vendredi 24 avril 2009

Culte taurin et Dieu franc-maçon de l'Antiquité




Nombreux furent les cultes antiques, et tout aussi nombreux ceux qui célébraient le sacrifice d’animaux. Ceux qui nous intéressent plus particulièrement sur ces colonnes, sont ceux liés au sacrifice du taureau, et plus précisément ceux possédants un lien symbolique ou rituélique avec la tauromachie et les philosophies des sociétés initiatiques qui ont perduré jusqu’à nos jours.

Dans les sociétés initiatiques justement, l’on trouve souvent l’oralité comme moyen de transmission des secrets. Ces secrets qui ne le sont pas pour le simple plaisir de cacher quelque chose, mais le sont afin de ne pas divulguer au premier venu des savoirs qui risqueraient alors de perdre la profondeur de leurs sens. L’actualité nous le démontre tous les jours. Il est donné une information, et sans même prendre le temps d’en vérifier la véracité, voilà que tout un chacun s’en empare, lui donne une importance suivant sa propre sensibilité, et ainsi la transforme, la déforme, puis la retransmet suivant son idéologie sans tenir compte du contexte dans lequel cette information a été donnée. Ce comportement étant partie intégrante du génome humain, c’est donc tout naturellement que nos aïeux soucieux de garder la force originelle de quelques Savoirs, de la Connaissance, ont mis en place des codifications afin de transmettre leurs « secrets ».

Parmi les mythes fondateurs de la tauromachie, l’on trouve un certain nombre de cultes antiques, et dont un qui est connu du plus grand nombre d’aficionados. Celui de Mithra était dans la tradition du secret, réservé à des initiés, et considéré en tauromachie comme la source de l’art de Cuchares, intéressant en premier lieu l’aficionado a los toros attiré par les rites et les symboles.

Provenant semble-t-il d’Asie, mais arrivé en Europe via l’Iran actuel avec les pirates siliciens, le culte de Mithra s’est imposé comme culte à mystères, quelques 100 ans après le début de l’ère chrétienne. A la différence des cultes dont les animaux sont sacrifiés par l’homme, le taureau du mithriacisme est sacrifié par le démiurge. Animal symbolisant la nature dans tous ses aspects indomptables, le bovidé peut donc être seulement maîtrisée par un Dieu, lui-même pouvant aussi être interprété comme la métaphore d’Individus à la pensée élevée. Le culte de Mithra est donc célébré par des initiés.
Les membres de cette religion, se réunissaient dans des mithrea, édifices souterrains donnant des caves obscures, symbolisant ainsi la grotte dans laquelle Mithra a vu le corbeau envoyé par le Soleil et lui annonçant le sacrifice qu’il devait réaliser. Les initiés au mithriacisme passaient des ténèbres à la Lumière, tout comme le font symboliquement les membres de divers courants philosophiques. Ce sont ces révélations initiatiques qui ont valu au culte de Mithra, la qualification de « franc-maçonnerie de l’Antiquité »* qui lui fût attribuée par des historiens.

A observer l’iconographie de ce culte, puisqu’il n’existe par de livre sacré le concernant, l’on aperçoit notamment le chien, qui se trouve être aussi dans certains rites de perfectionnements de la franc-maçonnerie. Ne lit-on pas, entre autre, que Joaben aperçut le chien d’un inconnu qui se dirigeait vers la caverne en bord de mer, et ce chien n’est-il pas représenté au degré d’Elu ? Mais l’on peut aussi constater que les présences de la lampe, de la source et du chien, donnent le sens d’une construction mythique de ce mouvement philosophique. La source, que l’on retrouve car Mithra vit le jour auprès d’une source sacrée.
L’on perçoit aussi la Lune et le Soleil dans ce culte, symbolisés dans les arènes par les parties soleil et ombre du ruedo. Astres que l’on retrouve en position d’éclairage d’une loge de francs-maçons. Mais le plus flagrant dans cette représentation, est la présence de Cautès et de Cautopatès. Tous deux placés autour de Mithra, ils ne sont pas sans faire songer aux protagonistes qui entourent le président d’une loge de francs-maçons, à savoir l’orateur et le secrétaire. Placés sous le soleil et la lune, ces différents acteurs des rites mithriacistes et maçonniques, possèdent dans leurs fonctions des similitudes allégoriques.
Symbolisant le jour naissant, Cautès éclaire par sa torche levée, comme l’orateur d’une loge éclaire les travaux du groupe de par sa connaissance du règlement et des Constitutions. A l’opposée, Cautopatès tenant sa torche baissée, laisse entrevoir l’obscurité des ténèbres, comme le secrétaire d’une loge va noter les actes de la réunion et ainsi permettre aux différents moments importants de l’assemblée, de ne pas sombrer dans les ténèbres de la mémoire collective.
Non seulement Cautès et Cautopatès peuvent être symboliquement associés comme il vient de l’être fait, mais peuvent aussi l’être en tauromachie. Les assesseurs de la présidence d’une corrida, sont les garants, en théorie, d’un équilibre parfait lorsque est donnée la décision de l’attribution des trophées. Afin que le juste ressorte du jugement technique, il faut que les divers protagonistes soient capables de faire valoir des aspects positifs comme négatifs dans leurs jugements. La torche baissée et celle levée représentent le négatif et le positif, tout ce dont l’homme doit être à même de présenter lorsqu’il veut émettre un avis, une sentence.


Le culte de Mithra, acte symbolique fondateur de la tauromachie, offre divers degrés d’initiation, aux nombres de 7 exactement qui paraissent correspondre aux sept planètes de l’astronomie alors en vigueur à l’époque. D’après les spécialistes, la majorité des membres possédèrent jusqu’au 4ème degré, quelques uns arrivèrent aux degrés supérieurs. Il est intéressant de noter que la franc-maçonnerie est aussi composée de degrés initiaux (les 3 premiers qui sont apprenti, compagnon et maître), et se voit aussi développée des degrés dits « supérieurs » ou de « perfectionnements ». Ces derniers n’étant pas obligatoires dans le cheminement maçonnique, bon nombres de francs-maçons ne voulant pas y accéder, considérants que les principes même du mouvement sont dans les seuls trois premiers degrés.
De Mithra, la tauromachie n’a pas héritée de 7 degrés, mais de 4, qui sont les deux stades du novillero puis celui de matador de toros. Le 4ème degré de la Connaissance d’un matador, se positionne à l’issue de sa carrière dans les arènes. De par son parcours, il est le seul à pouvoir analyser au plus profond ses succès comme ses échecs, il porte un regard sur le monde taurin que seul un homme qui l’a entièrement parcouru peut s’en imprégner.

Mais aussi de Mithra, la tauromachie a hérité de l’aspect initiatique. Le matador ou bien l’aficionado, practico ou non, est toujours initié. Même si il découvre l’art taurin par lui-même, ce n’est que sous la protection et l’accompagnement d’un autre qu’il parviendra à accéder aux mystères taurins. Protection requise pour ne pas sombrer dans les méandres des marchands du temple tauromachique. Accompagnement, afin de mieux appréhender les différents degrés qui amènent au savoir taurin.

L’on peut encore retenir l’aspect rituélique du culte de Mithra. Tout d’abord l’on constate que les femmes en étaient exclues, comme elles l’ont trop longtemps été de quelques mouvements initiatiques et de la tauromachie. Par contre, Mithra comme la corrida, n’interdisent pas aux enfants d’accéder à leurs rites. Concernant la tauromachie, le fait de l’absence de rituels autour de la mort qu’a maintenant adopté notre société, l’acte taurin semble être le dernier rite encore en vigueur qui permette de confronter les enfants aux réalités de la vie, comme pouvait remplir ce rôle les veillées mortuaires d’alors.

Pour conclure, provisoirement, il semblerait d’après certaines sources que le mithriacisme n’est pas eu pour vocation de créer le monde car il lui était antérieur, mais que son objectif était de le conserver en répandant le sang du taureau, créateur de fertilité éternelle et de la force vitale. Les véritables mouvements initiatiques n’ont pas pour objectif de créer le monde, mais de le comprendre afin qu’il puisse y être proposé des améliorations. La tauromachie ne créée pas le monde non plus, elle en est le reflet, car en quelques minutes de combat entre l’homme et le taureau, se déroule sous nos yeux tout ce que représente la vie de la naissance à la mort, avec ses joies et ses peines.




* Revue « Allez Savoir », numéro 20 du mois de juin 2001, article « Sacrifié par Mithra, le dieu franc-maçon de l’Antiquité ».

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