mardi 14 juillet 2009

Taurophobie, 3è et dernière partie.


Afin d’en terminer avec les propos sur la taurophobie juxtaposée avec la maçonnophobie, démarche entreprise depuis le 4 juin avec deux articles précédemment publiés sur ces colonnes, il semblait intéressant de s’arrêter rapidement sur une ultime curiosité idéologique.

Parmi les anti-taurins connus mais aussi anonymes, l’on en trouve aux sensibilités libertaires voire totalement anarchistes, qui ne contestent nullement les parodies de procès comme celle présentée dans le dernier texte traitant de l’anti-taurinisme primaire. Ces réfractaires à toutes formes de justice étatique, acceptent sans mot dire que leur combat puisse se réfugier à l’ombre d’un tribunal, mais aussi à l’abris de propositions de lois pour que la tauromachie soit interdite, alors qu’en d’autres termes ils crient haut et fort qu’ils rejettent les lois. Ils en appellent au législateur, pour lequel ils ne prennent même pas le temps de ce déplacer pour aller voter en d’autres circonstances.
Ces « amoureux » des libertés, qui sont souvent vus dans des manifestations pour la défense des intérêts régionaux, pour la valorisation des langues minoritaires, pour les reconnaissances des particularismes des régions, se contredisent en soutenant des actions contre la corrida. La corrida qui en France, fait partie intégrante d’un particularisme régional, et par conséquent, qui devrait être défendue sur le fond par ceux et celles qui militent pour faire reconnaître et vivre en toute liberté les régions.

Dans la même veine, aimant ainsi s’en prendre à ce qui n’est pas comme eux, désireux de détourner à leur profit le moindre sujet, des libertaires n’hésitent pas à qualifier l’engagement maçonnique de leurs illustres aînés véritablement humanistes que sont Bakounine, Proudhon, Louise Michel, comme n’ayant été le fait que de quelques « têtes d’affiches » du mouvement anarchiste n’ayant pas eut vraiment le choix pour ce qu’il en était de trouver quelques havres de paix et un minimum de solidarité susceptible de desserrer d’un cran le nœud coulant d’une répression particulièrement féroce, comme il est écrit dans un article publié dans la revue « l’émancipation syndicale et pédagogique » au mois de février 2007.
Prenant exemple d’un événement survenu à Saragosse en 1936 lors de la guerre d’Espagne, où un franc-maçon pacifiste de la C.N.T. prit langue avec un général factieux franc-maçon, et qui découla sur la tuerie de 15 000 militants libertaires, l’auteur de cet article conclue son exposé en précisant que plus que jamais, il est donc nécessaire de clamer haut et fort : « ni dieu, ni maître, ni franc-maçonnerie ».
Comme le fait l’auteur du cours d’anti-tauromachie évoqué ici-même il y a quelques semaines, texte dans lequel le monde taurin est qualifié de proche des régimes totalitaires avec pour simple exemple une photographie sortie de son contexte historique, pour un acte qui a malheureusement engendré une tuerie humaine la sentence contre les francs-maçons tombe, ferme et définitive, sans appel.

A cette idéologie libertaire, anarchiste, qui dans ses fondements est réellement humaniste, comme le démontra l’ancien novillero et militant anarchiste Melchor Rodriguez, il ne faut pas oublier un autre courant de pensée où l’on retrouve des personnalités hostiles à la tauromachie, et dont l’idéologie politique l’est aussi envers la franc-maçonnerie. Il s’agit de la pensée communiste.

Léon Trotsky évoqua parfaitement en 1922 l’animosité qu’il éprouve envers les francs-maçons, offrant à ses « camarades » une perception toute personnelle du sujet édictée en véritable dogme. Pour le leader du courant qui portera son nom, la franc-maçonnerie n’est en somme qu’une contrefaçon petite bourgeoise du catholicisme féodal par ses racines historiques. Il l’accuse d’être une partie non officielle, mais extrêmement importante, du régime bourgeois, affirmant aussi que les loges étouffent et souillent les âmes au nom de la fraternité. Faisant preuve d’une grande intolérance envers ses camarades, Trotsky écrit qu’ils peuvent rougir de honte en apprenant que dans les rangs d’un Parti Communiste il y a des gens qui complètent l’idée de la dictature du prolétariat par la fraternisation dans les tenues maçonniques avec les dissidents, les radicaux, les avocats et les banquiers. Allant jusqu’à conclure son intervention en affirmant que la franc-maçonnerie est une plaie mauvaise sur le corps du communisme français. Il faut la marquer au fer rouge. Cette dernière phrase aurait-elle suggérée une idée aux protecteurs animaliers anglais radicaux, qui ont marqués au fer rouge de leurs initiales associatives un journaliste qui enquêtait sur leurs pratiques ?

Mais là où cette aversion de la franc-maçonnerie trouve à merveille son pendant dans la cause anti-taurine, est lorsque Léon Trotsky souhaite qu’une lame impitoyable tranche une fois pour toute les liens politiques, philosophiques, moraux et mystiques qui rattachent encore la tête de son Parti aux organes déclarés ou masqués de la démocratie bourgeoise, à ses loges, à ses ligues, à sa presse. Si ce coup d’épée laisse par delà les murs de notre Parti quelques centaines et même quelques milliers de cadavres politiques, tant pis pour eux . Afin d’imposer son point de vue, le leader trotskyste en appelle à la guerre fratricide. Ceci au même titre que les mouvements de protections animaliers composés de militants de toutes sensibilités politiques dont bon nombre aux idéaux d’extrême gauche, ne sont pas gênés par la perte d’animaux du moment où d’autres sont sauvés, comme cela fût observé lors d’une intervention contre la chasse à courre en France pendant l’année 2007 et lors de laquelle des chiens d’équipages sont morts de chaleur dans les camions bloqués par les militants animaliers. Les « amis » des animaux ne s’en sont pas émus, dès l’instant où un chevreuil en ce cas précis, fût « sauvé » par eux comme ils ont pu l’affirmer devant les caméras de télévision.

Tout comme Léon Trotsky s’en prenait avec forte violence et proférait un enseignement dogmatique contre la franc-maçonnerie, ses descendants idéologiques d’aujourd’hui s’en prennent aussi aux aficionados qui sont moins nombreux et donc plus faciles à combattre que leurs adversaires directs prônant haut et fort le capitalisme. En fustigeant la franc-maçonnerie, Trotsky ne faisait qu’ouvrir un parapluie politique vis à vis d’une éventuelle mise en échec de son système de pensée. De nos jours, les descendants idéologiques des dignitaires de la pensée communiste s’attaquants à la tauromachie, évitent de la sorte de mettre en lumière l’échec de leur idéal politique qui n’a pas réussi à protéger l’Homme face au capitalisme.

Des élus du PCF, au nombre de trois, par une proposition de loi déposée au mois de décembre 2007, ont demandé à ce que l’accès aux arènes où tout autre lieu où est organisée une course de taureaux comportant la mise à mort d’un animal, est interdit aux mineurs de mois de quinze ans. Pendant que les trois personnalités communistes issus de départements non imprégnés de tradition taurine, puisque élus en Seine-Saint-Denis, Nord et la Seine-Maritime, passent leur temps, leur énergie à vouloir légiférer contre la tauromachie qui ne concerne pas leurs départements respectifs, ils ne peuvent être pleinement acteurs afin de résoudre les problèmes rencontrés au sein de leurs circonscriptions. Mais avant de s’en prendre aux corridas qui ne se déroulent pas dans leurs régions, n’y a-t-il pas plus grave à combattre pour eux, n’y a-t-il pas mieux à faire pour aider les jeunes en difficultés dans leurs départements, que de vouloir interdire l’entrée d’un spectacle donné loin de leurs contrées ?

A la lecture des trois textes proposés ici-même depuis le 4 juin, il est donc aisé de constater qu’existe un fort lien entre la franc-maçonnerie et de la tauromachie concernant les attaques dont elles ont été respectivement les cibles dans le passé, mais aussi encore de nos jours. Outre les maintenant traditionnelles accusations communes de secte, maffia et autre qualifications, il convient de constater que ce qui fait l’un des fonds de commerce des maçonnophobes et des taurophobes, ne trouve sa motricité que dans l’ordre du fantasme collectif.

Le fantasme, dénominateur commun des structures des l’idéologies anti-maçonnique et anti-taurines, qui, il faut bien l’avouer, arrivent sans peine à endoctriner le quidam peu soucieux de rechercher Sa Vérité. Car il est bien plus facile et bien moins fatiguant de boire les paroles des autres, que chercher à comprendre sans travailler soi même à minima, à l’édification de ses idéaux. Les adversaires les plus virulents de la franc-maçonnerie mais aussi ceux de la tauromachie, l’ont bien compris depuis fort longtemps, et tant que le fantasme aura une influence sur les esprits peux soucieux de vérités, leurs actions perdureront.

Il est à noter que ces affirmations diffusées sur le net il y à plusieurs mois et prêtées au torero Rafael Jimenez « Chiquilin » après qu’il est annoncé qu’il ne voulait plus combattre les taureaux parce que grâce à son chien il a aperçu l’amour des bêtes, ont toutes été agrémentées de commentaires parlant de repentance de la part du torero. Nous retrouvons la notion de bien et de mal qui amène l’homme à devoir se repentir, notion chère aux moralisateurs dogmatiques, qui estiment être eux seuls dans le droit chemin.
Tout comme la franc-maçonnerie est combattue par les Eglises, les adversaires de la tauromachie calquent leurs attitudes sur le dogme de leur religion de la nature, sans laisser de place aux autres sensibilités. Pour eux l’amour des animaux est absent des cœurs des aficionados, ils pensent être les seuls détenteurs d’une réelle sensibilité envers les espèces animales. Pour qu’un aficionado ou un torero trouve grâce à leurs yeux, seuls des actes de repentances comme celui de « Chiquilin » sont concevables. Une repentance, qui pour être complète, doit passer par un rejet total de la « souffrance animale » qu’engendre une alimentation carnée. Pour entrer dans le droit chemin, leur droit chemin, ils invitent et incitent fortement à se nourrir de façon végétales, à devenir végétariens voir végétaliens, comme ils le profèrent sur de nombreux sites ou autres forums accessibles sur la toile, car pour les « naturolatres », la salade ainsi que les autres végétaux ne démontrent pas de souffrance lorsqu’ils sont arrachés.

La franc-maçonnerie n’échappe par à la règle de repentance, d’anciens francs-maçons s’expriment sur le net comme si ils devaient expier une faute, une honte, en rejetant le mouvement philosophique auquel ils ont pourtant adhérés de nombreuses années et dont ils ont eu pour certains, des responsabilités. Ces ex francs-maçons invitent le quidam à ne surtout pas approcher les « frères », et à leurs anciens amis, de fuir le mouvement. Ces actes de repentances sont bien entendue repris par les adversaires de la franc-maçonnerie, d’autant plus apprécié par une partie des anti-maçons, lorsque ces actes de repentances passent par le message de l’Evangile.


Ce rapide tour d’horizon débuté par un premier texte publié sur ces colonnes le 4 juin, augmenté par un second le 21 du même mois, permet de constater les lignes directrices communes empruntées par les différents contempteurs que peuvent avoir en commun les francs-maçons et les aficionados. Mensonges, fantasmes, haine, sont le flot quotidien des attaques portées contre les aficionados, dans la pure tradition populiste déployée par les adversaires des francs-maçons, qu’ils soient de sensibilités politiques de droite comme de gauche. Le lecteur assidu ou bien occasionnel de ce blog, aura tout le loisir si il le souhaite, d’approfondir cet aperçu de l’anti-maçonnisme et de la taurophobie, les documents sur la toile ainsi que les livres ne manquent pas. Afin de mieux cerner ce que peut cacher la taurophobie que nous aficionados a los toros rencontrons de plus en plus souvent, il paraissait intéressant et important de prendre le temps d’effectuer cette juxtaposition idéologique lors de ces trois textes, afin de démontrer les similitudes qui peuvent exister entre deux sujets qui ne laissent pas indifférent, et ainsi de mieux comprendre ce qu'il peut se cacher derrière certains idéaux sociétaux.

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