mardi 20 octobre 2009

José Manzano y Pelayo "El Nili".


Parmi les quelques noms de toreros qui furent francs-maçons, l’on peut mentionner celui de José Manzano y Pelayo, connut dans les ruedos sous l’apodo de « El Nili ». Comme pour bon nombre de ses coreligionnaires, nous n’avons pas traces précises des activités maçonniques de « El Nili », mais son état d’initié aux mystères et privilèges de la franc-maçonnerie, est rapporté dans quelques textes de la façon suivante, el dia 1.° noviembre de 1869 falleció en Sevilla, costeando su entierro los hermanos de la escuadra y del compás, pues ya he dicho que fué francmasón.

C’est dans ce même texte de Don Ventura, relatant brièvement la carrière taurine de El Nili, que l’auteur ironise quelque peu, en précisant que le fait d’avoir été franc-maçon n’a pas empêché José Manzano y Pelayo d’être un bon torero, et qu’être membre d’une loge maçonnique ne semble pas avoir annulé ses qualités de liliador. Bernardo Casielles Puerta, Luis Mazzantini et dans un autre registre « Cantinflas », démontrent en effet qu’être franc-maçon n’est pas incompatible avec les métiers des arènes, ni par ailleurs avec d’autres activités.

Si l’on osait, l’on pourrait coller à la mode de voir du symbolisme maçonnique partout, et dire que El Nili était prédestiné à entrer en franc-maçonnerie, puisque né en 1828, un 7 janvier. Le chiffre 7, combien important dans la symbolique maçonnique. Mais laissons ces élucubrations aux « journaux » adeptes des marronniers, et regardons de plus près la carrière de José Manzano y Pelayo « El Nili ».

En 1851 il est banderillero dans la cuadrilla de Manuel Trigo, et ensuite le 15 août 1857, c’est sa première apparition à Sevilla, sa ville natale. Durant les années 1857 et 1858, il alterne avec entre autre Cuchares, Cayetano, El Tato. Lors de son ultime corrida à Jaén le 15 août 1869, il était au cartel avec Lagartijo. Entre temps, il prît l’alternative a Granada le 15juin 1857, des mains des « El Gordito ».

Deux traits de caractères de José Manzano y Pelayo nous intéressent ici, car ils semblent bien en adéquation avec une initiation en franc-maçonnerie. Le premier étant celui de posséder un caractère indépendant, caractère qui l’a maintenu dans un certain isolement taurin. Cela peut paraître paradoxal d’être franc-maçon, d’appartenir à un groupe dont la fraternité est essentielle, et aimer être indépendant. Mais à bien y regarder, l’on trouve dans la conception même de la franc-maçonnerie, une démarche d’indépendance, aussi bien au niveau de la connaissance de soi que de la somme de travail à réaliser pour l’amélioration de l’Etre. Toutes ces démarches, dans quelques domaines qu’elles soient, ne sont que les fruits d’un travail individuel, réalisé par le seul intérêt porté au cheminement vers la quête, en totale indépendance justement. De plus, l’indépendance est souvent associée à l’esprit libertaire, et quelques spécialistes mais aussi des francs-maçons eux-mêmes, trouvent et ressentent une essence libertaire dans cette association philosophique. Comme l’a précisé entre autre Léo Campion, la vocation libertaire de la maçonnerie est indéniable. Il semblerait que le fonctionnement au sein des loges maçonniques ait séduit Campion, mais aussi Michel Bakounine, les trois frères Reclus (Élie, Élisée et Paul), Proudhon, Giuseppe Mazzini (qui proclama la République à Rome en 1848), et bien d’autres esprits indépendants.
Il est à noter que ce caractère indépendant prêté à José Manzano y Pelayo « El Nili », l’isola de la majeure partie du monde taurin, malgré qu’il fût un excellent torero, fin et classique. Il connaissait bien les secrets de sa profession. Le « Cossio » rapporte que ses contrats auraient été bien plus nombreux, si il avait été plus discret et discipliné dans l’arènes comme dans la rue. Discipliné dans l’arène, sûrement en rapport avec son grand manque de régularité dans la suerte suprême. Car il est connu que « El Nili » n’excellait absolument pas avec l’acier. Des échecs que le « Cossio » attribut à son caractère individualiste, admettant à grand-peine les leçons de ses confrères.

L’on peut s’interroger sur le pourquoi de cette notification du « Cossio » a propos du comportement dans la rue, à savoir le comportement sociétal, de notre torero. C’est ici que l’on retrouve le second trait de caractère de ce torero franc-maçon. Un engagement pour des valeurs, et notamment son engagement à Madrid auprès des chefs de la « Révolución de septiembre ». Comme on le sait, les toreros qui furent francs-maçons eurent des engagements sociétaux très forts. Casielles Puerta s’engagea aux côtés des Républicains pendant la guerre d’Espagne, Luis Mazzantini fût entre autre élu politique, et « Cantinflas » oeuvra énormément et le plus souvent dans l’ombre pour les plus démunies de ses compatriotes au point de ce voir proposer des hautes fonctions qu’il refusa.
Concernant « El Nili », être franc-maçon à cette époque des premières fortes implications des loges ibériques dans la société, associé à son fort caractère, ne pouvait que l’inciter à prendre une place au sein de « La septembrina ». A quel degré fût cet engagement, pour l’instant nous n’en savons rien, mais suffisamment important pour que le monde taurin l’isole. Il ne faut pas oublier que la première période de la franc-maçonnerie espagnole s’étend de 1800 à 1868, et que cette dernière était considérée comme hors la loi pendant les années 1833-1843 et ses membres étaient persécutés comme ils le seront aussi un siècle plus tard. Des gouvernements qui interdisent, un régime religieux qui s’associe à l’interdiction, il n’en faut pas plus pour marquer la conscience du peuple.

« El Nili » fût donc membre assez jeune de la franc-maçonnerie, puisque décédé à 41ans. L’on sait à la lecture de tableaux de loges ibériques, que cela n’était pas un cas isolé, alors qu’à notre époque, la moyenne d’âge est plus élevée et que la quarantaine est la tranche d’âge des postulants. La jeunesse et le tempérament de José Manzano y Pelayo « El Nili », l’ont probablement incité à prendre une place active dans sa loge.

Quoi qu’il en soit, José Manzano y Pelayo « El Nili » est le premier dans la chronologie des toreros francs-maçons connus à ce jour. L’histoire taurine n’a pas certes pas retenu son nom comme elle a pu le faire pour d’autres. L’on retient de nos jours son caractère indépendant, mais il a été fidèle à lui-même, sans se renier, passant au delà des déboires que cela lui apportait, un comportement comme cela doit et devrait l’être pour tout franc-maçon, mais aussi un véritable comportement de Torero.

3 commentaires:

bruno a dit…

L'ami ,oui j'aime cet article surtout que je suis courroucé aprés le Président de l'oct qui "monte" à Paris pour défendre la Corrida....laissez moi rire moi qui ai jouté par mail avec Libé et Charlie Hebdo mais le courage a ses limites et vaut mieux à ses yeux precher en costar(d) cravate(le passeport des cons dixit Dutronc) qu'affronter les vrais problemes...merde je m'égare mais surement pas de mon ancrage ideologique libertaire et suis toujours en stand by pour faire une thèse sur Anarchie et Tauromachie mais suis pas frileux mais manque d'éléments historiques et la culture n'étant pour moi qu'un étal médiocre j'attends en lisant avec plaisir ces lignes que mon crayon à papier et mon cortex se foutent de acuerdo non pour un satisfécit perso mais pour discourir sur des thèmes qui comme le tien ne son t pas incompatibles sauf au royaume des anes qui je le crois gagne du terrain comme la désertification gagne l'Espagne ce qui pourrait justifier une REAL MAESTRANZA à Panam n'est ce pas Mr Viard !!!!!!
ni fleurs,ni couronnes,suis safisfait d'avoir pu expurger un colère légitime et légitimée ..stp
cela me suffit grandement

Ludovic Pautier a dit…

lionel,
rien à voir mais dans la revue du vin de france un article sur pinard et franc-maçonnerie.
voilà. c'est tout.
bruno, agur. tiens dans la même rvf il y a aussi lagerfeld, absthème mais bon pourquoi pas, qui se prend à penser l'avenir du vin. on dirait que les penseurs de niveau champion's league se sont donnés le mot ces derniers temps pour nous abreuver d'inepties.
allez, abrazo.

ludo

Christophe MARTY a dit…

Des montagnes asturiennes aux ruedos, il faut croire que les Pelayo ont toujours préféré la liberté et l'indépendance d'esprit au renoncement et à la compromission. :)