jeudi 15 octobre 2009

Luis Mazzantini y Cuba


Il est des moments, où le travail de recherche nous mène à la découverte de choses inattendues. Cela s’est produit lors de la lecture d’un livre de Michel del Castillo, qui permit, même si ce n’était pas l’objet initial de la lecture, d’entamer par la suite de petites recherches à propos de Melchor Rodriguez ancien novillero et militant anarchiste. Ou bien au sujet de « Cantinflas », torero comique, acteur rival de Charlie Chaplin que ce dernier qualifiait de plus grand, et aussi franc-maçon. Mais encore, Bernardo Casielles Puerta, torero, franc-maçon et combattant républicain. Tout ceci fût déjà mentionné lors d’articles précédents sur ces colonnes, mais il fût aussi abordé ce court plaisir de croire un instant, avoir trouvé une piste vis à vis de l’impact de la mort en France de Espartéro. Plaisir éphémère, sur le seul fait de la lecture d’archives de la franc-maçonnerie espagnole, comme déjà raconté ici-même.

Mais parmi les acteurs taurins qui nous intéressent sur ce blog, bien entendu nous trouvons Luis Mazzantini. Torero que l’on ne présente plus aux aficionados, initiateur du sorteo, spécialiste de l’estocade a volapié, commissaire de police, responsable ferroviaire, un temps chanteur d’opéra, ou encore élu politique et franc-maçon. De Luis Mazzantini, autant sa carrière de matador est plus moins connue des aficionados et son activité de franc-maçon l’est beaucoup moins, autant il est souvent mentionné ses prétendues aventures sentimentales, notamment avec l’actrice Sarah Bernhardt,

A ce sujet, le site internet de « Habana Radio, émisora de la Oficina del Historiador de la Ciudad de la Habana », rapporte un article de Miguel Ernesto Gómez Masjuán en date du 14 décembre 2007, qui aborde rapidement la rencontre entre le matador et la diva. Leurs yeux se seraient croisés lors d’une vuelta du torero à l’issue de l’une de ses corridas cubaines, et plus précisément en cette année 1886. La romance veut que ce simple regard est captivé les futurs amants. Une romance qui va pousser le Don Luis à offrir une corrida a puerta cerrada, pour le seul plaisir de l’actrice. C’est du moins ce que rapporte l’auteur de la chronique, d’après un article de l’époque publié dans un journal français, « Le Figaro ».

Mais cette romance entre les deux célébrités d’alors, car il semblerait qu’ils n’ont pas été avérés par les intéressés eux-mêmes, ne sont bien entendu pas vérifiables. Par contre, ce qui est certain, c’est que Luis Mazzantini a marqué de son empreinte l’île cubaine, même et surtout au delà de l’afición. Torero de grande notoriété, cette dernière du fait de ses prestations dans les ruedos, mais aussi de par son parcours atypique avant d’en venir aux toros, Luis Mazzantini n’était en aucun cas la représentation parfaite de l’image du matador à cette époque. Atypique, il continua à l’être lorsqu’il se coupa la coleta, en embrassant une carrière politique, carrière désirée bien avant sa retraite taurine. Rares furent les toreros d’alors à s’impliquer avec une telle notoriété dans la vie de la cité. Bien entendu, il y eut des cas comme Melchior Rodriguez ou bien quelques autres, mais l’ensemble de ces matadors n’eurent pas la carrière taurine de Luis Mazzantini.

A Cuba, ce qui attire aussi l’attention vis à vis de Luis Mazzantini, c’est le financement par le torero de la construction du « Palais des cris » de la Havane. Ceci pouvant paraître surprenant. Mais au moment ou des obédiences maçonnique locales comme la « Gran Logia de la Isla Cubana » en 1880, s’occupaient tout d’abord à faire vivre trois écoles publiques, il se pourrait que des besoins pressants d’infrastructures aient été pointés. Don Luis n’était pas encore un homme politique, mais son envie d’embrasser une telle carrière était pourtant présente bien avant sa retraite des ruedos. En homme se voulant à l’écoute des besoins des autres, mais aussi ses relations avec des personnalités politiques comme des arts à l’époque, pourraient avoir inciter un tel geste. De plus, son activité maçonnique était forcément connue. Ces détracteurs savouraient un anti-maçonnisme primaire, se servant du fait qu’il soit initié pour faire valoir des prétendus passes droits afin d’avoir des contrats comme les corridas parisiennes de la rue Pergolèse, ou bien l’inauguration des arènes d’Oran. Des francs-maçons biterrois étaient aussi au courant de l’activité fraternelle de Don Luis, au point de la recevoir dans une loge de Béziers en 1882. Alors que dire des frères cubains, très impliqués dans la vie politique de l’époque, tout comme l’était le torero au point de rencontrer des hommes de pouvoir tels que William Jennings Bryan.

Ces point ont été soulevés dans « L’équerre, le compas, les toros », toutefois les recherches en ce domaine sont encore difficiles. Mais ce qui pourrait être rajouté, c’est qu’en homme de bonne volonté, le rapprochement avec son confrère et néanmoins rival Ponciano Diáz le prouve, Don Luis était peut être sensible à une sorte de diplomatie voulant apaiser les relations tendues alors entre Cuba et l’Espagne. Il ne faut pas oublier que la crise économique de 1866-1867, avait fait naître les premiers sentiments d’indépendance vis à vis de la couronne ibérique, et Luis Mazzantini n’était pas insensible notamment au roi Alfonso XIII. Quel meilleur « ambassadeur » qu’un torero célèbre, connaissant et pratiquant les codes de la « bonne société » mais aussi de la politique, de plus franc-maçon, pouvait se faire l’écho du soucis de l’Espagne envers cette terre de l’autre côté de l’océan ? Une terre où justement la franc-maçonnerie était bien présente depuis la fin du XVIII è siécle et plus précisément implanté à partir de 1804 grâce à un français, Jospeh Cerneau. Une franc-maçonnerie inquiétée par des premières persécutions lors de la crise des années 60, mais aussi quelque peu impliquée dès les prémices des désirs d’indépendance issues de cette époque. Une franc-maçonnerie, aussi partie prenante dans la création du « Parti Révolutionnaire Cubain ».

Le souvenir laissé par Luis Mazzantini en terres cubaines, pourrait ne pas être le seul fruit d’une supposée aventure amoureuse avec l’actrice française, ni de ses prestations tauromachiques. Ce point nous intrigue depuis déjà quelques temps, espérons qu’un jour prochain la lumière se fera sur cette part de la vie de Luis Mazzantini, franc-maçon et torero atypique.

1 commentaire:

pedrito a dit…

Cher Lionel,
Même pour un non initié, toujours un grand plaisir de lire tes papiers.
Un fuerte abrazo de Pedrito