Célébrité outre atlantique, Mario Moreno « Cantinflas », fût un homme de l’art. De l’art de la comédie, de l’art taurin, et de l’art royal. Surnommé le « Charlie Chaplin de Mexico », et dont Charlot lui-même concédait volontiers que son confrère mexicain était bien le plus grand comique du monde, Mario Moreno était né en 1911en étant le septième d’une fratrie de douze enfants.
Il entama des études qu’il interrompit en 1927 dès sa première année d’élève ingénieur agronome, pour entrer dans l’armée. Ayant semble-t-il triché sur son âge, son père le dénonça et justifia qu’il n’avait pas 21 ans mais bien 16 ans. Mario Moreno se retrouva alors sans uniforme, et décida d’embrasser la carrière de boxeur professionnel. Mais peu discipliné pour les exigences de cette discipline, le boxeur « El Chato Moreno » quitta les cordes pour s’orienter vers les planches, et interprétera « El charleston negro » sous le nom de « Polito » avant de devenir « Cantinflas ». L’histoire offre plusieurs versions quant à l’adoption de son apodo de comédien, l’on en retiendra ici une, celle qui veut que Cantinflas provienne de l’un de ses amis, qui, lors d’une soirée dans un club, lui dit « en la cantina, tú inflas ». Moreno aurait alors pris les contractions de « cantina » et « inflar », et ainsi naquit « Cantinflas ».
En 1936, il fît ses débuts de comédiens aux « Folies Bergères » de Mexico, il sera ensuite à l’affiche de plusieurs pièces et de pas moins de 49 films. Il travailla aussi à l’écriture de quelques autres lors d’une carrière qui se terminera en 1981. Sur le plan cinématographique, le point d’orgue sera la nomination aux Oscars pour le meilleur film en 1956, à propos du « Tour du monde en quatre-vingts jours », nomination qu’il partagea notamment avec David Niven qui fût aussi James Bond. Comme la barrière de la langue avec les Etats-Unis était importante pour lui, il créa sa propre maison de films au Mexique. Il reçut le prix de la meilleure prestation comique en 1943, décerné par la « Unión de Periodistas Cinematográficos Mexicanos ». Entre 1942 et 1943, Cantinflas fût aussi secrétaire général de la « Asociación Nacional de Actores » (ANDA), et en 1946, il représenta le cinéma mexicain au festival de Cannes. Honoré pour l’ensemble de sa carrière au Guatemala, en Colombie, il reçut le titre de docteur honoris causa de l’Université de Michigan, mais aussi maître honoraire de Mexico et Venzuela. En 1983, la « Organización de los Estados Americanos » le proclame symbole de paix et de joie, et à ce titre reçut les clefs de la capitale fédérale des Etats-Unis. Toujours la même année, il récolte des fonds pour l’UNICEF, pour la cause des enfants du monde. Ses films faisaient ressentir ses positions politiques ainsi que ses relations avec ce monde, il n’hésitait pas à critiquer le parti mexicain au pouvoir pendant 70 ans, le PRI, que l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa qualifia de « dictature parfaite ».
L’année où il débute en qualité de comédien, en 1936, Cantinflas se présente comme torero comique dans la plaza de Vista Alegre de San Antonio Abad. Il créa des amitiés avec notamment Carlos Arruza et Manolete, dont ce dernier eut sa popularité supplantée par Cantinflas dans le film « Ni sangre y ni arena ». Lors d’un tournage, dans les arènes de Chinchón, il donne la réplique à Luis Miguel Domingín. En 1966, Cantinflas est au programme de la « Segunda Feria Internacional de San Sébastian » dans les arènes de vénézuéliennes de San Cristobal. L’année précédente, c’est à Quito que le public équatorien le découvre dans le ruedo. Cantinflas avait coutume de dire que le public s’avait qu’il était torero comique et comédien, mais que les toros eux ne le savaient pas, « Y es mi problema, ahi esta el detalle ! »
Ayant connu la gloire devant les caméras ou bien sur les planches des théâtres, Cantinflas la connaîtra aussi dans le monde taurin. Devenu ganadero par pure afición, il créa l’élevage de « Moreno Reyes », situé dans la finca « La Purísima » à côté de la cité de Ixtlahuaca dans l’état de Mexico. Le 6 février 1966 restera à jamais un grand souvenir pour l’acteur-ganadero, où dans les arènes « El toreo », l’un de ses toros nommé « Espartaco » fût lidié par le maestro mexicain Josélito Huerta. Au cartel de ce jour là, les deux autres maestros étaient Antonio Ordoñez et Raúl Contreras. Sorti en seconde position, ce toro de la ganaderia de Cantinflas était de robe negro bragado et marqué du numéro 10. Josélito Huerta lui donna une faena, qualifiée comme étant la plus grande de sa vie. Dès sa sortie dans le ruedo, l’animal montra de l’alégria au cheval et arrivant au troisième tercio avec une charge d’une grande douceur s’abandonnant d’un côté et de l’autre dans la muleta de son matador. Gracié, le comportement de ce toro permis à l’ancien comédien devenu éleveur, de connaître un moment de gloire inoubliable. Vendu par la suite comme semental à Chafik, il est dit qu’il a donné un excellent élevage à son nouveau propriétaire.
Homme du septième art ainsi que de l’art de torear, Cantinflas fût aussi un homme de l’art royal. D’obédience catholique et grand amateur des théories comparatives, Mario Moreno Cantinflas fût membre du « Movimiento Gnostico Universal » et franc-maçon. Qualifié de véritable philanthrope, il semble avoir tout d’abord été attiré par la franc-maçonnerie, afin de vérifier si tout ce qui était rapporté à son propos était exact. Voyant que les animosités n’étaient que les fruits de fantasmes, et que son amour de l’Autre et des Autres lui permettait d’être en adéquation avec le mouvement, il resta initié. Notre acteur humaniste affirmait qu’il militait pour ceux et celles qui n’ont pas de lits, que son parti était celui de la justice sociale, et que son drapeau était celui de l’Egalité. Mario Moreno aida les nécessiteux de son pays, mais aussi dans d’autres contrées, tout en désirant ne pas faire publicité autour de ces actes. Son engagement philanthropique fût confirmé par ceux qui l’ont approché, et tous disent la forme anonyme et désintéressée avec laquelle il s’employait. Sa popularité fût tellement grande, qu’il déclina l’offre d’être candidat à la présidence du Mexique, lui que l’on voyait dignement représenter le gouvernement de la prospérité.
Nous n’en savons pas plus sur sa condition de franc-maçon, mais son engagement sociétal en faveur des plus en difficultés est tout à fait dans la mouvance maçonnique. L’on sait qu’il cachait volontairement son engagement par craintes. Il est vrai qu’il a traversé la seconde guerre mondiale, elle-même assez meurtrière concernant les « frères » arrêtés puis déportés voire fusiller sans autre formes de procès. Mais son pays accueillis ces « plus belles intelligences » qui « ont fui vers le Mexique et la France » comme l’écrit Michel del Castillo, et Canfinflas se rendit probablement compte de ce qu’endurèrent ces « frères » sous le régime franquiste. Ce qui l’incita sans aucun doute à la discrétion.
Il entama des études qu’il interrompit en 1927 dès sa première année d’élève ingénieur agronome, pour entrer dans l’armée. Ayant semble-t-il triché sur son âge, son père le dénonça et justifia qu’il n’avait pas 21 ans mais bien 16 ans. Mario Moreno se retrouva alors sans uniforme, et décida d’embrasser la carrière de boxeur professionnel. Mais peu discipliné pour les exigences de cette discipline, le boxeur « El Chato Moreno » quitta les cordes pour s’orienter vers les planches, et interprétera « El charleston negro » sous le nom de « Polito » avant de devenir « Cantinflas ». L’histoire offre plusieurs versions quant à l’adoption de son apodo de comédien, l’on en retiendra ici une, celle qui veut que Cantinflas provienne de l’un de ses amis, qui, lors d’une soirée dans un club, lui dit « en la cantina, tú inflas ». Moreno aurait alors pris les contractions de « cantina » et « inflar », et ainsi naquit « Cantinflas ».
En 1936, il fît ses débuts de comédiens aux « Folies Bergères » de Mexico, il sera ensuite à l’affiche de plusieurs pièces et de pas moins de 49 films. Il travailla aussi à l’écriture de quelques autres lors d’une carrière qui se terminera en 1981. Sur le plan cinématographique, le point d’orgue sera la nomination aux Oscars pour le meilleur film en 1956, à propos du « Tour du monde en quatre-vingts jours », nomination qu’il partagea notamment avec David Niven qui fût aussi James Bond. Comme la barrière de la langue avec les Etats-Unis était importante pour lui, il créa sa propre maison de films au Mexique. Il reçut le prix de la meilleure prestation comique en 1943, décerné par la « Unión de Periodistas Cinematográficos Mexicanos ». Entre 1942 et 1943, Cantinflas fût aussi secrétaire général de la « Asociación Nacional de Actores » (ANDA), et en 1946, il représenta le cinéma mexicain au festival de Cannes. Honoré pour l’ensemble de sa carrière au Guatemala, en Colombie, il reçut le titre de docteur honoris causa de l’Université de Michigan, mais aussi maître honoraire de Mexico et Venzuela. En 1983, la « Organización de los Estados Americanos » le proclame symbole de paix et de joie, et à ce titre reçut les clefs de la capitale fédérale des Etats-Unis. Toujours la même année, il récolte des fonds pour l’UNICEF, pour la cause des enfants du monde. Ses films faisaient ressentir ses positions politiques ainsi que ses relations avec ce monde, il n’hésitait pas à critiquer le parti mexicain au pouvoir pendant 70 ans, le PRI, que l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa qualifia de « dictature parfaite ».
L’année où il débute en qualité de comédien, en 1936, Cantinflas se présente comme torero comique dans la plaza de Vista Alegre de San Antonio Abad. Il créa des amitiés avec notamment Carlos Arruza et Manolete, dont ce dernier eut sa popularité supplantée par Cantinflas dans le film « Ni sangre y ni arena ». Lors d’un tournage, dans les arènes de Chinchón, il donne la réplique à Luis Miguel Domingín. En 1966, Cantinflas est au programme de la « Segunda Feria Internacional de San Sébastian » dans les arènes de vénézuéliennes de San Cristobal. L’année précédente, c’est à Quito que le public équatorien le découvre dans le ruedo. Cantinflas avait coutume de dire que le public s’avait qu’il était torero comique et comédien, mais que les toros eux ne le savaient pas, « Y es mi problema, ahi esta el detalle ! »
Ayant connu la gloire devant les caméras ou bien sur les planches des théâtres, Cantinflas la connaîtra aussi dans le monde taurin. Devenu ganadero par pure afición, il créa l’élevage de « Moreno Reyes », situé dans la finca « La Purísima » à côté de la cité de Ixtlahuaca dans l’état de Mexico. Le 6 février 1966 restera à jamais un grand souvenir pour l’acteur-ganadero, où dans les arènes « El toreo », l’un de ses toros nommé « Espartaco » fût lidié par le maestro mexicain Josélito Huerta. Au cartel de ce jour là, les deux autres maestros étaient Antonio Ordoñez et Raúl Contreras. Sorti en seconde position, ce toro de la ganaderia de Cantinflas était de robe negro bragado et marqué du numéro 10. Josélito Huerta lui donna une faena, qualifiée comme étant la plus grande de sa vie. Dès sa sortie dans le ruedo, l’animal montra de l’alégria au cheval et arrivant au troisième tercio avec une charge d’une grande douceur s’abandonnant d’un côté et de l’autre dans la muleta de son matador. Gracié, le comportement de ce toro permis à l’ancien comédien devenu éleveur, de connaître un moment de gloire inoubliable. Vendu par la suite comme semental à Chafik, il est dit qu’il a donné un excellent élevage à son nouveau propriétaire.
Homme du septième art ainsi que de l’art de torear, Cantinflas fût aussi un homme de l’art royal. D’obédience catholique et grand amateur des théories comparatives, Mario Moreno Cantinflas fût membre du « Movimiento Gnostico Universal » et franc-maçon. Qualifié de véritable philanthrope, il semble avoir tout d’abord été attiré par la franc-maçonnerie, afin de vérifier si tout ce qui était rapporté à son propos était exact. Voyant que les animosités n’étaient que les fruits de fantasmes, et que son amour de l’Autre et des Autres lui permettait d’être en adéquation avec le mouvement, il resta initié. Notre acteur humaniste affirmait qu’il militait pour ceux et celles qui n’ont pas de lits, que son parti était celui de la justice sociale, et que son drapeau était celui de l’Egalité. Mario Moreno aida les nécessiteux de son pays, mais aussi dans d’autres contrées, tout en désirant ne pas faire publicité autour de ces actes. Son engagement philanthropique fût confirmé par ceux qui l’ont approché, et tous disent la forme anonyme et désintéressée avec laquelle il s’employait. Sa popularité fût tellement grande, qu’il déclina l’offre d’être candidat à la présidence du Mexique, lui que l’on voyait dignement représenter le gouvernement de la prospérité.
Nous n’en savons pas plus sur sa condition de franc-maçon, mais son engagement sociétal en faveur des plus en difficultés est tout à fait dans la mouvance maçonnique. L’on sait qu’il cachait volontairement son engagement par craintes. Il est vrai qu’il a traversé la seconde guerre mondiale, elle-même assez meurtrière concernant les « frères » arrêtés puis déportés voire fusiller sans autre formes de procès. Mais son pays accueillis ces « plus belles intelligences » qui « ont fui vers le Mexique et la France » comme l’écrit Michel del Castillo, et Canfinflas se rendit probablement compte de ce qu’endurèrent ces « frères » sous le régime franquiste. Ce qui l’incita sans aucun doute à la discrétion.
Le 20 avril 1993, victime d’un cancer des poumons, Mario Moreno Reyes « Cantinflas » passa à l’orient éternel. Ses funérailles furent un évènement national qui dura trois jours, plus de mille personnes bravaient la pluie le jour des obsèques, et l’on vit la présence de plusieurs chefs d’Etats. Le Sénat des Etats-Unis, proposa même une minute de silence lors de l’ouverture d’une séance.
3 commentaires:
Superbe billet sur ce personnage Mexicain,ma connaissance étant à l'unisson de mes neurones "basique", à ce jour le plus "comique" était pour moi El Pana mais en quete de soif de connaitre mais pas de chrétienté,je picole ces lignes avec un soin dégustatif qui souvent déplait aux blogueurs "reconnus" par l'empreinte de la cire et sans peur , j'ignore les reproches ,j'aime assez Cantinflas en qui je crois reconnaitre des qualités humaines ,chose rare et qui va derechef prendre un petite place dans mon cerveau étriqué ,rincé aux lectures du Libertaire et comme l'auteur de cette belle page j'ai toujours sous le coude un thèse à faire entre Anarchie ce qui est un tantinet différent et Tauromachie et je souhaite ne pas crever du meme mal que notre Mexicain car d'une part j'ai deja voté et suis attendu au virage par
des pros de l'écriture alors Cantinflas excuses moi mais j'ai besoin de ton dernier souffle pour trouver le mien.
ciao
bruno
que rajouter après l'excellent commentaire de l'ami bruno ?
que dans le tour du monde en 80 jours il y a une scène taurine ( et une autre flamenca ) certainement tournée à chinchon (?).
je te laisse le "trailer " en lien.
bravo pour ton "ambos artes". j'ai enfin "l'équerre..." sur ma table de chevet(nouvelle édition préfacée !).
abrazo.
ludo
http://www.dailymotion.com/relevance/search/le+tour+du+monde+en+80+jours+cantinflas+?hmz=736561726368686561646572
Merci pour les encouragements mes amis.
Bruno, j'aurai un clin d'oeil pour toi d'ici quelques jours, un petit texte à diffuser prochainement sur ces colonnes, qui parlera d'un anarchiste que tu connais, je n'en doute pas.
Ludo, j'espère que tu prendras plaisir à lire "l'équerre...", tu pourras m'envoyer tes critiques et remarques sur ma boîte perso, où m'en parler d'ici quelques joursdans la cité gersoise. Je n'ai pas encore vu la nouvelle édition (seulement les épreuves). Mais comme me l'a dit une connaissance paloise commune, les 600 premiers exemplaires sont maintenant colectors.
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