennité des loges, par une facilité d’accès à la franc-maçonnerie pour toute une couche sociale.
A regarder avec attention le tableau des différentes catégories socioprofessionnelles qui composaient les loges maçonniques madrilènes de l’époque, l’on constate que outre les employés et fonctionnaires représentant 32% des franc-maçons, les gens du commerce et de l’industrie étaient au nombre de 13%, et les artisans représentaient 10% de la composante des loges. Au fait que l’implantation d’une loge d’alors, n’est pas étrangère à la catégorie socioprofessionnelle qui la compose, comme cela fût constaté à plusieurs reprises, comme des salariés des hôtels Ritz et Palace, dans une loge située à proximité, ou alors des acteurs et artistes membres de la loge « Hispanoaméricana » proche elle des théâtres, l’on est en droit de s’interroger concernant les métiers liés au bâtiment qui ont œuvrés lors de la construction de la plaza de toros. Surtout que la présence de la Gran Logia Española sur la rue Alcalá, et les deux exemples cités précédemment, n’interdisent pas l’idée même que des membres des différents corps de métiers aient été initiés à l’occasion de leurs présences sur le chantier du temple taurin madrilène.
Tout d’abord l’on pourrait regarder du côté des architectes, catégorie professionnelle étant comptée dans les professions qualifiées au nombre de presque 16%. Mais l’on ne sait pas encore si José Espeliú était franc-maçon. Les artisans, les différents corps de métiers du bâtiment, étaient sûrement représentés parmi les 10% d’artisans répertoriés et composants les franc-maçons de la capitale. Travaillant à la construction des arènes calle Alcalá, l’une des principales obédiences maçonniques espagnoles étant présente dans la même rue, la durée totale du chantier a probablement amené les uns à rencontrer les autres. D’autant plus que l’admission de franc-maçons artisans ne semble pas avoir été du simple fait des patrons, mais aussi des acteurs de petits commerces. Et lorsque l’on sait qu’une partie de la franc-maçonnerie ibérique était très tôt favorable au dialogue social, à la mixité sociétale, à l’esprit de laïcité développé par leurs frères hexagonaux, l’on peut se plaire à penser que même des ouvriers ont pu être amené à connaître l’initiation maçonnique. Surtout que cette classe sociale, des ouvriers, était quand même de l’ordre de un peu plus de 6%, ce qui pour un mouvement intellectuel, à connotation, il faut tout de même le reconnaître, élitiste sur le plan intellectuel, n’est pas négligeable.
Comme précisé plus en amont de ce texte, rien ne permet d’affirmer que des franc-maçons furent impliqués dans l’édification de la plaza de toros de Las Ventas, mais la lecture de l’étude de Olivia Salmon Monviola, n’interdit pas cette éventualité. A bien y regarder, elle la renforce même.
*Pour les lecteurs et lectrices intéressés, on ne saurait trop recommander « Rennes le Château, une affaire paradoxale » de Laurent Buchholtzer (Editions de l’œil du Sphinx, 2008). ISBN 2-914405-45-6. Cet ouvrage apporte une autre vision sur la légende du supposé trésor de l’abbé Saunières, mais aussi remet à sa juste place le mythe du Prieuré de Sion.
**« Une frontière dans la ville : les franc-maçons dans la ville de Madrid (1900-1936) » par Olivia Salmon Monviola, Cahiers de la Méditerranée, volume 73-2006.
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