La tauromachie dans la composition socioprofessionnelle des aficionados, est le reflet de la société. A observer nombre des acteurs du mundillo, qu’ils soient professionnels ou amateurs, l’on constate aussi que les origines sociétales sont diverses. Les toreros n’échappent pas à la règle, l’histoire nous permet même d’en rencontrer qui furent francs-maçons. De José Manzano Pelayo « El Nili » à Luis Mazzantini, figure aussi Bernardo Casielles Puerta, torero asturiano du XXème siècle.
Malgré la dictature de Primo de Rivera qui précéda celle de Franco, la franc-maçonnerie espagnole comptait dans ses rangs bon nombre de membres, dont le père et le frère du futur Caudillo. Les Asturias n’échappaient pas à la règle, et comme partout dans le pays, les membres des loges provenaient de divers horizons.
Bernardo Casielles Puerta, qui nous intéresse dans le présent article, était né à Gijón le 24 juin 1893 (25 juin 1895 d'après le Cossio). Sans aucuns antécédents taurins dans sa famille, il se fît remarquer la première fois dans le ruedo en 1912, en sautant en piste au 5ème taureau d’une corrida où « Manolete » et « Cocherito de Bilbao » toréaient. Plus tard, un dénommé Pepe Zarazúa lui donne l’opportunité de se produire en novillada non piquée, et il se présente à Madrid le 17 juin 1917 en compagnie de « Manolete II » et Zarco. En 1920, il revêt le traje de luce pour 25 novilladas avant de prendre l’alternative à Oviedo le 19 septembre de la même année. Doctorat taurin donné par « Saleri II » qui lui céda le toro « Marqués » de la ganaderia du Duc de Veragua. Le témoin de la cérémonie était Juan Luis de la Rosa. Il confirma l’alternative à Madrid le 26 septembre suivant, des mains de Diego Mazquiarán « Fortuna »devant des toros de Fernando Villalón.
Casielles Puerta toréa avec les meilleurs, comme Belmonte et Marcial Lalanda, et malgré des succès en Espagne et des contrats au Mexique, il arrêta sa carrière une première fois en 1924. Il reprendra l’épée quelques années plus tard, mais le succès de ses débuts ne fût pas au rendez-vous.
En France, nous retrouvons entre autre le maestro asturiano le 26 juin 1921, lors d’une corrida à Béziers où il affrontait des toros de la ganaderia de Alipio Pérez Tabernero, avec comme compagnons de cartel, « Lacalareno » et Isidoro Martin Flores. C’est ce jour-là que fût grièvement blessé à la poitrine Martin Flores, qui ne pût s’empêcher par la suite de se rendre au Vénézuéla. Sa blessure insuffisamment guérie s’aggrava, et il décéda le 6 décembre à Caracas.
Lorsque Bernardo Casielles Puerta fît le paseo dans le ruedo biterrois, il avait été initié en franc-maçonnerie quelques jours avant. C’est le 1er juin 1921 qu’il fût reçu « apprenti franc-maçon » dans la loge « Hispano-america » numéro 379 à l’Orient de Madrid. Loge qualifiée de prestigieuse d’après les spécialistes de la franc-maçonnerie ibérique, qui fût fondée en 1882, année où il est attesté de la présence de Luis Mazzantini dans une loge biterroise. Lors de son initiation, il était d’usage aux francs-maçons espagnols de prendre un nom symbolique, notre torero asturiano prit celui de « Amistad ».
Comme il était souvent le cas, et on le constate encore quelques fois de nos jours, l’accession de Casielles Puerta aux autres degrés initiatiques fût très rapide. Ceci n’est en aucune forme un gage de grande prédisposition intellectuelle, mais plutôt une forme de travail de l’ensemble de la loge qui confond vitesse et précipitation. Quoi qu’il en soit, le torero asturiano passa « compagnon franc-maçon » le 20 juillet 1922, et fût élevé au degré de « maître franc-maçon » le 16 juin 1923.
Les membres de sa loge étaient au nombre de 56, il y rencontra le compositeur Eduardó Martinez Torner qui fût initié dans la même loge l’année après Casielles Puerta, mais aussi Pedro Rico Lopez maire de Madrid. Le nom de Bernardo Casielles Puerta apparaît encore sur le tableau de loge entre 1926 et 1930, mais en 1931 il est mentionné au sein de la loge « Hispanoamerica n°2 », qui comptait 18 membres et était alors présidée par le socialiste Daniel Anguiano.
Quitte à déplaire aux contempteurs de la tauromachie, les toreros n’étaient pas tous attachés aux régimes dictatoriaux comme une certaine catégorie s’efforce de le faire croire. Pour preuve, Casielles Puerta assumait son engagement maçonnique malgré le contexte politique d’alors, ainsi que ses idéaux politiques. C’est pourquoi l’on retrouve son nom parmi la liste des militants historiques de la gauche républicaine espagnole, notamment dans le groupe « I.R. Gijón » de la province « Asturias ».
Le journaliste Jacques Durand rapporte dans un article, que notre matador asturiano était aussi membre de la « brigade des toreros », dont une grande partie des cadres étaient de hommes des arènes. Cette brigade mixte de l’armée républicaine, fût formée à Murcia en 1937 et combattit sur plusieurs fronts.
Blessé sur celui de Guadarrama, Bernardo Casielles Puerta obtint le grade de capitaine. Après la défaite des républicains, comme bon nombre de ses compatriotes, il s’exila, et pour lui il semblerait que ce fût à Caracas. En 1944 en Espagne, le « Tribunal de Represión de la Masoneria y el Comunismo » le condamne à 12 ans et 1 jour de prison.
Tout en s’adonnant aux activités d’homme d’affaire et industriel, ce torero asturiano s’occupa de l’exploitation agricole de son épouse mexicaine. Après avoir sollicité un droit au retour, le torero franc-maçon Bernardo Casielles Puerta meurt à Colmenar Viejo dans la province Madrid le 9 mai 1983, il est enterré à Oviedo.
Voir aussi :
http://asturmason.blogspot.com/2007/06/un-torero-mason-y-asturiano.html
Malgré la dictature de Primo de Rivera qui précéda celle de Franco, la franc-maçonnerie espagnole comptait dans ses rangs bon nombre de membres, dont le père et le frère du futur Caudillo. Les Asturias n’échappaient pas à la règle, et comme partout dans le pays, les membres des loges provenaient de divers horizons.
Bernardo Casielles Puerta, qui nous intéresse dans le présent article, était né à Gijón le 24 juin 1893 (25 juin 1895 d'après le Cossio). Sans aucuns antécédents taurins dans sa famille, il se fît remarquer la première fois dans le ruedo en 1912, en sautant en piste au 5ème taureau d’une corrida où « Manolete » et « Cocherito de Bilbao » toréaient. Plus tard, un dénommé Pepe Zarazúa lui donne l’opportunité de se produire en novillada non piquée, et il se présente à Madrid le 17 juin 1917 en compagnie de « Manolete II » et Zarco. En 1920, il revêt le traje de luce pour 25 novilladas avant de prendre l’alternative à Oviedo le 19 septembre de la même année. Doctorat taurin donné par « Saleri II » qui lui céda le toro « Marqués » de la ganaderia du Duc de Veragua. Le témoin de la cérémonie était Juan Luis de la Rosa. Il confirma l’alternative à Madrid le 26 septembre suivant, des mains de Diego Mazquiarán « Fortuna »devant des toros de Fernando Villalón.
Casielles Puerta toréa avec les meilleurs, comme Belmonte et Marcial Lalanda, et malgré des succès en Espagne et des contrats au Mexique, il arrêta sa carrière une première fois en 1924. Il reprendra l’épée quelques années plus tard, mais le succès de ses débuts ne fût pas au rendez-vous.
En France, nous retrouvons entre autre le maestro asturiano le 26 juin 1921, lors d’une corrida à Béziers où il affrontait des toros de la ganaderia de Alipio Pérez Tabernero, avec comme compagnons de cartel, « Lacalareno » et Isidoro Martin Flores. C’est ce jour-là que fût grièvement blessé à la poitrine Martin Flores, qui ne pût s’empêcher par la suite de se rendre au Vénézuéla. Sa blessure insuffisamment guérie s’aggrava, et il décéda le 6 décembre à Caracas.
Lorsque Bernardo Casielles Puerta fît le paseo dans le ruedo biterrois, il avait été initié en franc-maçonnerie quelques jours avant. C’est le 1er juin 1921 qu’il fût reçu « apprenti franc-maçon » dans la loge « Hispano-america » numéro 379 à l’Orient de Madrid. Loge qualifiée de prestigieuse d’après les spécialistes de la franc-maçonnerie ibérique, qui fût fondée en 1882, année où il est attesté de la présence de Luis Mazzantini dans une loge biterroise. Lors de son initiation, il était d’usage aux francs-maçons espagnols de prendre un nom symbolique, notre torero asturiano prit celui de « Amistad ».
Comme il était souvent le cas, et on le constate encore quelques fois de nos jours, l’accession de Casielles Puerta aux autres degrés initiatiques fût très rapide. Ceci n’est en aucune forme un gage de grande prédisposition intellectuelle, mais plutôt une forme de travail de l’ensemble de la loge qui confond vitesse et précipitation. Quoi qu’il en soit, le torero asturiano passa « compagnon franc-maçon » le 20 juillet 1922, et fût élevé au degré de « maître franc-maçon » le 16 juin 1923.
Les membres de sa loge étaient au nombre de 56, il y rencontra le compositeur Eduardó Martinez Torner qui fût initié dans la même loge l’année après Casielles Puerta, mais aussi Pedro Rico Lopez maire de Madrid. Le nom de Bernardo Casielles Puerta apparaît encore sur le tableau de loge entre 1926 et 1930, mais en 1931 il est mentionné au sein de la loge « Hispanoamerica n°2 », qui comptait 18 membres et était alors présidée par le socialiste Daniel Anguiano.
Quitte à déplaire aux contempteurs de la tauromachie, les toreros n’étaient pas tous attachés aux régimes dictatoriaux comme une certaine catégorie s’efforce de le faire croire. Pour preuve, Casielles Puerta assumait son engagement maçonnique malgré le contexte politique d’alors, ainsi que ses idéaux politiques. C’est pourquoi l’on retrouve son nom parmi la liste des militants historiques de la gauche républicaine espagnole, notamment dans le groupe « I.R. Gijón » de la province « Asturias ».
Le journaliste Jacques Durand rapporte dans un article, que notre matador asturiano était aussi membre de la « brigade des toreros », dont une grande partie des cadres étaient de hommes des arènes. Cette brigade mixte de l’armée républicaine, fût formée à Murcia en 1937 et combattit sur plusieurs fronts.
Blessé sur celui de Guadarrama, Bernardo Casielles Puerta obtint le grade de capitaine. Après la défaite des républicains, comme bon nombre de ses compatriotes, il s’exila, et pour lui il semblerait que ce fût à Caracas. En 1944 en Espagne, le « Tribunal de Represión de la Masoneria y el Comunismo » le condamne à 12 ans et 1 jour de prison.
Tout en s’adonnant aux activités d’homme d’affaire et industriel, ce torero asturiano s’occupa de l’exploitation agricole de son épouse mexicaine. Après avoir sollicité un droit au retour, le torero franc-maçon Bernardo Casielles Puerta meurt à Colmenar Viejo dans la province Madrid le 9 mai 1983, il est enterré à Oviedo.
Voir aussi :
http://asturmason.blogspot.com/2007/06/un-torero-mason-y-asturiano.html
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