mercredi 3 février 2010

Des combats de taureaux sans matador.


Au mois d'avril 2009, un journal gratuit, reprenait dans ses pages un article sur les combats de taureaux sans matador , organisés en Corée du Sud.

Le texte en question, reprenant celui publié dans « Courrier International » et provenant cette fois de l'un de ces journaux gratuits faisant le trie à notre place des nouvelles essentielles de l'actualité, n'est pas issu des outils dans lesquels l'information est ici principalement puisée. Mais ayant été procuré par une anti-taurine, militante écologiste encartée, possédant de grandes qualités humaines hormis lorsqu'il s'agit de vanter son idéal sociétal qui en la circonstance frise le dogme (comme très souvent dans l'engagement politique et en particulier dans cette mouvance), le texte a attiré l'attention. D'autant plus qu'il n'y avait aucun prosélytisme anti-tauromachique dans la démarche de cette militante verte, mais plutôt, voyant le titre de l'article en question, une pensée envers un collègue de travail qu'elle sait être aficionado a los toros.

En haut de page du texte, le gouvernement veut légaliser les paris sur les combats de taureaux. Contrairement à la tauromachie, ce spectacle n'implique pas la mort de l'animal vénéré à la campagne. Si l'on osait, l'on pourrait écrire, la messe est dite... car cette seule phrase en dit long. Elle en dit long sur la méconnaissance et le cliché que portent sur nous non seulement nos contempteurs, mais aussi la globalité des esprits mêmes les plus attentionnés. Tout d'abord, cela laisse supposer qu'il n'existe qu'une seule sorte de tauromachie, celle dite espagnole, avec la mort du taureau. Mais aussi, cela sous entend que le taureau dans ce genre de combat est vénéré, et non pas dans la corrida de toros qui nous intéresse. Nous tournons une nouvelle fois autour du problème de la perception de la mort de l'animal, et à travers cette dernière, la notre. Sujet parfaitement occulté dans notre société contemporaine, depuis l'avènement de la mort cachée, principe développé par Philippe Ariès.

La poursuite de la lecture du texte en question interpelle aussi l'aficionado a los toros, même si le combat des taureaux de Corée du Sud diffère avec celui que livre le toro bravo dans l'arène, il n'en demeure pas moins que l'on trouve des points communs entre ces deux pratiques du combat de bovidés.

L'un des éleveurs nous dit qu'il va parcourir son pays afin de dénicher le veau qui deviendra un combattant, une sélection basée sur de seuls critères physiques. Ensuite il explique sa façon de nourrir ses protégés à base d'un régime bien spécifique, surtout végétarien mais complété par du poisson et autres poulpes (ceci interpellant tout de même sur le fait que des ruminants ingurgites autre chose que de l'herbe). L'éleveur donne quelques exemples de la préparation physique des bovidés pour le combat, l'entraînement qu'il leur fait subir. La sélection n'a rien à voir avec notre tauromachie, par contre, la recherche à la préparation alimentaire et physique, est commune à quelques ganaderos de toros bravos. Et l'on peut s'interroger sur la nécessité d'une préparation alimentaire et physique, dans le cadre du taureau sud coréen ou bien dans celui du toro bravo, car rechercher de telles fins, occulte les propensions naturelles de l'animal pour le combat. En voulant le préparer comme n'importe quel être humain sportif, il est appliqué un anti-spécisme que ne renieraient pas les plus ardents défenseurs de cette vison sociétale.

Devant la baisse d'intérêt des coréens du sud pour le combat des taureaux qui a pourtant été très apprécié dans les campagnes, afin de concurrencer la passion des citoyens pour le football, le baseball, l'internet, les autorités ont décidé d'autoriser les paris sur ce genre de combats entre bovidés. L'élevage du taureau coréen, comme celui de n'importe quel toro de lidia, est très couteux. Le propriétaire d'un taureau vainqueur d'un tournoi national, reçoit en moyenne 5750 euros de prime, pendant que les autres finalistes perçoivent de 155 à 270 euros. L'ouverture des paris sur les combats, ose laisser imaginer une manne financière non dénuée d'intérêt pour l'ensemble des éleveurs. L'on peut aisément imaginer après la tentative des corridas sin sangre dernièrement aux Etats-Unis, des organisateurs non scrupuleux que l'idée des paris vienne titiller. 50 contre 1 que tel torero gracie son « adversaire » cette après-midi, ou bien 10 contre 1 qu'il coupe deux oreilles...
Pendant que les hommes lancent les paris, les taureaux attendent autour de l'arène, et les pom-pom girls amusent le public. L'histoire ne dit pas si elles s'affublent d'un foulard autour du cou...

Après ce très rapide aperçu de cet article sur le combat de taureaux en Corée du Sud, l'on constate que là-bas aussi la chose taurine évolue, comme la tauromachie que nous connaissons dans les pays pratiquants l'art de Cuchares. Une évolution pour ces pays, remontant à plusieurs décennies, en ce qui concerne le toro bravo. Le triste constat, est que dans les deux cas, l'essence même du combat est gommée, afin que l'animal ne soit qu'un faire valoir ou seul l'homme doit briller. L'éleveur en Corée, le ganadero et le torero chez nous.

1 commentaire:

pedrito a dit…

Autres pays, autres moeurs. En commun, le mythe du taureau, puissance et sauvagerie.
Par contre, les poulpes me paraissent mériter une fin plus glorieuse, dans d'autres panses que celles des ruminants: le palais d'un épicurien me paraitrait plus approprié .
D'autant que les taureaux coréens ne doivent pas connaître l'Entre Deux Mers ou le Muscadet.