Si l’on voulait jouer au jeu de cartes des sept familles, l’on trouverait satisfaction avec le patronyme de Mazzantini. Nous aurions Margaret, écrivaine contemporaine qui reçut en Italie lors de l’année 2002, l’équivalent du prix Goncourt français à savoir le "Premio Strega", avant d’être publiée dans l’hexagone deux ans plus tard. Toujours en Italie et toujours comme contemporain, un dénommé Thomas Mazzantini excelle en qualité d’auteur de plusieurs romanzi fantasy. Il est curieux de noter que comme pour le Mazzantini torero qui nous intéresse et qui était de double origines italo-espagnole, Margaret et Thomas sont les fruits d’amours issus de deux cultures, la première est d’origine italo-irlandaise, et le second italo- suisse.
Dans la "famille" Mazzantini, l’aficionado a los toros trouvera aussi Santos Perice Parilla Mazzantini, matador des années 60-70. Toutefois, le plus connu des Mazzantini reste Don Luis, torero que l’on ne présente plus sur ces colonnes. Mais ce dernier personnage, occulte bien souvent dans l’histoire tauromachique un autre Mazzantini qui se produisit dans les ruedos, à savoir Tomas, son propre frère de sang.
Il faut bien se garder à ne pas confondre Tomas Mazzantini, qui nous intéresse aujourd’hui, avec Tomas Fernandez Alarcón "Mazzantinito" (1879-1916), qui fût lui aussi un excellent banderillero, et dont l’aficionado a los toros français notera qu’il mit entre autre ses qualités au service de Félix Robert à Madrid le 2 mai 1899.
Tomas Mazzantini, est né le 21 décembre 1862, jour symbolique du solstice d’hiver. Il fût considéré comme l’un des meilleurs subalternes de sa génération, L’on notera que Tomas, est lui aussi connu pour être en la calle d’une vêture des plus raffinée, mais à ce jour, personne ne sait lequel influença l’autre. Sa tenue vestimentaire n’a rien à envier à celle de son frère, Tomas est décrit de façon toute aussi élégante.
Toutefois il est dit que c’est en voyant son frère aîné devant les toros que Tomas s’essaya dans les capeas à l’art de Cuchares. Il revêtit pour la première fois le traje de luces en 1882 à Palencia ou Zamora, le quotidien "El Ruedo" ne peut l’affirmer. Il fît ensuite sa présentation à Madrid en qualité de banderillero en 1883, aux ordres de Joaquin Sanz, lors d’une novillada célébrée le 25 février devant du bétail de Carriquiri. Toujours en novillada, à Tarazona au mois d’août de la même année, les reseñas relèvent que le meilleur travail de la tarde fût effectué par Tomas Mazzantini avec ses prestations à la cape comme aux palos. Tomas reçoit sa première cogida sérieuse avec notamment des contusions à la tête, le 17 septembre à Tomelloso.
Tomas Mazzantini fait l’unanimité chez les critiques taurins, mentionné pratiquant le quiebro, et aussi mal los banderilleros, excepto Tomas. Une unanimité qui pousse son frère Luis à lui proposer de le rejoindre dans sa cuadrilla pour la temporada sud-américaine 1883-1884. De l’autre côté de l’océan, le cadet des Mazzantini est fortement apprécié et applaudi.
En 1885, Tomas passe de l’autre côté en prenant les trastos à Madrid, pour une novillada donnée le 8 décembre, avec du bétail de Juan Moreno de Arcos de la Frontera. Mais ensuite il reprend vite sa fonction de banderillero pour une carrière auréolée de succès dans cette fonction.
Il est souvent dit que Lagartijo et Luis Mazzantini, tuèrent beaucoup de toros grâce aux qualités des prestations dans leurs cuadrillas respectives de Juan Molina et de Tomas Mazzantini. L’on trouve trace de Tomas lorsqu’il actua aux côtés de son frère, comme lors de la corrida du 2 août 1885 à San Sébastian où Don Luis s’enferma avec six toros. Il figure aussi au cartel de la corrida inaugurale de la plaza de toros de Murcia, au mois de septembre 1887. La date de la corrida inaugurale de Murcia, nous indique que Tomas était donc aux ordres de son frère en 1887, et qu’il y a de très grandes chances qu’il fût de la campagne taurine cubaine évoquée il y a quelques temps sur ces colonnes, lors de laquelle Sarah Bernhard et son frère qui aurait vécu un amour discret.
Il semblerait que la présence de Tomas dans la cuadrilla de Luis est un peu perturbé quelques historiens peut être pas très au fait de la tauromachie, au point d’attribuer au cadet des actes de l’aîné, comme le financement d’édifices à La Havana. Même si plusieurs documents mentionnent Tomas étant l’initiateur à La Havana, avec Basilio Zarasqueta*, de la construction du fronton de la cité. Ceci semble être tout à fait exact, car il était un fervent supporter de ce sport qu’il affectionnait, et Tomas est présenté comme initiateur du projet et non comme financeur. Mais sa fonction de subalterne, même dans la cuadrilla de son propre frère, ne devait tout de même pas lui assurer des revenus permettant des actes de financement d’infrastructures immobilières comme Jai-Alai à La Havana.
Une confusion à laquelle se rajoute par un exemple de présentation du banderillero, comme étant le famoso torero Tomas Mazzantini y Eguia. Constatant cette confusion, il ne faudrait pas que celle-ci ce soit reproduite envers l’amour supposé en l’actrice française et Don Luis. Même si à ce jour l’histoire attribue à Don Luis la visite dans la loge de l’actrice, le billet qu’il reçu d’elle à son hôtel, le doute peut subsister en filigrane.
Voulant poursuivre au sujet de Tomas Mazzantini, sans vouloir pratiquer de la psychologie de comptoir sur ces colonnes, le poids de l’héritage du patronyme de Mazzantini, devant l’importance de la carrière de Luis, devait être lourd à porter pour Tomas. Et l’on retrouve quelque peu cette idée dans un texte de Rainer Maria Rilke, texte intitulé "La infancia es la patria del nombre".
L’auteur prend l’exemple des frères Mazzantini, et le pouvoir de persuasion que pouvait imposer l’aîné envers Tomas. Lors d’une corrida dont la date et le lieu ne sont pas révélés, le bicho étant en querencia aux tablas, les ordres et conseils de Don Luis envers Tomas capote en main, furent vains. Le diestro constata l’impuissance de son cadet, ce dernier la lui faisant remarquer. Avec cet exemple, beaucoup plus développé dans le texte initial, Rainer Maria Rilke fait le lien avec la situation de rébellion que tout individu peut ressentir vis à vis de la capacité de persuasion développée par autrui.
L’histoire ne dit pas si tel fût le cas de la part de Tomas, même si leurs despedidas respectives datent toutes deux de 1905, mais l’on retrouve ce dernier sans son frère au début du XXè siècle. Cette fois-ci Tomas Mazzantini est en compagnie de Pietro Niembro, alors semble-t-il associés comme contratistas de la plaza de toros de Madrid si l’on en croit Antonio Luis López Martinez, auteur de "Ganaderias de lidia y ganaderos : historia y economia de los toros de lidia". Les deux protagonistes que sont Mazzantini et Niembro, semblent avoir été en cette année 1905, à l’origine d’une initiative peu appréciée du monde ganadero de l’époque, mais qui pourtant faisait suite à des pratiques remontant aux années 1790 avec le marquis Casa de Mesa.
Il était question d’acquérir des toros en Andalousie, qu’ils devaient embarquer depuis Sevilla - Empalme o Salteras, vers San Fernando del Jarama dans la province madrilène à destinations de pulsieurs arènes, et poussant même à voir partir plus au nord quelques bichos. Il semblerait que ce soit pour contrer ce genre d’initiatives de monopôles peu appréciées de l’ensemble des ganaderos, et pour donc pour que les éleveurs puissent contrer le contrôle intenté par les empresas, que ce soit créée la "Unión Nacional de Criadores de Toros de Lidia".
Cette année 1905 est donc celle de sa retirada, tout comme celle de son frère Luis. Après l’association avec Niembro, Tomas Mazzantini se rapproche de la ganaderia de Eduardo Alea, dont il mentionné dans le numéro du quotidien "El Ruedo" en date du 30 octobre 1952, donde apodero la ganaderia de don Eduardo Alea (antes Villamarta).
L’on ne sait pas qu’elles sont les relations des deux frères en dehors des ruedos, ni si Tomas fût franc-maçon comme son illustre aîné ou bien même engagé en politique. Mais ce qui est certain, c’est que entre Tomas Mazzantini et son frère, c’est le cadet qui partira le premier pour l’orient éternel, le 26 octobre 1919 au Puerto de Santa Maria.
*Joueur de pelote basque, promoteur de fronton de La Havana.
Dans la "famille" Mazzantini, l’aficionado a los toros trouvera aussi Santos Perice Parilla Mazzantini, matador des années 60-70. Toutefois, le plus connu des Mazzantini reste Don Luis, torero que l’on ne présente plus sur ces colonnes. Mais ce dernier personnage, occulte bien souvent dans l’histoire tauromachique un autre Mazzantini qui se produisit dans les ruedos, à savoir Tomas, son propre frère de sang.
Il faut bien se garder à ne pas confondre Tomas Mazzantini, qui nous intéresse aujourd’hui, avec Tomas Fernandez Alarcón "Mazzantinito" (1879-1916), qui fût lui aussi un excellent banderillero, et dont l’aficionado a los toros français notera qu’il mit entre autre ses qualités au service de Félix Robert à Madrid le 2 mai 1899.
Tomas Mazzantini, est né le 21 décembre 1862, jour symbolique du solstice d’hiver. Il fût considéré comme l’un des meilleurs subalternes de sa génération, L’on notera que Tomas, est lui aussi connu pour être en la calle d’une vêture des plus raffinée, mais à ce jour, personne ne sait lequel influença l’autre. Sa tenue vestimentaire n’a rien à envier à celle de son frère, Tomas est décrit de façon toute aussi élégante.
Toutefois il est dit que c’est en voyant son frère aîné devant les toros que Tomas s’essaya dans les capeas à l’art de Cuchares. Il revêtit pour la première fois le traje de luces en 1882 à Palencia ou Zamora, le quotidien "El Ruedo" ne peut l’affirmer. Il fît ensuite sa présentation à Madrid en qualité de banderillero en 1883, aux ordres de Joaquin Sanz, lors d’une novillada célébrée le 25 février devant du bétail de Carriquiri. Toujours en novillada, à Tarazona au mois d’août de la même année, les reseñas relèvent que le meilleur travail de la tarde fût effectué par Tomas Mazzantini avec ses prestations à la cape comme aux palos. Tomas reçoit sa première cogida sérieuse avec notamment des contusions à la tête, le 17 septembre à Tomelloso.
Tomas Mazzantini fait l’unanimité chez les critiques taurins, mentionné pratiquant le quiebro, et aussi mal los banderilleros, excepto Tomas. Une unanimité qui pousse son frère Luis à lui proposer de le rejoindre dans sa cuadrilla pour la temporada sud-américaine 1883-1884. De l’autre côté de l’océan, le cadet des Mazzantini est fortement apprécié et applaudi.
En 1885, Tomas passe de l’autre côté en prenant les trastos à Madrid, pour une novillada donnée le 8 décembre, avec du bétail de Juan Moreno de Arcos de la Frontera. Mais ensuite il reprend vite sa fonction de banderillero pour une carrière auréolée de succès dans cette fonction.
Il est souvent dit que Lagartijo et Luis Mazzantini, tuèrent beaucoup de toros grâce aux qualités des prestations dans leurs cuadrillas respectives de Juan Molina et de Tomas Mazzantini. L’on trouve trace de Tomas lorsqu’il actua aux côtés de son frère, comme lors de la corrida du 2 août 1885 à San Sébastian où Don Luis s’enferma avec six toros. Il figure aussi au cartel de la corrida inaugurale de la plaza de toros de Murcia, au mois de septembre 1887. La date de la corrida inaugurale de Murcia, nous indique que Tomas était donc aux ordres de son frère en 1887, et qu’il y a de très grandes chances qu’il fût de la campagne taurine cubaine évoquée il y a quelques temps sur ces colonnes, lors de laquelle Sarah Bernhard et son frère qui aurait vécu un amour discret.
Il semblerait que la présence de Tomas dans la cuadrilla de Luis est un peu perturbé quelques historiens peut être pas très au fait de la tauromachie, au point d’attribuer au cadet des actes de l’aîné, comme le financement d’édifices à La Havana. Même si plusieurs documents mentionnent Tomas étant l’initiateur à La Havana, avec Basilio Zarasqueta*, de la construction du fronton de la cité. Ceci semble être tout à fait exact, car il était un fervent supporter de ce sport qu’il affectionnait, et Tomas est présenté comme initiateur du projet et non comme financeur. Mais sa fonction de subalterne, même dans la cuadrilla de son propre frère, ne devait tout de même pas lui assurer des revenus permettant des actes de financement d’infrastructures immobilières comme Jai-Alai à La Havana.
Une confusion à laquelle se rajoute par un exemple de présentation du banderillero, comme étant le famoso torero Tomas Mazzantini y Eguia. Constatant cette confusion, il ne faudrait pas que celle-ci ce soit reproduite envers l’amour supposé en l’actrice française et Don Luis. Même si à ce jour l’histoire attribue à Don Luis la visite dans la loge de l’actrice, le billet qu’il reçu d’elle à son hôtel, le doute peut subsister en filigrane.
Voulant poursuivre au sujet de Tomas Mazzantini, sans vouloir pratiquer de la psychologie de comptoir sur ces colonnes, le poids de l’héritage du patronyme de Mazzantini, devant l’importance de la carrière de Luis, devait être lourd à porter pour Tomas. Et l’on retrouve quelque peu cette idée dans un texte de Rainer Maria Rilke, texte intitulé "La infancia es la patria del nombre".
L’auteur prend l’exemple des frères Mazzantini, et le pouvoir de persuasion que pouvait imposer l’aîné envers Tomas. Lors d’une corrida dont la date et le lieu ne sont pas révélés, le bicho étant en querencia aux tablas, les ordres et conseils de Don Luis envers Tomas capote en main, furent vains. Le diestro constata l’impuissance de son cadet, ce dernier la lui faisant remarquer. Avec cet exemple, beaucoup plus développé dans le texte initial, Rainer Maria Rilke fait le lien avec la situation de rébellion que tout individu peut ressentir vis à vis de la capacité de persuasion développée par autrui.
L’histoire ne dit pas si tel fût le cas de la part de Tomas, même si leurs despedidas respectives datent toutes deux de 1905, mais l’on retrouve ce dernier sans son frère au début du XXè siècle. Cette fois-ci Tomas Mazzantini est en compagnie de Pietro Niembro, alors semble-t-il associés comme contratistas de la plaza de toros de Madrid si l’on en croit Antonio Luis López Martinez, auteur de "Ganaderias de lidia y ganaderos : historia y economia de los toros de lidia". Les deux protagonistes que sont Mazzantini et Niembro, semblent avoir été en cette année 1905, à l’origine d’une initiative peu appréciée du monde ganadero de l’époque, mais qui pourtant faisait suite à des pratiques remontant aux années 1790 avec le marquis Casa de Mesa.
Il était question d’acquérir des toros en Andalousie, qu’ils devaient embarquer depuis Sevilla - Empalme o Salteras, vers San Fernando del Jarama dans la province madrilène à destinations de pulsieurs arènes, et poussant même à voir partir plus au nord quelques bichos. Il semblerait que ce soit pour contrer ce genre d’initiatives de monopôles peu appréciées de l’ensemble des ganaderos, et pour donc pour que les éleveurs puissent contrer le contrôle intenté par les empresas, que ce soit créée la "Unión Nacional de Criadores de Toros de Lidia".
Cette année 1905 est donc celle de sa retirada, tout comme celle de son frère Luis. Après l’association avec Niembro, Tomas Mazzantini se rapproche de la ganaderia de Eduardo Alea, dont il mentionné dans le numéro du quotidien "El Ruedo" en date du 30 octobre 1952, donde apodero la ganaderia de don Eduardo Alea (antes Villamarta).
L’on ne sait pas qu’elles sont les relations des deux frères en dehors des ruedos, ni si Tomas fût franc-maçon comme son illustre aîné ou bien même engagé en politique. Mais ce qui est certain, c’est que entre Tomas Mazzantini et son frère, c’est le cadet qui partira le premier pour l’orient éternel, le 26 octobre 1919 au Puerto de Santa Maria.
*Joueur de pelote basque, promoteur de fronton de La Havana.
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