L’hiver approchant en Europe, l’aficionado a los toros continu de vivre sa passion de diverses façons, notamment par la littérature taurine. Le hasard des navigations internautiques ainsi que l’intérêt pour la littérature contemporaine, ont permis il y a peu de découvrir la publication en France, d’un roman policier écrit par un auteur cubain.
Pourquoi parler d’un tel livre sur un blog taurin, certes atypique, mais qui se veut traiter tout de même de tauromachie ?
Tout d’abord parce que les revues taurines ou les sites taurins, n’informent pas tous des diverses parutions, ni de tous les livres ayants dans leurs pages des faits plus ou moins proches des toros. Il existe même des publications, qui choisissent de taire volontairement des lectures taurines particulières, du seul fait que le fond du sujet dérange.
Parler du roman policier de Angel Tomás Gónzalez Ramos, « Les anges jouent des maracas »*, et publié au mois de juin 2009 par les éditions « L’atinoir », n’est certes pas décalé sur un blog taurin, et encore mois sur celui-ci. Lorsque le lecteur ou la lectrice assidu de ces colonnes, saura que sur la quatrième de couverture l’on peut y lire que l’intrigue se déroule à La Havana en 1887, et que Luis Mazzantini est mentionné se produisant dans le ruedo cubain pour un seul contre six en présence de Sarah Bernhard, le voile de l’interrogation éventuelle sera levé.
L’objet du présent article n’est en aucun cas d’émettre une critique tant sur le fond que sur la forme du roman, mais plutôt de porter à la connaissance de l’aficionado a los toros qui s’arrête ici, un nouveau livre où la tauromachie est présente, même de loin. Il est important de noter que les éditions « L’atinoir », ont pour habitude d’introduire le texte d’une préface rédigée par l’auteur, ceci afin de proposer au lecteur une rencontre avec l’écrivain. C’est ainsi que l’on apprend de l’auteur lui-même, que le fond historique de son livre est basé sur des recherches consacrées à découvrir le passé cubain au travers, entre autre, des journaux de l’époque. De cette façon, l’auteur donne au lecteur un aperçu de l’aristocratie de la capitale cubaine, avec ses intrigues politiques, ses débauches, dans cette période d’entre deux guerres coloniales.
Dès lors, le visiteur présent depuis longtemps sur ces colonnes, éprouvera certainement un intérêt pour ce roman. L’hôtel « Petit » que nous avons mentionné dans un précédent article sur la relation entre Don Luis et l’actrice, cet hôtel où réside Sarah Bernhard, y est décrit ainsi que son propriétaire. L’actrice est même interrogée par le policier chargé de l’enquête, et nous la découvrons dans sa chambre, où animaux et cercueil l’accompagnent.
Dans ce roman, il y a une nouvelle fois une allusion de l’initiation en franc-maçonnerie de Luis Mazzantini. Cela ne relève pas du scoop pour nous, mais l’on peut y voir ici aussi l’idée répandue que le maestro vînt toréer de l’autre côté de l’océan pour le simple fait de vouloir faire oublier son engagement maçonnique. Comme nous l’avons déjà écrit et développé dans « L’équerre, le compas, les toros »**, cette idée semble peut probable.
Même si Luis Mazzantini n’entre réellement en scène dans ce roman qu’à partir de la page 121, le billet transmis par l’actrice au torero et invitant ce dernier à la rejoindre dans sa chambre d’hôtel est aussi évoqué. Il est remis à Don Luis dans un contexte différent que celui vu récemment sur ces colonnes, mais il est mentionné et se voit même attribué quelques lignes. Avant de rejoindre l’actrice dans son intimité, Luis Mazzantini doit affronter en solitaire six toros. Une corrida lors de laquelle le maestro brise en deux l’épée d’estocade, comme cela lui arriva réellement à Madrid.
Cette corrida cubaine est aussi l’occasion de voir une fois de plus pointé l’intérêt du maestro concernant sa vêture, et ceci étant pour l’auteur du roman, ce qui a fait avant tout la renommée de Don Luis. Raccourci quelque peu réducteur, surtout lorsque l’on sait que Luis Mazzantini fût un spécialiste de l’estocade a volapié, ainsi que l’un des initiateurs du sorteo. Même si il est vrai que le torero fût, et est encore, une référence en la matière de traje, comme le souligne Marc Thorel dans sa communication présentée au dernier colloque de l’Union des Bibliophiles Taurins de France ***. Une référence que souligne aussi Sandra Alvarez Molina, lorsque elle mentionne dans son étude « La corrida vue des gradins »****, les différentes parties d’une garde robe masculine de l’époque, portant l’emprunte de Mazzantini.
L’aficionado a los toros, trouvera intéressant à la lecture de ce roman, la façon dont est narrée la relation amoureuse entre Sarah Bernhard et Don Luis. Ce roman nous invite, dans quelques lignes intitulées « la corrida secrète du torero et de la diva », à ce qui a probablement créé un grand fantasme dans la bourgeoisie cubaine, lorsque la relation entre l’actrice française et le torero commença à s’ébruiter. Une relation qui toutefois n’est toujours pas avérée en l’état actuel des recherches. Cette partie du roman, qui disons le tout net, n’apporte aucun intérêt taurin, se voit écourtée de bien drôle de façon, mettant le lecteur dans l’attente de la suite de l’intrigue.
« Les anges jouent des maracas », n’est donc pas un roman tauromachique, mais bien un roman policier. Mais en cette saison hivernale pour l’aficionado a los toros européen, il offre une lecture agréable où les toros sont présents. Il permet aussi de sentir l’atmosphère cubaine de cette époque qui n’avait pas encore tourné le dos à la tauromachie. Une époque que nous n’avons pas l’habitude d’approcher dans les lectures taurines contemporaines, et qui au travers d’une intrigue, nous permet de découvrir et de redécouvrir les temps du maestro Luis Mazzantini.
* « Les anges jouent des maracas », Angel Tomás Gónzalez Ramos, éditions L’atinoir, juin 2009. Titre original « Los àngeles tocan maracas », 2008.
** « L’équerre, le compas, les toros », éditions CAIRN, mars 2009.
*** Voir un article précédent sur ces colonnes, à propos du numéro 48 de la revue de l’U.B.T.F., publié au mois de novembre 2009.**** « La corrida vue des gradins :afición et réception (1900-1940) », de Sandra Alvarez Molina. CREC, Université Paris III.
Pourquoi parler d’un tel livre sur un blog taurin, certes atypique, mais qui se veut traiter tout de même de tauromachie ?
Tout d’abord parce que les revues taurines ou les sites taurins, n’informent pas tous des diverses parutions, ni de tous les livres ayants dans leurs pages des faits plus ou moins proches des toros. Il existe même des publications, qui choisissent de taire volontairement des lectures taurines particulières, du seul fait que le fond du sujet dérange.
Parler du roman policier de Angel Tomás Gónzalez Ramos, « Les anges jouent des maracas »*, et publié au mois de juin 2009 par les éditions « L’atinoir », n’est certes pas décalé sur un blog taurin, et encore mois sur celui-ci. Lorsque le lecteur ou la lectrice assidu de ces colonnes, saura que sur la quatrième de couverture l’on peut y lire que l’intrigue se déroule à La Havana en 1887, et que Luis Mazzantini est mentionné se produisant dans le ruedo cubain pour un seul contre six en présence de Sarah Bernhard, le voile de l’interrogation éventuelle sera levé.
L’objet du présent article n’est en aucun cas d’émettre une critique tant sur le fond que sur la forme du roman, mais plutôt de porter à la connaissance de l’aficionado a los toros qui s’arrête ici, un nouveau livre où la tauromachie est présente, même de loin. Il est important de noter que les éditions « L’atinoir », ont pour habitude d’introduire le texte d’une préface rédigée par l’auteur, ceci afin de proposer au lecteur une rencontre avec l’écrivain. C’est ainsi que l’on apprend de l’auteur lui-même, que le fond historique de son livre est basé sur des recherches consacrées à découvrir le passé cubain au travers, entre autre, des journaux de l’époque. De cette façon, l’auteur donne au lecteur un aperçu de l’aristocratie de la capitale cubaine, avec ses intrigues politiques, ses débauches, dans cette période d’entre deux guerres coloniales.
Dès lors, le visiteur présent depuis longtemps sur ces colonnes, éprouvera certainement un intérêt pour ce roman. L’hôtel « Petit » que nous avons mentionné dans un précédent article sur la relation entre Don Luis et l’actrice, cet hôtel où réside Sarah Bernhard, y est décrit ainsi que son propriétaire. L’actrice est même interrogée par le policier chargé de l’enquête, et nous la découvrons dans sa chambre, où animaux et cercueil l’accompagnent.
Dans ce roman, il y a une nouvelle fois une allusion de l’initiation en franc-maçonnerie de Luis Mazzantini. Cela ne relève pas du scoop pour nous, mais l’on peut y voir ici aussi l’idée répandue que le maestro vînt toréer de l’autre côté de l’océan pour le simple fait de vouloir faire oublier son engagement maçonnique. Comme nous l’avons déjà écrit et développé dans « L’équerre, le compas, les toros »**, cette idée semble peut probable.
Même si Luis Mazzantini n’entre réellement en scène dans ce roman qu’à partir de la page 121, le billet transmis par l’actrice au torero et invitant ce dernier à la rejoindre dans sa chambre d’hôtel est aussi évoqué. Il est remis à Don Luis dans un contexte différent que celui vu récemment sur ces colonnes, mais il est mentionné et se voit même attribué quelques lignes. Avant de rejoindre l’actrice dans son intimité, Luis Mazzantini doit affronter en solitaire six toros. Une corrida lors de laquelle le maestro brise en deux l’épée d’estocade, comme cela lui arriva réellement à Madrid.
Cette corrida cubaine est aussi l’occasion de voir une fois de plus pointé l’intérêt du maestro concernant sa vêture, et ceci étant pour l’auteur du roman, ce qui a fait avant tout la renommée de Don Luis. Raccourci quelque peu réducteur, surtout lorsque l’on sait que Luis Mazzantini fût un spécialiste de l’estocade a volapié, ainsi que l’un des initiateurs du sorteo. Même si il est vrai que le torero fût, et est encore, une référence en la matière de traje, comme le souligne Marc Thorel dans sa communication présentée au dernier colloque de l’Union des Bibliophiles Taurins de France ***. Une référence que souligne aussi Sandra Alvarez Molina, lorsque elle mentionne dans son étude « La corrida vue des gradins »****, les différentes parties d’une garde robe masculine de l’époque, portant l’emprunte de Mazzantini.
L’aficionado a los toros, trouvera intéressant à la lecture de ce roman, la façon dont est narrée la relation amoureuse entre Sarah Bernhard et Don Luis. Ce roman nous invite, dans quelques lignes intitulées « la corrida secrète du torero et de la diva », à ce qui a probablement créé un grand fantasme dans la bourgeoisie cubaine, lorsque la relation entre l’actrice française et le torero commença à s’ébruiter. Une relation qui toutefois n’est toujours pas avérée en l’état actuel des recherches. Cette partie du roman, qui disons le tout net, n’apporte aucun intérêt taurin, se voit écourtée de bien drôle de façon, mettant le lecteur dans l’attente de la suite de l’intrigue.
« Les anges jouent des maracas », n’est donc pas un roman tauromachique, mais bien un roman policier. Mais en cette saison hivernale pour l’aficionado a los toros européen, il offre une lecture agréable où les toros sont présents. Il permet aussi de sentir l’atmosphère cubaine de cette époque qui n’avait pas encore tourné le dos à la tauromachie. Une époque que nous n’avons pas l’habitude d’approcher dans les lectures taurines contemporaines, et qui au travers d’une intrigue, nous permet de découvrir et de redécouvrir les temps du maestro Luis Mazzantini.
* « Les anges jouent des maracas », Angel Tomás Gónzalez Ramos, éditions L’atinoir, juin 2009. Titre original « Los àngeles tocan maracas », 2008.
** « L’équerre, le compas, les toros », éditions CAIRN, mars 2009.
*** Voir un article précédent sur ces colonnes, à propos du numéro 48 de la revue de l’U.B.T.F., publié au mois de novembre 2009.**** « La corrida vue des gradins :afición et réception (1900-1940) », de Sandra Alvarez Molina. CREC, Université Paris III.
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