jeudi 4 juin 2009

Pourfendez les tous, Dieu reconnaîtra les siens.


Lors d’une soirée chez des amis, des autochtones de cette région où je suis exilé, m’ont parlé de tauromachie. Après leur avoir dit et raconté avec précision que leur belle ville connue des corridas par le passé, ce qui en surpris plus d’un, une interlocutrice, se disant progressiste et ayant réellement réfléchi à une société humaniste, me dit qu’elle aimerait voir infliger au torero les mêmes « souffrances » que celles faites au taureau. Il est de coutume de se trouver face à un ou une adversaire de la tauromachie, chacun à le droit d’aimer ou bien de ne pas aimer la corrida de toros. Il est aussi malheureusement fréquent de parler à des taurophobes qui ne veulent pas voir mourir l’animal, mais demande la souffrance voire la mort de l’homme qui combat le taureau. Depuis les quelques décennies où je suis exilé loin des terres taurines, je ne suis plus surpris par ce genre d’attitude, même si elle n’est pas du seul apanage des habitants des régions septentrionales. Mais ce qui me surpris à l’issue de cet échange avec une personne se positionnant clairement contre la peine de mort, tout en étant désireuse de voir souffrir un homme simplement parce qu’il exerce une profession qu’elle n’aime pas, est que cette dame se prétendant tolérante et humaniste, ne chercha plus à m’adresser la parole de toute la soirée. Lorsque son regard croisait le mien, elle semblait fortement gêné. Il m’est alors apparu la phrase de Louis Panwels, vous êtes susceptibles d’être critiqués par trois sortes de gens : ceux qui font le contraire, ceux qui ne font rien, et ceux qui font la même chose.

Refuser la peine de mort et avoir une vision humaniste pour la société n’est pas du seul fait d’une certaine catégorie de personnes, beaucoup de gens possèdent ces idéaux. Se prétendre humaniste et refuser la peine de mort, tout en quelque sorte la souhaitant de manière détournée pour celui qui agit différemment, est un comportement assez fréquent. Mais l’instant de cette rencontre était associé à l’actualité du moment, à savoir la publication du livre de Christian Laborde « Corrida basta », pamphlet d’éructations haineuses dont parle très bien Ludo sur son blog*, et celui de Sophie Coignard « Un état dans l’Etat », un docuphlet (entre documentaire et le pamphlet) anti-maçonnique paru au même moment et dont nous a ressassé la presse ces derniers temps. Tout cela m’a ramené à quelques souvenirs. Ceux entendu lors de rencontres militantes, où les francs-maçons se faisaient critiquer par certains de mes camarades d’alors se disant eux aussi humanistes et progressistes, et dont les propos me faisaient songer à ceux taurophobes que nous aficionados avons l’habitude d’entendre.

Car force est de constater, que l’animosité développée vis à vis des mouvements initiatiques comme la franc-maçonnerie, est tout à fait comparable à celle que nous connaissons aficionados a los toros. La ténacité, la haine, la violence verbale dont les francs-maçons et des les aficionados sont les cibles, leur confèrent un lien réel au delà de la dramaturgie et de la symbolique qui peuvent les associer.
Lorsque le dialogue est établi avec des francs-maçons, il est percevable qu’une grande majorité d’entre eux et d’entre elles vivent leur idéal avec une forte probité. Il serait bon que les dérives d’une minorité ne soient pas prétextes à la généralisation afin de jeter systématiquement l’opprobre sur l’ensemble du mouvement, car il faut garder présent à l’esprit que tout ce qui a été contre cette philosophie, fût de l’ordre du dogme sociétal et religieux, du régime totalitaire. Les aficionados eux, n’ont pas à ce jour connus les meurtrissures physiques et morales qu’ont éprouvé les francs-maçons, sûrement au grand désespoir d’une frange extrémiste de leurs opposants les plus radicaux. La tauromachie n’a pas non plus connue de revers durant les années de la dictature espagnole ou sous le gouvernement de Vichy, laissant place à un honteux amalgame de la part des anti-taurins qui semblent oublier que le football non plus ne fût pas inquiété par le régime franquiste, et que même des footballeurs français ont joué en Espagne sous la dictature du Caudillo. Mais là, aucune accusation fasciste, et c’est heureux. Certes des éleveurs et des toreros ont profité d’une promiscuité douteuse entre l’Etat et une certaine partie du monde taurin espagnol de l’époque, mais cela doit-il ici aussi qualifier l’ensemble des acteurs du mundillo mais aussi les aficionados, d’appartenances aux idéologies développées par le régime ? Pour le lecteur qui a déjà visité ces colonnes, de précédents articles montrent que non.

Il est tout de même intéressant de constater que les francs-maçons et les aficionados trouvent parmi leurs adversaires quelques mouvements communs. Il n’est nul besoin de remonter très loin dans le temps pour le percevoir. L’histoire de l’anti-maçonnisme est riche, depuis la première bulle eminenti apostolatus specula qui date de 1738 et émane du Pape Clément XII, jusqu’à ces dernières semaines avec la protestations du responsable monégasque de l’église catholique devant la récente création d’une nouvelle obédience dans la principauté, faisant même référence à un texte promulguant l’incompatibilité d’appartenance à la franc-maçonnerie et l’église catholique, texte datant de 1983 et écrit alors par le Pape actuel.

Faire de même depuis la première intervention de l’église contre la tauromachie, ne relèverait que de la constatation historique. Là aussi, le passé récent, le quotidien, apportent aisément de quoi aborder ce sujet. Mais que les choses soient claires, il n’est pas question ici d’amalgamer les croyants et les décisions prises par des responsables de cette église. Je connais des croyants sincères et extrêmement laïques, plus que certains athées qui se disent laïques mais célèbrent le saint de leur prénom, et pour qui il n’est pas question de pousser la logique en faisant acte d’apostasie religieuse. Il n’est pas non plus question de jeter la pierre à la seule église catholique, car d’autres religions agissent de la sorte, comme par exemple la fatwa anti-maçonnique promulguée à La Mecque le 15 juillet 1978 par un « Comité des Grands Savants Musulmans ».

Cette Eglise catholique a condamné les courses de taureaux, et les condamne encore de nos jours, même si la tauromachie, religieuse par excellence ou par superstition, possède une forte domination de l’iconographie vouée au catholicisme. La première passe exécutée à la cape ne se nomme-telle pas la véronica, parce que donnée du même mouvement que fît Sainte Véronique lorsqu’elle utilisa un linge afin d’éponger le visage supplicié du Christ ? Une frange des gens d’Eglise n’a que faire de cet hommage symbolique, ni des comportements très respectueux envers elle des acteurs des arènes. Elle ne s’est pas privée d’excommunier les aficionados tout comme elle le fît des francs-maçons. Il est toutefois bon de faire ici remarquer aux lecteurs et lectrices de ces colonnes, que les dictateurs Franco et Pinochet n’ont toujours pas été excommuniés, pour ne parler que d’eux.

Cette Eglise Catholique, dont une association interne a édicté une pétition en 2007, intitulée Tous ensemble, sonnons le glas de la tauromachie, pétition à l’initiative de la « Fraternité sacerdotale internationale pour le respect de l’animal »**. Ce texte met en place une propagande sur des thèmes que ne démentiraient pas les contempteurs de la franc-maçonnerie. Thèmes récurrents comme celui de l’argent sale des lobbies de la tauromachie. Le fantasme du lobbies avec un financement occulte, étant aussi un thème abordé dans la doctrine anti-maçonnique, avec le mythe du banquier juif et de ses réseaux. Sans oublier dans cette pétition les accointances supposées du monde taurin avec le pouvoir politique, de par des subventions des écoles taurines. L’Etat se rendant aux yeux des abbés pétitionnaires, complice du danger non seulement corporel, mais mental qu’il fait courir à des mineurs. Il est dommage que l’église ne face pas un autre reproche à l’Etat, celui de laisser la libre diffusion à la télévision des images qui provoquent aux enfants des troubles graves constatés par des pédopsychiatres, ou de ne rien intenter contre la vente de certains jeux vidéos traumatisants pour nos chérubins.
Mais cette collusion étatique avec le monde taurin, est aussi un reproche fait à la franc-maçonnerie comme démontré dans l’ouvrage mentionné plus haut, mais aussi pour une frange de l’église catholique, et plus largement pour l’ensemble des doctrinaires de diverses religions, dont les fils symboliques d’une veuve seraient la cause d’une certaine permissivité établie de par la loi de séparation des églises et de l’Etat, fruit de réflexions initiales des francs-maçons. Une loi qui est la cause pour certains, du manque de repères religieux qui engendrerait la dégradation sociétale constatée en ces temps incertains. La franc-maçonnerie aussi cause de la dégradation du respect à la vie, de par la loi sur l’interruption volontaire de grossesse qui elle aussi est le résultat de réflexions dont les prémices démarrèrent dans des loges.

Que dire, toujours écrit dans la pétition de la « Fraternité sacerdotale internationale pour le respect de l’animal », de la dénonciation de ces écoles de tauromachie, qui embrigadent des enfants, dont certains à peine âgés de 7 ans, avec la complicité de certains directeurs, proviseurs, instituteurs ou professeurs aficionados, sous le couvert de leur apprendre une certaine culture espagnole ou de débattre sur la corrida. Les aficionados pourraient, au delà de toutes convictions religieuses ou philosophiques, retourner à juste titre le reproche qui leur est fait par la « Fraternité sacerdotale ». Le catéchisme mais aussi des enseignements pour « l’éveil à la foi pour les enfants de 3 à 7 ans » existe bel et bien au sein de l’Eglise Catholique, par contre il n’est pas question pour eux de considérer que les enfants qui assistent à ces réunions, soient des mineurs embrigadés dans des lieus où il est parlé religion sous couvert de leur apprendre une certaine culture religieuse ou de débattre sur l’Eglise. A chacun sa vision de l’endoctrinement suivant ses convictions…

L’idée du complot maçonnique, de l’intrusion des francs-maçons dans les rouages des systèmes politiques locaux, trouve son vis à vis lorsque les abbés à l’initiative de cette pétition, dénoncent ces maires et ses préfets qui ont souvent choisis d’être élus de villes taurines pour y assouvir leur passion malsaine. Les aficionados, aidés par les premiers magistrats des villes taurines, sont-ils ainsi supposés avoir le loisir de pénétrer les coulisses des communes ?
L’argent, toujours l’argent, avec ces organisateurs qui s’enrichissent sur le sadisme de spectateurs morbides, obnubilés par leur propre mort. Il est reproché aux aficionados de regarder la mort en face, tout comme cela est reproché aux francs-maçons, qui à certains degrés de leur cheminement approchent la réflexion sur la mort, et dont le thème n’est là aussi pas un tabou, contrairement à bon nombre de croyances qui apportent des réponses toutes faites sur l’inconnu, l’insondable. La franc-maçonnerie empiète sur l’un des fonds de commerce de la religion, la tauromachie d’une façon très symbolique, aussi.

Les prêtres pétitionnaires, affirment que leur sacerdoce est de guider les fidèles sur un chemin juste et droit. Ils se posent en rassembleurs des brebis égarées, de la même manière que leurs aînés allant imposer leur foi dans des contrées lointaines. Ils sous entendent ainsi que les aficionados sont censés être perdus, tout comme une partie de leur Eglise se propose de montrer le « véritable » chemin à ceux et celles égarés chez les « enfants de la veuve ».

(A suivre)

*http://leciegonaimepaslesgens.blogspot.com/2009/04/laborde-eructoreador-fuera-de-cacho.html
**http://www.animal-respect-catholique.org/petition_abolition_tauromachie.pdf

3 commentaires:

Pelayo a dit…

J'ajouterais à ton article très intéressant Lionel, l'indication suivante : Franco n'était pas un amateur de courses de taureaux ; ses deux seules grandes passions étaient la chasse et le football (ce fan du Real Madrid s'isolait souvent dans une pièce du palais d'El Pardo pour regarder les matchs télévisés) et il n'est pas inutile de rappeler que c'est sous le franquisme que le football (loin devant la corrida) a connu un formidable essor médiatique (encouragé par les dignitaires du régime franquiste) pour devenir (très loin devant la corrida) un grand spectacle de masse et LE passe temps favori des Espagnols.

Je ne connais pas la "Fraternité sacerdotale internationale pour le respect de l'animal" à laquelle tu fais référence, mais ma prudence m'incite à penser que les dirigeants de cette association n'ont rien de catholique et sont plus ou moins liés aux groupuscules sectaires animalistes.

P.-S.: pourrais-tu nous donner des renseignements sur la photo qui illustre ton article ?

Lionel a dit…

Pelayo, à propos de la photo, je l'ai enregistré à partir d'un autre blog il y a fort longtemps de cela. Je préfère ne pas me prononcer sur son origine, j'ai peur de dire une conn...
Le foot oui, et même un grand joueur français porta le maillot du réal sous le franquisme. Les moralisateurs anti-taurins et qui nous traitent de faf, ne disent rien sur ce sujet.
J'ai deux autres articles en réserve qui vont dans le même sens que celui que tu viens de lire, mais cette fois-ci, pas de groupuscule pseudo-catholique.
Au fait, suite à nos échanges vicois, as-tu remarqué que vendredi soir il a été diffusé à grande échelle et en plein vote pour les européennes (des pays s'exprimaient déjà), un film écolo de Y.A-B ? Il n'a pas attendu le 8 juin, non, une bonne diffusion le 5, deux jours avant le vote français et de la majorité des pays de l'union. Après, cette même mouvance anti-corrida nous parle de lobbying taurin !

bruno a dit…

Lionel,

Dans cette archie ou je sais plus, le directeur moi le gamin pourri m'a file la permission d'aller jouer dans la cour des grands et la un peu plus sage que dhab,comme un élève bien éduquée me fous à lire l'histoire des mecs antitaurins qui s'en foutent plein la panse et par contre souffre d'atrophie ou d'abscence de pensée.....
alors pour pas gacher ton boulot fort de réfléxion,recherches et non à l'épidermie comme mezigue,j'avoue que la tolérance malgré mes racines libertaires souffrent et je monte au creneau .
Alors oui suis tolérant face à l'intelligence et la cohérence des arguments mais la c'est trop...... peux pas laisser passer la frontiere à des antitaurins qui viendraient voir en France un spectacle qu'ils n'ont plus en Espagne et ce dans un contexte franquiste reemergent.
L'intolérence c'est eux c'est Renaud ,c'est Val ,c'est l'égérie de charlie hebdo luce lapin c'est tous les mecs et gonzesses qui brandissent la declaration des droits de l'homme et du citoyen,ceux qui regardent le défilé du 14 juilet,la commération de 1944 avec ces millions de morts et qui sont, pauvre Sacco et pauvre Vanzetti heureux de savoir que votre tete a ete soit pendu ,soit guillotinée et qui prechent pour la liberte la pseudo democratie et vont a la peche egorger les ablettes apres un repas convivial avec des huitres....et la j'en ai plein le cul cela m'est insupportable et pas plus tard qu'hier dans un moment ou la chretiente balance son mensonge ...et "Dieu te vois " perso je me casse car j'en arrive au dessert meme pas j'ai plus faim de ces cons qui au nom de la liberte et de leur pseudo tolerance se permettent l'outrage,l'agression ,l'homicide volontaire,alors que la simple recherche est celle de l'esthetisme du combat ,de la sauvagerie de l'animal et la defense de l'homme ....oui la defense de l'homme!!!! et comme dhab je jacte sous la colere et j'en perds le fil ...m'en branle
morts aux cons et les combats se gagnent dans la rue ...........
Excuses suis perdu j'en reste la entre Line et Renaud !!!!!
....et fous mon torchon à la poubelle cela fera plaisir aux Docteurs es tauromachie que j'ai quitte comme ces psychologues de l'art taurin qui te balancent la pilule contra ceptive pour la corrida.