Au mois de juillet 2008, les éditions « l’Harmattan » ont publié un ouvrage intitulé « Tauromachie et flamenco : polémiques et clichés (Espagne, fin XIXè – début Xxè s) ». Dans ce livre, Sandra Alvarez, agrégée d’espagnol, docteur de l’Université Paris III - Sorbonne Nouvelle et professeur de langue et littérature au Lycée Français de Madrid, invite le lecteur à approfondir ou découvrir, c’est selon, l’anti-flamenquisme.
Pour les adversaires des corridas et du flamenco qu’étaient les anti-flamenquistes, les arènes et les cafés cantantes, furent des lieus considérés comme la mise en exergue du triptyque « alcool, rixe et barbarie ». Pour les abolitionnistes, le cante flamenco et de la tauromachie étaient les principales sources de tous les maux de l’Espagne de l’époque (fin de l’empire espagnol, problèmes sociaux) et notamment de la non modernisation de cette dernière, l’auteur met à jour tout l’esprit qui animait les anti-flamenquistes, leurs contradictions, leurs propos qui n’étaient pas tous des plus tolérants.
Tel Eugenio Noël, taurophobe notoire et adversaire du flamenco tout en étant admiratif des danses flamencas, et dont les aficionados peuvent se demander à la lecture de certains de ses écrits, si il n’aurait pas secrètement rêvé d’être torero. Mais aussi Miguel de Unamuno, que l’on admire pour son discours courageux et héroïque de Salamanca en 1936 devant le général Millan-Astray, et qui d’un autre côté, demandait à ce que les amateurs de corridas qui se rendent aux arènes soient condamnés à des amendes et jeter en prison en cas de récidive. Ou encore cet extrait de texte qui émane d’écrits de la presse catalane de l’époque, je me déclare taurophobe , messieurs, je demande l’abolition et l’extermination de tous les espagnols qui portent une tresse… (la tresse désignée « la coleta », est le signe de reconnaissance des toreros).
L’on constate que rien n’a changé depuis un siècle dans les propos proférés à l’encontre des aficionados a los toros, notamment à la lecture du texte de présentation d’un livre anti-taurin publié en 2009, et dont l’auteur sur son propre site (1), nous livre des phrases comme Défenestrons le Sud de la mort et dézinguons la corrida ! Ouvrons le feu, vidons nos kalachnikovs, nos flingues planqués dans nos greniers sur la racaille confessée qui se rend aux arènes ! Un « écrivain » pour qui le sud, c’est notamment, Lance Armstrong accélérant dans la montée du Pla d’Adet. A chacun ses références après les soupçons à l'encontre de ce cycliste…
« Tauromachie et flamenco » est un ouvrage qui aborde une approche économique, politique et sociétale de la période espagnole qui s’étend de 1850 au début des années 1900. Même si l’on peut être tenté de ranger les anti-flamenquistes parmi les mouvements politiques qui se targuaient d’être progressistes, avec notamment les socialistes et les anarchistes démontrant sur ce sujet une attitude mensongère et ultra conservatrice animée par un véritable esprit de croisade, l’auteur montre que des personnalités conservatrices étaient aussi opposées au flamenco et aux corridas. Pour Sandra Alvarez, de ce travail résulte qu’il est plus compliqué de classer les anti-flamenquistes dans un camp idéologique bien précis, et qu’il s’agit plus d’un clivage de classe servant à critiquer le gouvernement en place quel qu’il soit.
Dans cet ouvrage très documenté, l’auteur nous livre une analyse passionnante sur non seulement les propos, mais aussi les comportements et les idéaux sous-jacents de l’anti-flamenquisme. Jamais accusatrice, soucieuse de donner une analyse distante de tout parti pris, l’auteur démontre que derrière le rejet des gouvernements au travers de la corrida et du flamenco, pointe aussi un anti-andalousisme primaire. L’hispanité est représentée aux yeux des autres pays, par la corrida et le flamenco, symboles de l’Andalousie. Ce qui fait bondir les espagnols des autres régions, et que l’on retrouve dans les pensées du philosophe natif du Pays Basque, Miguel de Unamuno.
Les anti-flamenquistes n’ont seulement pas réussi à faire abolir la corrida et interdire le flamenco comme ils en rêvaient, mais de surcroît, ils permirent de faire parler encore plus de ces deux arts au travers de multiples écrits. Partagée entre la volonté de modernisation et ses traditions, l’Espagne se déchirait sous l’influence d’intellectuels qui n’hésitaient pas à discourir avec un langage fanatisé.
Un livre passionnant qui ne laissera pas indifférent l’aficionado a los toros, lui permettant aussi de constater que les discours des adversaires de la corrida n’ont guère évolué depuis plus d’un un siècle.
Tauromachie et flamenco : polémiques et clichés (Espagne, fin XIXè – début XXè s.), de Sandra Alvarez, prologue de Serge Salaün. Editions L’Harmattan (2008), collection « Recherches et documents ». Prix 23 euros. ISBN : 978-2-296-04046-5
Pour les adversaires des corridas et du flamenco qu’étaient les anti-flamenquistes, les arènes et les cafés cantantes, furent des lieus considérés comme la mise en exergue du triptyque « alcool, rixe et barbarie ». Pour les abolitionnistes, le cante flamenco et de la tauromachie étaient les principales sources de tous les maux de l’Espagne de l’époque (fin de l’empire espagnol, problèmes sociaux) et notamment de la non modernisation de cette dernière, l’auteur met à jour tout l’esprit qui animait les anti-flamenquistes, leurs contradictions, leurs propos qui n’étaient pas tous des plus tolérants.
Tel Eugenio Noël, taurophobe notoire et adversaire du flamenco tout en étant admiratif des danses flamencas, et dont les aficionados peuvent se demander à la lecture de certains de ses écrits, si il n’aurait pas secrètement rêvé d’être torero. Mais aussi Miguel de Unamuno, que l’on admire pour son discours courageux et héroïque de Salamanca en 1936 devant le général Millan-Astray, et qui d’un autre côté, demandait à ce que les amateurs de corridas qui se rendent aux arènes soient condamnés à des amendes et jeter en prison en cas de récidive. Ou encore cet extrait de texte qui émane d’écrits de la presse catalane de l’époque, je me déclare taurophobe , messieurs, je demande l’abolition et l’extermination de tous les espagnols qui portent une tresse… (la tresse désignée « la coleta », est le signe de reconnaissance des toreros).
L’on constate que rien n’a changé depuis un siècle dans les propos proférés à l’encontre des aficionados a los toros, notamment à la lecture du texte de présentation d’un livre anti-taurin publié en 2009, et dont l’auteur sur son propre site (1), nous livre des phrases comme Défenestrons le Sud de la mort et dézinguons la corrida ! Ouvrons le feu, vidons nos kalachnikovs, nos flingues planqués dans nos greniers sur la racaille confessée qui se rend aux arènes ! Un « écrivain » pour qui le sud, c’est notamment, Lance Armstrong accélérant dans la montée du Pla d’Adet. A chacun ses références après les soupçons à l'encontre de ce cycliste…
« Tauromachie et flamenco » est un ouvrage qui aborde une approche économique, politique et sociétale de la période espagnole qui s’étend de 1850 au début des années 1900. Même si l’on peut être tenté de ranger les anti-flamenquistes parmi les mouvements politiques qui se targuaient d’être progressistes, avec notamment les socialistes et les anarchistes démontrant sur ce sujet une attitude mensongère et ultra conservatrice animée par un véritable esprit de croisade, l’auteur montre que des personnalités conservatrices étaient aussi opposées au flamenco et aux corridas. Pour Sandra Alvarez, de ce travail résulte qu’il est plus compliqué de classer les anti-flamenquistes dans un camp idéologique bien précis, et qu’il s’agit plus d’un clivage de classe servant à critiquer le gouvernement en place quel qu’il soit.
Dans cet ouvrage très documenté, l’auteur nous livre une analyse passionnante sur non seulement les propos, mais aussi les comportements et les idéaux sous-jacents de l’anti-flamenquisme. Jamais accusatrice, soucieuse de donner une analyse distante de tout parti pris, l’auteur démontre que derrière le rejet des gouvernements au travers de la corrida et du flamenco, pointe aussi un anti-andalousisme primaire. L’hispanité est représentée aux yeux des autres pays, par la corrida et le flamenco, symboles de l’Andalousie. Ce qui fait bondir les espagnols des autres régions, et que l’on retrouve dans les pensées du philosophe natif du Pays Basque, Miguel de Unamuno.
Les anti-flamenquistes n’ont seulement pas réussi à faire abolir la corrida et interdire le flamenco comme ils en rêvaient, mais de surcroît, ils permirent de faire parler encore plus de ces deux arts au travers de multiples écrits. Partagée entre la volonté de modernisation et ses traditions, l’Espagne se déchirait sous l’influence d’intellectuels qui n’hésitaient pas à discourir avec un langage fanatisé.
Un livre passionnant qui ne laissera pas indifférent l’aficionado a los toros, lui permettant aussi de constater que les discours des adversaires de la corrida n’ont guère évolué depuis plus d’un un siècle.
Tauromachie et flamenco : polémiques et clichés (Espagne, fin XIXè – début XXè s.), de Sandra Alvarez, prologue de Serge Salaün. Editions L’Harmattan (2008), collection « Recherches et documents ». Prix 23 euros. ISBN : 978-2-296-04046-5
(1) http://www.christianlaborde.com/
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